#Lecturesconfinement : Les nourritures terrestres d’André Gide par Lise de la Salle

Ce livre me touche particulièrement car, à mon sens,  il représente
une ode à la vie et au vivant. Gide nous entraîne dans un voyage
initiatique, où la quête du désir et l’éveil des sens sont les principaux
thèmes. Un roman qui poursuit la liberté et cherche à s’affranchir du
moralisme et du conformiste de l’époque.
Lise de la Salle est pianiste, se produisant sur les plus grandes scènes du monde. Dernier enregistrement : Bach Unilimited (Naïve)
Les nourritures terrestres d’André Gide (Folio)
par Lise de la Salle

#Lecturesconfinement : Les deux mages de Venise de Philippe André par Jean-Pierre Luminet

Courant 1882, Richard Wagner
s’installe avec sa femme Cosima dans
un Palais de Venise. Quelques mois
plus tard, le père de Cosima, Franz
Liszt, rejoint le couple.
 Philippe
André, psychanalyste et musicien,
imagine de manière extrêmement
originale les derniers jours qu’ont
partagé, au crépuscule de leurs vies et
dans cette cité fantomatique, ces deux
dieux de la musique nouvelle. Style
flamboyant, constantes références
littéraires et musicales, festin de mots,
incessantes trouvailles littéraires. Qui a dit que le roman français se
mourait, ou bien s’étiolait dans la disparition du style ? Un très grand
livre, à lire absolument pour tous les passionnés de musique, d’art et de
culture.

Jean-Pierre Luminet est astrophysicien et écrivain, auteur d’une trentaine
de livres comprenant romans, essais et poésie. Son dernier ouvrage,
L’écume de l’espace-temps, est paru en octobre 2020 (Odile Jacob). 

Les deux mages de Venise de Philippe André (Le Passeur Editeur)
par Jean-Pierre Luminet

#Lecturesconfinement : 7 femmes de Lydie Salvayre par Anne Pauly

 

En ces temps de morosité, j’ai replongé avec un plaisir infini dans le
« 7 Femmes » de Lydie Salvayre. Elle y évoque le destin de sept
« allumées », sept écrivaines (Emily Bronte, Djuna Barnes, Sylvia
Plath, Colette, Marina Tsvetaeva, Virginia Woolf et Ingeborg
Bachmann) pour qui l’écriture était l’existence même et qui, malgré
l’adversité, ont écouté la petit voix qui leur disait de ne pas renoncer.
Sept portraits délicieux, comme sept exercices d’admiration,
délivrés par la plume vive et drôle de Lydie Salvayre. Quelle
jouissance !
Anne Pauly est écrivaine. Son premier roman, Avant que j’oublie
(Verdier) a obtenu, en 2020, le Prix du livre Inter.


7 femmes de Lydie Salvayre (Perrin)
par Anne Pauly

#Lecturesconfinement : L’année 2020 Etat d’urgence de Plantu par Alberto Toscano

Un livre assez particulier est
entré dans ma bibliothèque en
ce mois de novembre 2020. J’ai
employé relativement peu de
temps pour le parcourir avec
attention, de la première à la
dernière page, mais ensuite je
suis revenu au début en
réfléchissant, avec encore plus
d’attention, sur une énormité de
souvenirs. C’est ainsi que ce
livre très particulier n’arrête pas
de m’accompagner durant cette
fin d’année encore plus
particulière. Il s’agit de la dernière œuvre de Jean Plantu, publiée
par les éditions Calmann Lévy sous le titre « Etat d’urgence ». Nous
avons tous l’habitude de regarder les dessins de Plantu, à la Une du
Monde, comme s’il s’agissait – et en effet il s’agit – d’éditoriaux en
pleine règle. Le défi habituel de ce grand journaliste et artiste est
celui de peindre chaque jour la réalité en utilisant l’encre de l’ironie.
J’ai sous mes yeux, en écrivant ces lignes, à la fois le livre « L’année de
Plantu 2020 – Etat d’urgence » et le quotidien Le Monde du 24
novembre. On y voit le dessin de Plantu : un homme plongé dans
son fauteuil et dans son petit univers à base d’ennui et de télé, avec
derrière lui un calendrier 2020 et les mots « Tous les jours, c’est
dimanche ». Plein de dimanches sans l’envie ni la possibilité de faire
la fête. Evidemment ce dessin ne fait pas partie du livre mais les autres ne sont pas moins significatifs. Ils sont le fruit de ce cocktail
d’humour, d’art et d’intelligence qui est à la base de la popularité de
Plantu.

