28ème Festival international du film fantastique de gerardmer

Un festival à la maison, mais pas que…

Festival de Gérardmer 2021.

Covid-19 oblige, cette 28ème édition du Festival International du Film Fantastique de Gérardmer était numérique. Une demi déception pour les habitués du festival, qui s’y rendent à la fois pour son ambiance inimitable, débridée, et pour les films projetés. Mais le contexte sanitaire ne permettait pas d’organiser un festival «normal», aussi les organisateurs ont-ils tenus à proposer une expérience «parallèle» qui ne manquerait pas de lancer des petits clins d’œil savoureux à un public fidèle.
Première découverte, chaque film disponible en streaming est précédé de petites scènes mettant en scène le Monsieur Loyal du festival, David Rault. Une sympathique mise en bouche qui, bien que de qualité parfois inégale, plonge instantanément les spectateurs dans l’atmosphère du festival. Puis, juste après, le célèbre générique à base de monstres sacrés du bestiaire du Fantastique. Indispensable. Et pour finir, le «cri» de la Bête, qui retentit souvent à chaque début de projection. Les habitués du festival comprendront, les autres devraient sérieusement envisager de faire un petit tour dans la Perle des Vosges dans le futur, histoire d’y découvrir la folle ambiance qui règne dans les salles, hors confinement…

JOUR 1.

Première péloche, The Stylist, de Jill Gevargizian. On y fait la connaissance de Claire, une jeune femme travaillant dans un salon de coiffure. Claire est douce, ouverte aux autres, dont elle cherche continuellement la présence. Très vite, on constate qu’elle a du mal à comprendre ses semblables, même si elle semble le vouloir à tout prix. Elle va «déraper» et entraîner le spectateur dans son malaise. Claire vit dans une petite ville tranquille, mais elle traverse des hauts et des bas, laissant sur le carreau les malheureuses qu’elle croise ici ou là. The Stylist se distingue par trois éléments: son interprète principale (formidable Najarra Townsend), sa photographie (magnifique, avec un joli travail sur les couleurs) et enfin sa partition musicale (à base de piano). Pas inoubliable, mais plus que correct. Avec ce premier film, le festival commençait bien.


Seconde péloche, Host, moyen-métrage de Rob Savage basé sur les nouvelles technologies. Le film dure un petit peu moins d’une heure, et nous plonge au cœur d’une séance de spiritisme organisée sur ZOOM par cinq étudiantes confinées en Angleterre. Afin de s’affranchir du confinement qui lui est imposé le groupe a décidé de se retrouver par écrans interposés et de convoquer les esprits. Problème, celui qui s’invitera à la fête ne sera pas animé des meilleurs intentions. Sans être révolutionnaire, le moyen-métrage exploite les nouvelles technologies avec ingéniosité. Les ficelles ont beau être connues (le montage, l’obscurité et le hors champ permettent deux-trois scènes de frayeur), elles fonctionnent bien ici. Et pourtant, les dix premières minutes du film, tout en bavardage, ne laissaient rien augurer de bon…


Troisième projection, Boys From County Hell, petit film d’épouvante se déroulant en Irlande. On y découvre Six Mile Hill, un petit village tirant sa renommée du passage de Bram Stoker, qui y aurait séjourné une nuit. Aux abords du village serait enterré Abhartach, le premier suceur de sang connu, qui aurait inspiré au romancier son célèbre Dracula. La jeunesse désœuvrée passe son temps à boire des bières et à faire des blagues aux touristes, jusqu’au jour où la construction d’une route entraîne la destruction de la tombe du supposé monstre. Qui va bien évidemment se réveiller. Le film a beau être un peu léger, il se laisse regarder sans peine. La terreur y côtoie la comédie sans lourdeur, et les «héros» semblent bien souvent dépassés, ce qui les rend attachants.


