Nouvelles lumières, nouvelles étoiles

Comme ses
précédentes, la
nouvelle saison de la
Philharmonie du
Luxembourg brillera
de mille feux

Le ciel est là dans son écrin architectural grandiose. Ne manque plus
que les lumières et les étoiles pour le faire briller. Et ces dernières
seront, une fois de plus, légion. Des artistes de légende, des
orchestres incroyables, des rencontres musicales stupéfiantes
viendront émailler la nouvelle saison de la Philharmonie du
Luxembourg.

Il faut bien un commencement et c’est un prodige du violon, peut-
être le plus grand, Leonidas Kavakos, qui ouvrira cette saison en
compagnie de l’Orchestre Philharmonique du Luxembourg dirigé
par son très respecté chef, Gustavo Gimeno. Il a choisi Stravinsky
quand d’autres violonistes opteront pour Mozart (Anne-Sophie
Mutter), Chostakovitch (Maxim Vengerov), Beethoven (Vilde Frang
et Isabelle Faust) ou Bartók (Lisa Batiashvili). Sol Gabetta, Gauthier
Capuçon et Jean-Guihen Queyras accompagneront au violoncelle
ces cordes enflammées. Du côté des claviers, Yuja Wang, artiste en
résidence de cette saison, Yefim Bronfman, Lang Lang, Murray
Perahia, Daniil Trifonov, Sir Andras Schiff, Hélène Grimaud, Grigori
Sokolov, Pierre-Laurent Aimard viendront faire résonner les accords
d’une sonate n°8 de Prokofiev en ressuscitant l’ombre du grand
Gilels, les impromptus de Schubert, les structures de Boulez ou
quelques concertos de Beethoven. Comme chaque année, des
instruments et instrumentistes moins connus seront à découvrir tels
l’organiste Iveta Apkalna ou le percussionniste Wieland Wetzel qui
nous fera apprécier le concerto pour timbales de William Kraft.

Les grandes voix de notre temps ne seront évidemment pas oubliées
et Joyce Di Donato, Cecilia Bartoli, Magdalena Kozena, Anja
Harteros, Miah Persson très attendue dans la quatrième de Mahler,
Thomas Quasthoff ou la soprano Kristine Opolais qu’il faudra
absolument découvrir dans un répertoire russe tout comme la basse
Petr Migunov dans la terrifiante treizième symphonie de
Chostakovitch seront au rendez-vous.

Pour accompagner tout ce beau monde, il faudra quelques
phalanges venues de Vienne, d’Amsterdam, de Londres, de Berlin ou
de Rome avec à leur têtes de brillants chefs. Les sages (Blomstedt,
Chailly, Ashkenazy, Haitink, Rattle, Jansons ou Temirkanov)
côtoieront leurs disciples (Dudamel, Nelsons, Grazinyte-Tyla ou
Petrenko) pour nous délivrer des interprétations qui resteront à n’en
point douter dans toutes les mémoires. Et les Requiem de Mozart et
de Verdi avec Gardiner et Herreweghe prendront alors des airs de
triomphe ! Au milieu de cette joyeuse bataille, l’OPL et son chef
Gustavo Gimeno continuera, saison après saison, concert après
concert, tournée après tournée, de tracer cette route qui
l’emmènera à n’en point douter, d’ici quelques années, vers les
sommets musicaux européens.

Sortir des sentiers battus, telle est toujours la volonté affichée de la
Philharmonie. Et cette année, nos guides s’appelleront Brad
Mehldau, autre artiste en résidence, ou Gregory Porter qui
transformera la Philharmonie en club de jazz tandis qu’Anouar
Brahem, Rokia Traoré et Angélique Kidjo viendront instiller un peu
d’Orient et d’Afrique dans ces murs. Au final, qu’elles soient
mélancoliques ou étincelantes, noires ou dorées, toutes ces étoiles
resteront dans nos yeux et surtout dans nos oreilles.

Par Laurent Pfaadt

Retrouver toute la programmation 2018-2019 de la Philharmonie du
Luxembourg sur : 
https://www.philharmonie.lu/fr/

Interview Vanessa Benelli Mosell

« KarlHeinz
Stockhausen
fut l’une
des principales
influences des groupes
pop rock
expérimentaux »

Riche en
commémorations,
2018 célèbre également le 90
e anniversaire de la naissance de
KarlHeinz Stockhausen, l’un des compositeurs majeurs du 20
e
siècle. Rencontre avec l’une de ses dernières élèves, la pianiste
italienne Vanessa Benelli Mosell.

