Beethoven par lui-même

En cette année quelque peu
perturbée du 250e anniversaire de
la naissance de Beethoven, ce livre
est le guide indispensable à tous ceux qui s’intéressent au génial
créateur de la cinquième symphonie.
Grâce au travail de bénédictin de
Nathalie Krafft, ancienne rédactrice
en chef du Monde de la musique,
cette compilation des pensées de
Beethoven puisées dans sa
correspondance (près de 2200
lettres), ses cahiers de conversation
ainsi que ses carnets intimes,
permet de mieux cerner celui qui, les siècles passant, est devenu plus
un mythe qu’un musicien.

La biographie que dessine Nathalie Krafft est celle d’un homme
paradoxal où la fulgurance artistique côtoie l’ennui le plus abyssal et
où l’idéal chevillé au corps rivalise avec une mesquinerie
surprenante. En lisant les mots de Beethoven, on voit ainsi se
dessiner une sorte de trublion ressemblant à l’Amadeus de Milos
Forman, entre démiurge ne craignant rien ni personne (« Ne jamais
renier la vérité fût-ce devant un trône »
) et adolescent attardé. A
d’autres moments, l’homme semble devenir un personnage tout
droit sorti d’un poème de Goethe, vacillant devant cet amour qu’il
n’arriva jamais à dompter et qui l’utilisa pour composer quelques-
uns des chefs d’œuvre du génie comme la sonate au clair de lune ou
la lettre à Elise.

Finalement, en refermant l’ouvrage, le lecteur comprend que
Beethoven a d’abord été un homme, avec ses contradictions, ses
nombreux défauts et ses qualités tout aussi nombreuses. « Il est tout
à la fois, il est chacun de nous, il est un homme, fait de tous les hommes »

écrit Nathalie Krafft. Mais à la différence de tous les hommes, ses
qualités ont non seulement surpassé ses défauts mais elles ont
inspiré les autres. Et la frontière séparant l’homme du génie a alors
été franchie.

Par Laurent Pfaadt

Beethoven par lui-même,
Chez Buchet-Chastel, 176 p