Quatrième et dernier film de ce jour 1, le français Teddy de Ludovic et Zoran Boukherma. On ne pouvait décemment pas louper ce petit film bien de chez nous, avec pour personnage principal un des plus célèbres croque-mitaines du Septième-Art. Doublement récompensé lors du palmarès de ce 28ème Festival International du Film Fantastique de Gérardmer (Prix du Jury et Prix du Jury Jeunes de la Région Grand Est), Teddy prend pour décors un petit village des Pyrénées, dans lequel il installe une bête sanguinaire. Les premières minutes du film font peur, il s’annonce mal joué. Très vite cette impression s’estompe. On partage alors le destin d’un personnage touchant, le susnommé Teddy. Orphelin de 19 ans ayant quitté très tôt l’école, Teddy vit chez son oncle (Pépin Lebref!) et travaille dans un salon de massage. Épris d’une fille de bonne famille, Rebecca, il a plein de projet dans la tête. Jusqu’au jour où il se fait mordre par un mystérieux animal. On vous laisse deviner lequel. Très vite le film a bénéficié d’un capital sympathie grandissant, au fil des «projections». Probablement dû à son interprète principal (excellent Anthony Bajon), ainsi qu’à sa manière d’aborder le thème de la famille. Au final, un petit côté «à part» touchant. Une bonne manière de finir cette première journée de festival…

JOUR 2.

Avec The Other Side des Suédois Oskar Mellander et Tord Danielsson, on est vite dans le bain. Une femme sanglote, on la voit parcourir les pièces sombres d’une maison. Elle est à la recherche d’une certaine Kim. Le décors est planté, ne reste plus qu’à enchaîner: une famille va emménager dans une maison bi-famille. Le père (Fredrik), sa nouvelle compagne (Shirin) et le fils (Lucas). Dans ce nouvel environnement les trois vont devoir retrouver leurs marques. Le père va accepter de travailler de nuit, laissant Shirin et Lucas seuls dans leur nouvelle demeure. Les scènes sont datées à l’écran, le film étant inspiré de faits réels. Shirin est proche de Lucas, mais s’inquiète de le voir jouer avec un ami imaginaire. Là où le film se distingue d’autres productions basés sur la même trame, c’est que Shirin comprend vite qu’il y a bien une présence dans la maison d’à côté, pourtant inhabitée. Bienveillante, ou au contraire malveillante ? L’histoire n’est peut-être pas nouvelle, les deux réalisateurs parviennent toutefois à y ajouter leur petite touche personnelle. Efficace, sans scène superflue, The Other Side maintient le suspense jusqu’au bout, tout en rendant un hommage sincère au genre (voir sa conclusion, bienvenue).


Deuxième projection de ce deuxième jour, Anything for Jackson de Justin G . Dyck. Alors là, c’est un peu les montagnes russes, la maison hantée, en fait une ballade au cœur d’une fête foraine, tout simplement. Des petits moments de comédie, de l’horreur, du gore, du surnaturel. Le Fantastique dans son spectre le plus large. Mais pas indigeste. Les deux personnages principaux, Audrey et Henry (interprétés avec brio par Sheila McCarthy et Julian Richings) forment un gentil petit couple âgé. Très vite, ils dévoilent leurs intentions, qui ne cadrent pas du tout avec leur apparence totalement inoffensive. Audrey et Henry ont enlevé Shannon, une jeune femme enceinte sur le point d’accoucher. Leur intention est de faire revenir l’esprit de leur petit-fils décédé (le Jackson du titre) dans le corps du nouveau né à venir, à l’occasion d’une obscure cérémonie satanique. Mais bien sûr rien ne se passera exactement comme prévu, le couple sera vite dépassé par les forces maléfiques qu’ils ont libérées. Anything for Jackson était une bonne petite surprise, pleine d’énergie, bien écrite et avec une distribution irréprochable. Où comment l’amour inconditionnel de grands-parents peut mener aux pires dérives…