En parcourant à nouveau les pages de ce livre, j’ai donc vécu encore
une fois les jours de cette année dramatique qu’on est en train de
quitter. La lecture du livre a été pour moi émouvante et parfois dure,
comme la réalité que nous sommes en train de vivre. Dans ce livre,
Plantu nous propose une relecture, en version Covid, de l’un de ses
plus célèbres desseins. Il est dominé par la phrase de Sénèque :

« Vivre, ce n’est pas attendre que l’orage passe. Vivre, c’est apprendre à danser sous la pluie ». On voit donc danser sous l’orage
(avec un parapluie en forme de « masque chirurgical ») une
Marianne, une infirmière, un citoyen lambda, un médecin et
naturellement la petite souris, symbole de ce dessinateur.

En 2020, les Français (mais d’autres aussi, comme les Italiens) ont
appris une nouvelle géographie, à base de zones de couleurs
différentes. Être en « zone rouge » ne signifie plus être administrés
par la gauche, mais sortir de chez soi le moins possible, en
conduisant une vie pleine de contraintes. Quant à Plantu, sa vie
personnelle est depuis plusieurs années soumise à des contraintes
bien plus dures et inquiétantes que l’ont été les nôtres de ce 2020. Il
est tout le temps sous escorte à cause des menaces qui pèsent sur
lui pour certains de ses dessins et pour l’activité de l’association
Cartooning for peace, qu’il a fondé en 2016 avec Kofi Annan, alors
secrétaire général de l’Onu. Certains dessins de Plantu lui ont valu
la très menaçante hostilité des milieux de l’islamisme radical. Ce
dessinateur est devenu un symbole de la liberté de la presse et un
ennemi de ceux qui – en ce 2020 comme à la rédaction de Charlie
Hebdo en janvier 2015 – ont montré leur opposition à l’exercice de
ce droit. Aujourd’hui comme dans les moments difficiles de notre
passé d’Européens, l’ironie et la satire peuvent couter très chères. Il
est facile parler de liberté de la presse, mais il est bien difficile la
pratiquer au quotidien.

Correspondant de la presse italienne à Paris depuis 34 ans, Alberto
Toscano a écrit plusieurs livres sur la relation franco-italienne. Parmi
eux Les Italiens qui ont fait la France de Léonard à Pierre Cardin
(Armand Colin, 2019)

L’année 2020 Etat d’urgence de Plantu (Calmann-Levy)
par Alberto Toscano

#Lecturesconfinement : La vie joue avec moi de David Grossman par Laurent Pfaadt

Une histoire de femmes, de mères
et de filles unies par un lourd secret
et racontée par l’un des plus grands
écrivains de notre temps. Comment
le passé, ce granit inaltérable
sculpté par le marteau de l’histoire,
façonne ce que nous sommes et que
rien, ni le vent du temps, ni le soleil
brûlant de l’amour, ne parvient à
éroder. Parfois pourtant, au
crépuscule d’une vie comme celle de
Véra, l’implacable ténacité des êtres
qui vous aiment et souffrent à cause
de vous peut produire des miracles.
Comme une mer – celle-là même qui entoure l’île-prison de Goli-
Otok en Croatie où convergent les destins de Véra, Nina et Guili –
s’infiltrant dans la roche, même le passé le plus douloureux, peut
exploser afin de régénérer, dans ce livre magnifique jusqu’à la
dernière page, ceux qui ont eu le courage de l’affronter.

La vie joue avec moi de David Grossman (Seuil)
par Laurent Pfaadt

#Lecturesconfinement : Thésée, sa vie nouvelle de Camille de Toledo par Pierre Ducrozet

Une immense quête du temps, des
corps pris dans le grand maillage des
jours, une descente dans le
labyrinthe, petite lampe au front. Un
livre d’une puissance phénoménale,
une langue d’une beauté folle.
Parfois les livres changent le cours
des choses, acquièrent une force
performative. Camille de Toledo est
descendu dans le puits du temps, et il
est revenu avec ceci. D’habitude, on
n’en revient pas. Lisez-le.
Pierre Ducrozet est écrivain, auteur de plusieurs romans dont
L’invention des corps (Actes Sud), prix de Flore 2017. Dernier livre
paru : Le grand vertige (Actes Sud)

Thésée, sa vie nouvelle
de Camille de Toledo (Verdier)
par Pierre Ducrozet