Le temple de la musique polonaise

Parcourir les 120 ans de l’Orchestre philharmonique de Varsovie, c’est entrer non seulement dans l’histoire de la musique polonaise mais également dans l’histoire de la musique classique des 20e et 21e siècles. Mais parcourir ces 120 années, c’est d’abord arpenter un bâtiment majestueux entre travées, coulisses et salons d’honneur où les souvenirs se racontent par centaines. Dans chaque recoin se lisent et s’entendent des notes tirées d’abord de la figure musicale tutélaire de la Pologne : Frédéric Chopin et en premier lieu du concours éponyme qui, tous les cinq ans, vient couronner une nouvelle étoile au firmament de l’instrument-roi. De Martha Argerich à Maurizio Pollini en passant par Yakov Zak ou Seong-Jin Cho, chaque vainqueur a fait résonner son exceptionnel talent en compagnie de l’orchestre. Citons deux exemples : Kristian Zimmermann, vainqueur en 1975 et dont l’interprétation des concertos de Chopin en compagnie de l’orchestre tient toujours lieu de référence ou Rafaël Blechaz, pianiste polonais surdoué qui rafla tous les prix trente plus tard, en 2005. Deux exemples qui se sont inscrits dans cet incroyable héritage musical polonais.

Warsawphil © DEES

Parcourir les 120 ans de l’Orchestre philharmonique de Varsovie, c’est aussi voyager dans la création contemporaine en compagnie d’un quatuor incroyable : Karol Szymanowski, Henryk Gorecki, Witold Lutoslawski et Krzysztof Penderecki, disparu récemment. Leurs œuvres qui appartiennent aujourd’hui au répertoire et ont marqué de leurs empreintes indélébiles l’histoire de la musique classique résonnent encore ici de leurs échos, qu’il s’agisse de la deuxième symphonie de Gorecki créé par Andrzej Markowski le 22 juin 1973 ou quelques vingt ans plus tôt, le célèbre concerto pour orchestre de Witold Lutoslawski écrit en 1950-54 à l’initiative du directeur artistique de l’Orchestre philharmonique de Varsovie, Witold Rowicki.

Ce prestigieux quatuor de génies ne saurait cependant faire oublier d’autres brillants compositeurs polonais, Andrezj Panufnik ou Ignacy Jan Paderewski, le pianiste devenu président de la République polonaise et dont on joue encore aujourd’hui le concerto pour piano. Cette exceptionnelle tradition a ainsi inscrit dans l’ADN culturel de la Pologne, un rapport particulier à la musique qui se mesure chaque année lors du Festival Beethoven de Varsovie qui attire une foule toujours plus nombreuse et où se croisent solistes légendaires et nouveaux talents mais également habitués de longue date et jeunes mélomanes en herbe. 

Par Laurent Pfaadt

Retrouvez la programmation de la Philharmonie de Varsovie sur http://www.filharmonia.pl

Festival Raccord(s)

Né à l’initiative des Éditeurs associés et organisé en partenariat avec une quinzaine d’éditeurs indépendants, Le Festival Raccord(s) fête le livre et la lecture chaque année, crée des espaces de dialogue avec d’autres formes d’art et de savoir et invite le public à découvrir les ouvrages sous une forme originale : lecture théâtrale, performance, exposition, atelier, spectacle jeunesse, balade ou dégustation qui se doublent d’un salon pour rencontrer et découvrir la production des éditeurs indépendants participants.

Cette année, les éditeurs associés au festival sont les Editions Asphalte, Le Chemin de Fer, Cheyne, La Contre Allée, Esperluète, Jasmin, Nada, L’œil d’Or, Papier machine, Solo ma non troppo, Les Venterniers, Ypsilon et Zinc.

Pour la première fois, Raccord(s) prend ses quartiers dans un lieu unique, vivant et chargé d’histoire au cœur de Paris : le magnifique Couvent des Récollets, qui abrite la Maison de l’architecture Ile de France, lieu culturel de mise en débat de la fabrication de la ville. A cette occasion, une partie de la programmation s’articulera autour de l’urbanisme, l’architecture, la vie en ville, en lien avec le lieu qui nous accueille, avec notamment une randonnée-lecture guidée dans le quartier des Récollets.

