Scream

Scream
Un film de Matt Bettinelli-Olpin et Tyler Gillett

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Voilà près de 25 ans que le regretté Wes Craven (disparu en 2015) nous offrait Scream, premier film d’une saga qui allait engendrer de nombreuses suites et même une série pour le petit écran.

Véritable phénomène à sa sortie, le film allait remettre le sous-genre du slasher au goût du jour. Mais le long-métrage se distinguerait en proposant un étonnant mélange des genres, associant la comédie, le whodunit et le slasher. Le public serait au rendez-vous, même si certains puristes se permettraient de critiquer cette atteinte au slasher initial. Très vite (l’année suivante, en 1997) une suite serait projetée, suivie trois années après d’un troisième opus. Avec toujours le même accueil enthousiaste. Bien des années plus tard (en 2011), un quatrième épisode verrait le jour, mais ne rencontrerait pas le même succès. Le temps se serait écoulé, et le public seait passé à autre chose. Nous voilà aujourd’hui dix années plus tard, à nous demander quel accueil réserver à ce cinquième long-métrage, qui se veut plus dans le prolongement de l’œuvre originale qu’une énième séquelle ?
La scène d’ouverture ramène le spectateur loin dans le passé. Une jeune fille seule dans sa cuisine, et soudain la sonnerie stridente d’un téléphone. Nous sommes à Woodsboro, vingt-cinq années après les événements tragiques ayant coûté la vie à de nombreuses personnes. Billy Loomis et Stu Macher, les deux psychopathes derrière les massacres de l’époque, sont bel et bien morts (ou pas?), et quelqu’un a décidé d’endosser la panoplie complète de Ghostface. La suite on la connaît, elle rappelle le premier film. Dans le bon sens du terme. Matt Bettinelli-Olpin et Tyler Gillett savent comment suivre leur personnage et utiliser au mieux l’espace pour susciter la peur. Par la suite ils le prouveront à plusieurs reprises. Ghostface apparaît donc très vite, mais nous laisse une impression bizarre (un brin empoté, non ?). La jeune fille s’appelle Tara, elle s’en remettra mais restera bien amochée. Sa sœur Samantha viendra aussitôt à son chevet, accompagnée de son petit ami (Jack Quaid, fils de Dennis Quaid et Meg Ryan, connu pour sa participation à la série The Boys et aux deux premiers Hunger Games notamment) et se mêlera à un sympathique petit groupe d’amis. Lesquels fourniront à Ghostface un vivier de potentielles victimes.
Le décors est planté, il ne reste plus qu’à faire interagir tout ce petit monde en faisant surgir le croquemitaine au moment où on ne l’attend plus (ou au contraire là où on l’attend le plus, mais d’une manière inhabituelle). Les réalisateurs s’appuient sur plusieurs piliers pour mener à bien la « résurrection » du mythe de Ghostface. Ils reprennent ainsi de nombreux éléments ayant contribué au succès de la franchise. Le croquemitaine au goût prononcé pour les armes blanches est bien là, les étudiants insouciants et prévisibles lui servant de proies également. Mais les agissements du premier ont changé, ils sont un peu brouillons par moment. Les fausses pistes abondent, et les méta commentaires sont nombreux. Ce dernier point ne pouvait être oublié, tant il fait partie de l’identité de la saga.
Pour consolider l’ensemble, Matt Bettinelli-Olpin et Tyler Gillett ne laissent pas de temps mort à leurs personnages. Le lien avec le premier film est fait de manière très directe, « attachante » et originale. Et si ce n’était pas suffisant, les metteurs en scène ont eu l’idée de faire revenir trois personnages-clefs de l’histoire originale, qui reprennent du service aussi naturellement que possible. Neve Campbell reprend donc le rôle de Sidney Prescott, Courteney Cox celui de Gale Weathers, tandis que David Arquette retrouve l’uniforme de Dewey Riley. Chaque comédien a ainsi l’occasion de retrouver son personnage d’une manière assez naturelle, merci pour la nostalgie. Mais la démarche n’est pas artificielle et semble sincère de la part des deux cinéastes. Ils donnent à chacun l’occasion de revenir sur le lieu du drame, avec une sérieuse carte à jouer.
Ce Scream ne réinvente pas le genre, celui-ci n’en a d’ailleurs pas besoin. Mais il raconte une nouvelle histoire tout en proposant un hommage plutôt bien ficelé à l’œuvre originelle. Et que dire de la manière dont le personnage de Samantha est relié à celle-ci, si ce n’est que c’est une bien belle manière de faire revivre les fantômes du passé !!!

Jérôme Magne