La traversée des signes

CHEN Limin
Branche de cerisier, 2013
Peinture à tempera

Du 7 novembre jusqu’au 1er
décembre 2018, la galerie
associative Art’Course et
l’Institut Confucius d’Alsace
présentent « Confluence »,
une exposition collective de
peinture et de calligraphie
chinoise rapprochant l’Orient
de l’Occident dans une
dimension renouvelée du
présent, bien au-delà de
l’actuel, des modes et des
cultures. 

En donnant au trait sa plénitude de sens, la peinture chinoise,
qu’elle soit ancienne ou moderne, propose une représentation du
monde dans son infini et son universalité, ainsi que le rappelait
l’exposition présentée à la galerie Art’Course autour des œuvres de
l’artiste-peintre Chen Limin, professeure à l’Institut Confucius
d’Alsace, et des travaux de ses élèves.

Comment mettre dans un simple trait l’esprit du vent, comment
saisir l’oscillation de la joie dans le mouvement suspendu d’une
branche ou l’élan vital à l’œuvre dans l’univers par le frémissement
rendu sensible d’un pétale de fleur ?

C’est l’exercice auquel convie Chen Limin,née à GuangZhou
(Chine), tant dans son aquarelle sur papier Herbes et coquelicots que
dans sa peinture a tempera Branche de cerisier au plus près de
l’esprit de son sujet – et dans sa pédagogie C’est cela même qu’elle
transfuse, par la maîtrise de la verticalité du pinceau, à ses élèves
qui trouvent leur langage par ce jeu subtil de cultures croisées qui aiguise la perception du réel – et c’est ainsi que jaillit l’étincelle :
« Pour pouvoir bien tenir le pinceau, il faut y entraîner ses muscles
jusqu’à ce qu’ils enregistrent le mouvement, savoir prendre le temps de
saisir ce mouvement dans la maîtrise du détail et utiliser toute la force
du corps à cet effet.
 »

Si en Orient l’on découvre le centre de toute chose et de soi-même
dans le vide parfait et le non-être, l’exposition « Confluence » jette
des passerelles tressées de sens avec l’Occident. Ainsi, après avoir
vu l’artiste Kaixuan Feng « peindre avec ses cheveux », Marie Hein a
emprunté cette passerelle pour réaliser à son tour cet équilibre
subtil, selon une peinture de la dynastie Song, entre l’encre de
Chine, l’eau, le grain du papier chinois et la pression du pinceau
dans son Ode à l’orchidée : «  Grâce à mon fils, élève en langue chinoise,
j’ai découvert l’Institut Confucius et l’univers de la culture chinoise.
Depuis,  cette initiation à diverses techniques de peinture chinoise
permet d’éveiller  ma sensibilité en laissant s’exprimer le corps et l’esprit.
Cette discipline tellement enrichissante, tant par les rencontres que par
la pratique,  est une incitation à la méditation et d’une certaine manière
à la relaxation.
 »

Comme partie sur les traces de Fabienne Verdier en quête de
l’infini au bout du pinceau, Vivianne Pierru, tombée amoureuse de
l’art chinois après trois voyages, est l’une des toutes premières
élèves de l’Institut Confucius. Elle s’inspire d’une peinture de la
dynastie Song pour composer Poésie où elle imagine des lettrés
installés au bord de l’eau et s’adonnant au jaillissement du verbe.
L’épitaphe du poète Keats proclamait : « Ici repose quelqu’un dont le
nom fut écrit sur l’onde 
». Nul créateur ne l’ignore : ce qui a été écrit
sur l’onde est ineffaçable – comme le trait habité par le sens
indicible…

Implanté depuis 2007 à Strasbourg, l’Institut Confucius est un
établissement culturel public à but non lucratif qui dispense des
cours de chinois, contribue à la diffusion de la culture chinoise,
forme des professeurs à l’enseignement du chinois et leur fournit
des ressources pédagogiques, développe la recherche sur la Chine
contemporaine, soutient les activités d’enseignement locales et
délivre les diplômes de langue HSK (pinyin : Hanyu Shuiping
Kaoshi).

La galerie Art’Course, créée en 2012, installée dans le quartier gare
et gérée par l’association du Corbeau, est un lieu d’échange, de
promotion et de diffusion des arts plastiques à Strasbourg.
Présidée par la sculptrice Myrtille Béal (Prix des Arts de l’Académie
rhénane en 2012 pour l’ensemble de son œuvre), elle accueille dans
ses deux salles, sur une superficie de 110 m2, un Marché de Noël
des créateurs du 5 décembre 2018 au 5 janvier 2019. Une autre
musique pour faire danser la vie avec les flocons légers au point
d’orgue festif du solstice d’hiver rendant le monde à la part
d’enfance de chaque sept milliardième d’humanité.

Par Michel Loetscher

Galerie Art’Course
49a rue de la Course
67000 Strasbourg

www.galerieartcourse.com