Comment qualifieriez-vous la musique de KarlHeinz
Stockhausen en particulier son œuvre pour piano ?

Elle a constamment évolué. Mais l’une des particularités de la
production stockhausenienne est la recherche sonore, un domaine
dans lequel le compositeur a investi beaucoup de temps et d’énergie
durant toute sa vie. Ses recherches sur l’expérimentation
électronique musicale l’ont conduit à être l’un de pionniers de la
musique électroacoustique puis de la spatialisation sonore. Cette
tridimensionnalité ou pluridimensionalité du son est extrêmement
présente dans ses premières œuvres pour piano.

L’autre principale caractéristique de son œuvre réside dans sa
méthode d’écriture issue du sérialisme et du ponctualisme
webernien qu’il étend aux groupes de notes, de rythmes, de mesures
et de morceaux. Le sérialisme est à la base de la construction
structurelle de ses premières œuvres.

Vous avez été l’un de ses derniers disciples. Quel genre de
professeur était-il ? 

Il était un professeur charismatique, exigeant voire intransigeant. Il
m’incitait à donner le meilleur de moi-même et m’a transmis sa
passion pour les détails et l’exploration de l’inconnu. Evidemment, il
était aussi très sensible et il adorait parler italien avec moi, une
langue qu’il maîtrisait parfaitement, pour me mettre à l’aise,
j’imagine.

Avec le développement des nouvelles technologies, pensez-vous
que Stockhausen a ouvert la voie avec d’autres compositeurs à une
démocratisation de la musique classique mais également de la
musique tout court ?

C’est certain. Avec ses recherches sur l’expérimentation
électronique, il participa activement à l’évolution de la musique rock
des années 60 qu’il influença énormément. Même avant avec des
morceaux d’électronique analogique sur bandes magnétiques
coupées à la main et plus tard avec l’utilisation du synthétiseur, il fut
l’une des principales influences des groupes pop rock
expérimentaux. Les Beatles lui rendirent d’ailleurs hommage en
mettant sa photo sur la couverture de leur album “Sgt Pepper’s
Lonely Hearts Club Band”. Dans le monde classique, il a bien
évidemment ouvert la voie, entre autres, à l’électronique digitale,
inconnue encore à son époque.

La musique contemporaine étant souvent difficile à
appréhender, quel héritage laissera selon vous Stockhausen dans
l’histoire de la musique ?

Pour moi Stockhausen est déjà un grand compositeur de musique
classique. Cependant, tout dépendra des musiciens qui peuvent
changer, d’une manière ou d’une autre, l’héritage de l’histoire de la
musique.

Par Laurent Pfaadt

A écouter de Vanessa Benelli Mosell : Claude Debussy Préludes, livre 1 Suite bergamasque, Decca, 2018
R(Evolution), Decca, 2015

Défilé de morts

Puissant et profond, le
nouveau roman d’Ingrid
Thobois est l’une des belles
surprises de cette rentrée
littéraire.

Le livre refermé, la tentation
est grande de voir à quoi
ressemblait Inela Nogic, cette
jeune fille qui durant le siège
de Sarajevo gagna le concours
de beauté de la ville, offrant
ainsi au monde entier un acte
incroyable de résistance et au
groupe U2 l’un de ses plus célèbres titres.

Si le nouveau roman d’Ingrid Thobois porte le titre éponyme de la
célèbre chanson, elle n’en est qu’un prétexte. Bien entendu, on y
croise Inela confectionnant sa robe, se peroxydant les cheveux ou
discutant avec sa mère Vesna et son frère Zladko. Mais l’important
est ailleurs, à Rouen plus précisément. Car c’est bien de cette ville
française, qui n’a de prime abord aucun lien avec la cité martyre
serbe, qu’il est question dans le livre et de cet appartement où sont
enfermés les spectres de Joaquim, photographe de guerre qui a vécu
la préparation du concours à Sarajevo, dans l’intimité de la famille
Nogic.

Joaquim est entré dans cette Bosnie en guerre presque par hasard.
Mais surtout, à travers son récit très bien construit par l’auteur, il n’a
eu de cesse de croiser ces fantômes qui peuplent son existence : sa
sœur suicidée, sa mère devenue très vite l’ombre d’elle-même, son
père absent, cet enfant qui n’est pas né et Ludmila, cette professeure
bosniaque exilée qui se dérobe. Car l’ancien appartement de ses
parents à Rouen est devenu ce cimetière où règnent les spectres de
Joaquim.