Pour la troisième et dernière projection de ce deuxième jour, rien de mieux qu’une petite ballade au cœur d’une Australie très photogénique. Dans Sweet River, le réalisateur Justin McMillan plante sa caméra dans une petite bourgade, Billins, et y développe avec sensibilité la quête de son personnage principal, Hanna. Au sortir d’une cure de désintoxication, celle-ci décide de revenir sur les lieux du drame : c’est à Billins que son fils de quatre ans, Joey, avait été tué par un tueur en série. Le corps n’ayant jamais été retrouvé, Hanna a donc décidé de reprendre les recherches. Ses questions vont perturber l’équilibre des habitants qui avaient eux aussi perdu leurs enfants. Dans cette histoire d’âmes perdues Justin McMillan nous fait partager le quotidien d’un village emprisonné dans le passé. De brèves apparitions de fantômes d’enfants disparus suffisent à hérisser le poil des spectateurs au cœur d’un récit prenant. Lisa Kay, qui interprète Hanna, est très convaincante dans le rôle de cette mère qui n’a jamais pu faire son deuil. Au milieu d’interminables champs de canne à sucre elle découvrira la vérité glaçante…

JOUR 3.

On commence cette journée par une incursion en Asie avec le film sud-coréen The Cursed Lesson de Jai-hong Juhn et Ji-hon Kim. Dans cette étrange histoire de jeunes femmes participant à un stage de yoga afin de retrouver une illusoire jeunesse, les réalisateurs s’emmêlent un peu les pieds. A tel point qu’on en vient assez vite à se désintéresser de l’issue du film. Et pourtant, les comédiennes sont parfaites, les décors et la musique également. Pour réussir, The Cursed Lesson aurait dû se construire sur une histoire un peu plus développée et ne pas se résumer à une suite de scènes se voulant «fantastiques», et qui n’ont finalement ni queue ni tête. Rien de bien nouveau sous le soleil, juste une entité maléfique de plus dont on ne saura rien, et c’est bien là le problème.


Seconde projection, Mosquito State, où les moustiques reflètent la psyché ô combien perturbée d’un brillant analyste financier de Wall Street, à l’aube du krach boursier de 2007. Là encore, on a parfois éprouvé des difficultés à distinguer le vrai du faux. Dans cette histoire qui compare le monde de la finance et de la spéculation à des hordes de moustique avides de sang, Filip Jan Rymsza se perd un peu, mais propose quelque chose de visuellement intéressant, essentiellement lors des scènes se déroulant dans le gigantesque appartement du héros (Richard Boca), situé dans les hauteurs d’un gratte-ciel new-yorkais. On y croise le comédien Olivier Martinez (dans le rôle du grand patron), qui fait tout pour mettre à l’aise sa poule aux œufs d’or, interprétée par Beau Knapp. Le comédien rend une copie parfaite, un savant mélange de génie à la fois autiste, asocial et devin, prêt à aller jusqu’au bout, dans une forme d’expiation (sa prestation nous remémore celle de Michael Shannon dans le Bug de William Friedkin). Face à lui, Charlotte Vega incarne Lena, une magnifique jeune femme semblant le comprendre, contrairement à tous ses pairs. Richard Boca verra ses algorithmes, jusqu’ici infaillibles, vaciller au gré des turbulences qui traversent les marchés, et se rapprochera un peu plus des insectes qu’il a accueilli chez lui. Une drôle de rêverie dont l’issue, prévisible, ne gâche pas l’ambiance générale.


Troisième et dernière projection de ce jour 3, Possessor de Brandon Cronenberg. En digne fils de son père, le réalisateur s’est plongé dans une horreur organique laissant la part belle aux trucages en «réel». Tasya Vos (Andrea Riseborough) est employée par une organisation secrète qui commet des assassinats à la demande de ses clients. La technologie utilisée permet de prendre possession de l’esprit et du corps d’innocentes personnes afin de leur faire commettre les meurtres «commandés». Exécutante chevronnée, Tanya Vos va se retrouver coincée dans le corps d’une personne encore plus attirée par la violence qu’elle (excellent Christopher Abbott). Très bien mis en scène et photographié, Possessor n’est pas avare de grandes trouvailles et de petits plaisirs. On y croise les gueules bien connues de Jenifer Jason Leigh (qui était en quelque sorte à la place d’Andrea Riseborough il y a 22 ans dans le eXistenZ de Davis Cronenberg !) et de Sean Bean, avant de heurter de plein fouet un final pour le moins percutant. Possessor est reparti du festival avec le Grand Prix, ainsi que celui de la meilleure musique originale. Était-ce réellement une surprise, dans la mesure ou la réputation du film l’avait précédé, avec notamment les prix du meilleur film et du meilleur réalisateur au 53ème festival international du film de Catalogne en octobre 2020 ?

