« PRÉSENCE » de Nicole WENDEL

Le dessin est
souvent et à tort
communément
considéré comme
une esquisse, un
passage vers
quelque chose de
plus abouti. En fait, c’est tout le contraire ! Il est l’expression la
plus claire du savoir faire et du langage de l’auteur, la
transcription sensible du regard que l’artiste porte sur le monde
qui l’entoure. Une trace sans fard déposée sur une surface, une
marque sans détour qui montre, qui dit, qui pose, qui représente,
qui donne à voir et qui exprime l’intimité de l’artiste, bien plus
qu’une peinture, toujours plus réfléchie et moins immédiate.

Brouiller les traces

L’œuvre de Nicole Wendel change cet état de fait. Si en première
approche, son travail commence avec le dessin, la trace et le trait,
il s’agit d’une phase de construction un peu froide que l’artiste
s’applique ensuite à déstructurer pour brouiller les pistes. Une
seconde approche très sensitive semble suggérer au spectateur
de la performance, que l’œuvre n’est qu’un passage soumis à un
processus de modification visuelle. Le corps, les mains, la
gestuelle de l’artiste deviennent alors les outils qui troublent,
perturbent et floutent ce qui était. Chorégraphie improbable
nous emmenant vers un ailleurs, vers quelque chose de différent.

Des traces de présences

Les univers de Nicole Wendel dépeignent des passages. En dépit
de leur symbolique évidente et de la diversité des supports
utilisés par l’artiste, ils sont universels et intemporels. Le corps, le
geste et donc la chorégraphie, sont au centre de ses travaux et
constituent une force dont émanent les formes et les traces les
plus variées. Ce concept de traces en devenir, de passage d’un
état à un autre est prédominant, et ce, quel que soit la technique
adoptée. On le retrouve aussi bien avec ses dessins qu’avec
l’usage récurrent qu’elle fait de tissus transparents dans lesquels,
les corps eux-mêmes deviennent traces.

L’exposition « Présence » de Nicole Wendel sera l’occasion rare
pour l’Espace d’Art Contemporain André Malraux de proposer
une performance de l’artiste le soir du vernissage vendredi 27
Janvier 2017 à partir de 18h.

Jean-Pierre Parlange

ESPACE D’ART CONTEMPORAIN ANDRÉ MALRAUX
Nicole WENDEL « Présence »
du 28 janvier au 19 mars 2017
4 Rue Rapp
68000 COLMAR

03 89 24 28 73
Entrée libre du mardi au dimanche de 14h à 18h,
excepté le jeudi de 12h à 17h.

Mad in Finland

Présentée par Le Maillon et Les Migrateurs  c’est une sacrée bande de filles qui nous fait découvrir la Finlande avec un coup d’oeil appuyé et décalé  sur le folklore de leur pays en s’appuyant sur de belles performances circassiennes.

Le premier clin d’oeil se déroule à l’extérieur, comme une confrontation avec la réalité lointaine de ce pays et consiste à nous faire écouter le discours de bienvenue tenue par trois comédiennes juchées sur une maisonnette  indiquant qu’il s’agit d’un sauna, on sait quelle importance a ce genre de lieu dans la vie des Finlandais.

Après ce petit quart d’heure d’ambiance nordique parfaitement adapté au temps hivernal qui règne justement à Strasbourg en ce mois de décembre nous sommes invités à pénétrer et à nous installer

au chaud dans la salle du spectacle envahie par un public nombreux et très vite conquis par les premiers numéros. Reconnaissons que là encore La Finlande se dévoile à travers les regroupements des protagonistes autour d’un « feu » pendant qu’elles entonnent a capella les chants  de leur pays. Nous levons bien vite les yeux  sur un magnifique numéro de trapèze volant admirant la puissance et la légèreté de la jeune femme qui exécute à la perfection des figures pleines de grâce et de précision.

Et pourquoi pas un numéro de clowns? Il s’effectuera sur un registre original bien que le thème en reste classique. Ne s’agit-il pas en effet d’un personnage manifestement porté sur l’alcool qui manifeste le plaisir de boire à la bouteille jusqu’à en perdre l’équilibre, c’est drôle mais attendu, ce qui l’est moins c’est qu’une partenaire  surgit et que toutes deux vont entamer un duo surprenant. Tandis que l’une divague de plus en plus éméchée, l’autre entame avec une détermination sans faille son entraînement de sportive, multiplie les assouplissements, les respirations contrôlées jusqu’au moment où découvrant  cette personne en état d’ébriété avancée elle l’installe gentiment sous la chaise pour qu’elle dorme et la laisse en toute tranquillité effectuer  son numéro de jonglage où elle fait montre d’une belle dextérité puisque  à demi couchée sur la chaise elle envoie et réceptionne les grosses balles blanches qu’elle a tirées de son sac à dos.

Les numéros s’enchaînent avec toujours autant  d’énergie et d’humour nous offrant la beauté fulgurante de celui-ci au tissu, d’une infinie grâce et poésie, comme le sera plus tard celui où l’on verra évoluer la fildeferriste pendant que sous elle, sur le plateau ses compagnes entament une danse de salon avec des partenaires recrutés dans l’assistance!

Les sept circassiennes sont aussi des musiciennes qui n’hésitent pas à se mettre à l’orchestre et à nous proposer des rythmes bien soutenus.

Leur imagination débordante les ont conduites à inventer des numéros très amusants, toujours dans l’esprit finlandais, comme ce jeu de palais avec des téléphones portables dont la durée de vie semble plus que compromise! Sans oublier cette traversée du plateau où elles sont toutes réunies sur une longue paire de skis! Enfin, pour sacrifier une dernière fois au folklore qui justifie le titre de leur spectacle « Mad in Finland », elles se transforment en fendeuses de bûches, admirables de dextérité et d’ énergie.

Un spectacle chaleureux, réjouissant et talentueux, un vrai voyage au pays des rennes!

Marie-Françoise Grislin