Grâce à un récit fluide, Ingrid Thobois parvient admirablement à
montrer la quête impossible d’un enfant à la recherche de ses
parents devenu un homme à la recherche de son histoire et de
l’Histoire avec un grand H. Joaquim fixe sur la pellicule cette vie qu’il
essaie vainement de construire. Entre les affres de la guerre, de
Sniper Alley et ceux bien plus terrifiants des souvenirs familiaux et
des tabous, l’auteur décrit à merveille les ressorts et les psychoses
qui sous-tendent chaque être humain, ainsi que cette subtile
maîtrise des sentiments et de l’image que l’on souhaite donner de
soi. La routine, morbide à Rouen, devient exceptionnelle à Sarajevo.
« Mais en vérité, c’est que le temps passe sur tout, y compris sur les
tragédies »
écrit-elle. C’est à la fois terrifiant et terriblement
encourageant.

Par Laurent Pfaadt

Ingrid Thobois, Miss Sarajevo,
Buchet/Chastel, 2018

15. Staufener Stadtgeschichten

Ritter, Trommler und Gaukler

Von Anja Frisch

Hunderte Mitwirkende inszenieren beim großen
Freilicht-Festival zw
ölf Jahrhunderte Staufener
Geschichte.

Ganz Staufen wird zur Bühne, wenn mehr als 800
Einwohnerinnen und Einwohner zusammen mit G
ästen
aus Nachbarorten und Musikern aus ganz
Deutschland auf den Pl
ätzen und Straßen Szenen
aus der Geschichte ihrer Stadt darstellen. Die
historische Altstadt unterhalb der
eindrucksvollen Burgruine verwandelt sich in eine
Art begehbares Geschichtsbuch, das eine Zeitreise
durch die Jahrhunderte erm
öglicht. Vom 21. bis
23. September zeigen die Akteure Bilder, Szenen
und St
ücke aus der facettenreichen Geschichte der
Stadt, die als Ansiedlung urkundlich erstmals 770
erw
ähnt wurde. Tänzer und Tavernengesang begegnen
dem Besucher ebenso wie mittelalterlich gewandete
M
ägde und Gaukler, historische Händler und
Handwerker sowie badische Revolution
äre. Auf
einem
Bauernhof mitten im Städtchen neben der
Kirche tummeln sich G
änse, Schafe, Esel, Ziegen,
Schweine und H
ühner; Bauern und Bäuerinnen
pressen Apfelsaft, spinnen Wolle, binden Besen
und ziehen Kerzen.

Bis ins 20. Jahrhundert hinein führt der
Spaziergang durch die Historie, zum Beispiel
stellen mehr als einhundert Kinder und
Jugendliche Geschichten
über den Bergbau, die
Fl
ößerei und die wilden 1968er Jahre dar. In
Szene gesetzt und unterst
ützt werden die Amateure
durch moderne Ton- und Lichttechnik und
ausgebildete Maskenbildnerinnen. Entstanden 2003
zun
ächst als Herbstveranstaltung des örtlichen
Gewerbevereins, wird die beliebte Veranstaltung
seit 2008 federf
ührend vom Förderverein für
au
ßergewöhnliche und unterhaltende Staufener
Theaterkultur (FAUST) gemeinsam mit Gewerbeverein
und Stadt organisiert. Sie beginnt
am Freitag,
21.September, 18 Uhr, mit dem Aufmarsch der
Stadtwache und dem Programm
Menschen und Musik
aus 1248 Jahren
, ab Samstag, 13 Uhr, treten die
Akteure in ihren historischen Kost
ümen zwei Tage
lang in Aktion, und am Samstag Abend um 18.30 Uhr
beginnt ein
mittelalterlicher Wettstreit der
Barden und Spielleyt um das goldene Huhn
, bevor
um 20:30 Uhr ein Zug im Fackelschein stattfindet
und um 21.30 Uhr ein Konzert der Spielleute
Die
Streuner
beginnt. Kindern bietet das Festival
ein Ritterturnier, ein Märchenzelt und ein großes
Gauklerzelt. Gezeigt werden zudem Theaterst
ücke
über Doktor Faustens Tod, über Albert Hugard
sowie zum Staufener Spital.

Zeitreise Stadtgeschichten Staufen 21. bis 23. September, Information unter www.stadtgeschichten-staufen.de