Cette 28ème édition a beau avoir été virtuelle, elle a permis de satisfaire en partie une passion partagée par les cinéphiles qui se retrouvent année après année à Gérardmer à la fin du mois de janvier. Entre les films proposés, les petites scènes avec David Rault ou encore une master-class avec le mythique John Landis, les spectateurs ont eu de quoi rassasier leur appétit de genre.

Mais gare, il leur faudra du concret l’année prochaine……

Jérôme Magne

Poursuite

Après tant de romans, on pourrait la voir venir, se dire « Bon, d’accord
mais quoi de neuf ? » Et puis, à chaque fois, cela nous fait le même
effet, celui de nous surprendre comme un tueur entrant dans notre
cuisine, celui de nous attraper, de nous kidnapper comme ici Lew, le
mari blessé, au moment où on s’y attend le moins. De vous projeter
sous un bus et de vous laisser pendant plusieurs jours, semaines et
mois, avec des séquelles littéraires irréversibles, si bien qu’il est
impossible de lire plusieurs Oates d’affilée tant les chocs sont
profonds.

Avec Poursuite, roman court, violent, abrupt, l’auteure américaine
nous pousse ainsi sous ce bus qui renverse Abby, jeune bénévole
d’un centre pour aveugles et fraîchement mariée. Des taches de
rousseur sur sa peau devenues taches de sang sur le cerveau
engendrées par celles des fantômes de ses parents disparus et qui
ont marqué à jamais son âme.

Dans une narration en miroirs qui fait la grande force des romans de
Joyce Carol Oates et qu’elle a porté à la perfection dans Un livre de
martyrs américains (Philippe Rey, 2019), l’auteur nous emmène dans
les cauchemars et les tréfonds de l’âme brisée de la petite Abby qui
s’appelle en réalité Miriam, Mir-mie. Pourquoi a-t-elle changé de
prénom ? C’est ce que va tenter de découvrir son mari. La
destruction des liens familiaux ainsi que la violence irriguent ce
roman puissant, sorte d’opéra macabre culminant jusqu’à cette
scène finale mémorable d’une violence psychologique inouïe. Oates
renoue ici avec des thèmes préalablement abordés comme les
traumatismes de l’enfance (Mudwoman, Philippe Rey, 2015) ou la
difficile réintégration des vétérans de guerre au sein de la société
(Carthage, Philippe Rey, 2018). Ici, point de spécificité américaine
comme le fanatisme religieux – le mari d’Abby est un chrétien
évangélique bienveillant qui se détourne progressivement du dogme
qui l’emprisonne – ou le racisme. Plutôt la lente désagrégation d’une
famille vivant au sein d’une société violente avec au milieu, un enfant
qui réagit comme des millions d’autres, en se disant que la
séparation de ses parents est de sa faute.

Cette violence qui se transmet dans l’inconscient des générations,
celle qui construit la culpabilité des enfants, et surtout infuse ce
fatalisme dans l’esprit de ceux qui la subissent et qui grandissent
avec, se persuadant à tort, que le bonheur n’est pas pour eux. Il
faudra toute la catharsis d’Abby et de son mari Willem, pour espérer
guérir et se reconstruire. Quant à nous, on tente encore de s’en
remettre.