Par Laurent Pfaadt

L’entrée est libre et gratuite à toutes et tous, enfants comme adultes. Retrouvez Raccord(s) ici :
https://www.festival-raccords.com https://www.facebook.com/festivalraccords https://www.instagram.com/festivalraccords/?hl=fr

Festival Raccord(s) 1er au 3 juillet 2022
Couvent des Récollets, Maison de l’Architecture, Paris

Dictionnaire amoureux de l’Ukraine

De A comme Ame à Z come Zoya de Kramatorsk en passant par Horowitz le Kiévian, le fameux pianiste ou Z non pas comme les blindés russes mais bel et bien comme Zelensky, ce dictionnaire amoureux de la célèbre collection de Plon invite indiscutablement à mieux connaître ce pays qui aujourd’hui s’affiche sur tous les écrans du monde. Histoire, traditions et anecdotes fourmillent dans ces pages que l’on ouvre au gré de ses envies. Ainsi le lecteur se régalera avec les entrées telles qu’Humour français qui revient sur la visite ubuesque d’Edouard Herriot, ancien président du conseil, en plein Holodomor, la famine organisée par Staline et que raconte un Vassili Grossman désespéré ou MH17, le vol tragique du 17 juillet 2014 racontant l’attaque de cet avion de la Malaysia Airlines par les séparatistes du Donbass qui coûta la vie à près de 300 personnes. D’autres s’arrêteront sur le Maïdan, cette place de Kiev, haut-lieu de la récente révolution ukrainienne et de ses aspirations européennes, ou sur l’entrée « Nationalistes bourgeois et autres nazis » pour lire à la lumière du passé soviétique et du présent poutinien qu’« il y a des locutions très utiles car elles ont le pouvoir d’abréger toute discussion. Mais en Russie comme en URSS elles sont bien plus dangereuses, car elles peuvent mettre un terme à la liberté et parfois à la vie ».

Tetiana Andrushchuk, violoniste ukrainienne qui fut professeur au Conservatoire national supérieur de Kiev et Danièle Georget, auteure et rédactrice en chef adjointe à Paris Match invitent ainsi à s’imprégner de ce pays dont on perçoit immédiatement la dimension européenne. Un condensé d’Ukraine à savourer sans modération.

Par Laurent Pfaadt

Tetiana Andrushchuk, Danièle Georget, Dictionnaire amoureux de l’Ukraine
Chez Plon, 418 p.

La Guerre aux deux visages

On ne boudera son plaisir. Il y a un petit côté Mystérieuses cités d’or dans cette saga consacrée à Cortès et à sa conquête de l’empire aztèque signée Christian Chavassieux et Cédric Fernandez.

Centré autour des destins d’Hernan Cortès, l’intrépide outsider et Moctezuma II, souverain d’un empire aztèque en déliquescence, la BD avance lentement dans ce chaudron où histoires d’amour côtoient soif de pouvoir. Le dessin de Cédric Fernandez est vif, fougueux, suivant à merveille les deux hommes, tantôt aux côtés du conquistador affrontant ennemis intérieurs et extérieurs lors de batailles sanglantes et soucieux de l’humanité des Indiens : « nous devons d’abord connaître plutôt que de soumettre », tantôt auprès d’un Moctezuma tentant jusqu’au bout d’éviter la guerre. Ce premier tome s’achève alors que la situation paraît inextricable à Tenochtitlan et le lecteur, essoufflé, attend impatiemment la suite.

Comme à chaque fois avec cette collection Explora, l’album offre un cahier historique extrêmement pédagogique qui permet de revenir sur la vie de Cortès et de le replacer dans son époque. Une belle découverte donc.

Par Laurent Pfaadt

Christian Chavassieux, Cédric Fernandez, Cortès, T1 :
La Guerre aux deux visages
Aux éditions Glénat, 64 p.