A noter également la publication en poche de J’ai réussi à rester en vie 
(Philippe Rey figures, 480 p.) de Joyce Carol Oates, émouvant
témoignage de son deuil, du sentiment d’absence et du chagrin
qu’elle éprouva après le décès de son mari, Raymond Smith, avec qui
elle partagea près d’un demi-siècle de vie commune en 2008. Le
lecteur y découvrira la femme derrière la romancière même si,
comme le lirez, elle n’est jamais bien loin…

Ce livre publié une première fois en 2011 reparaît au lendemain de
son second veuvage en 2019. Et avec Oates, on ne peut que se
demander : y a-t-il une fatalité à ce que les choses se reproduisent ?
Réponse dans son œuvre incroyable.

Par Laurent Pfaadt

Joyce Carol Oates, Poursuite,
Philippe Rey, 224 p.

Lexique de mes villes intimes, Guide de géopoétique et de cosmopolitique

Yuri Andrukhovych est l’un des intellectuels les plus célèbres
d’Ukraine. Titulaire du prestigieux prix Herder récompensant un
artiste d’Europe de l’Est, comme avant lui Kundera, Kertesz ou
Alexievitch, son œuvre reste inclassable car elle chevauche de
nombreuses disciplines – comme cette géopoétique qui se veut trait
d’union entre l’homme et la terre – tout en demeurant loufoque,
intrépide, courageuse et, il faut bien le dire, provocatrice.

Mais cet écrivain engagé qui a lutté sur la place Maïdan lors de cette
énième révolution ukrainienne en 2013-2014 est avant tout un
amoureux de l’alphabet et des cartes. Cela donne ce joyeux Lexique
de mes villes intimes où s’entremêlent souvenirs cocasses et
réflexions identitaires dans un maelström qu’il se plaît à agiter
allégrement. 

Alors comment faire pour lire Andrukhovych ? Le mieux, c’est de lui
appliquer sa méthode, c’est-à-dire celle de ne pas en avoir malgré
ses propositions de grilles de lecture exposées dans cet avant-
propos en guise de mode d’emploi. Déconstruire pour mieux
reconstruire. OK alors allons-y ! P253 au hasard, l’aigle et le coq de
Prague. D’abord la langue, la rivière puis le pont Charles et l’Orloj, la
fameuse horloge astronomique médiévale de la ville. 

Tout est là en une page. L’alphabet et les mots qui servent à décrire, à
être. La construction identitaire de la ville à travers son paysage
(comme les Carpates à Bucarest ou le Rhin à Bâle). Et son
architecture et les fantasmes qu’on lui prête (Detroit, Kharkov et
leurs déclins post-industriels par exemple). A travers ses ballades
littéraires retentissent dans ces pages les échos du passé, soviétique
ou non, terribles et nostalgiques à la fois (contaminé par les mots de
l’auteur, on dirait que le délire et la mémoire sont logés au même
endroit !). 

Si bien que la lecture devient avec lui vite addictive et on passe d’une
ville à l’autre aussi rapidement qu’un train à grande vitesse. On
s’arrête pour s’imprégner de l’effervescence d’une Kiev survoltée,
avec les révolutionnaires de la place Maïdan avant de poursuivre
dans les hôtels de Minsk, entouré de putes à la solde du KGB et
sentant le Moscou rouge, puis évidemment dans cette Lvov « de
toujours », ville qu’il chérit plus que tout. On lit Schulz ou
Chevtchenko (le grand écrivain ukrainien pas le footballeur !) durant
les trajets. Bien évidemment, passage obligé par Strasbourg en 2004
lorsqu’il vint plaider au Parlement européen la cause de la révolution
orange. Et là, on s’arrête devant le drapeau européen. Il est bleu
comme celui de l’Ukraine. Car, en dépit de ce kaléidoscope infernal,
derrière tout cela se cache finalement le profond attachement d’un
écrivain ukrainien à une certaine idée de l’Europe, d’une Ukraine « 
cousue par toutes ces artères et capillaires précisément à l’Europe ». Et en
parcourant ces autres artères, on ne peut que humer le vent d’une
liberté qui tourne sans s’arrêter les pages de ce livre lumineux.

Par Laurent Pfaadt

Yuri Andrukhovych, Lexique de mes villes intimes, Guide de géopoétique et de cosmopolitique,
Aux éditions Noir sur Blanc, 368 p.