archéo-fiction du bonheur

« Lydia Jacob Story » de Raymond E. Waydelich

L’Espace muséal Re-Naissance situé au rez-de-chaussée de l’hôtel de ville de Ferrette, un bâtiment de la Renaissance rhénane daté de 1572, a été inauguré après travaux en octobre dernier par le comte en titre : S.A.S. le Prince Albert II de Monaco. Ce dialogue entre grande et petite histoire se poursuit sous l’égide de l’association Trésors de Ferrette avec le concours de la galerie Courant d’Art (Mulhouse) pour cette Lydia Jacob Story visible jusqu’au 2 octobre. L’exposition est une immersion dans ce futur passé (ou l’inverse…) reconstitué par l’artiste alsacien grâce à une cinquantaine de pièces dont les plus récentes ont été réalisées lors des dernières époques confinées. Une collision temporelle comme les apprécie Raymond E. Waydelich !


Depuis la découverte en 1973 sur un marché aux puces de Strasbourg du carnet de notes (daté de 1890) de Lydia Jacob, cette cousette de Neudorf accompagne Raymond E. Waydelich. Il fabrique les traces, les documents, les hommages, les reliquaires d’une biographie téléportée vers le futur pour mieux évoquer notre présent. Dès 1978 à la Biennale de Venise où il représente la France, il expose « L’homme de Frédehof, 2720 après J.-C. », un environnement qu’il dédie à Lydia Jacob. En 1981, avec des pages annotées, des dessins, peintures, objets, installations, la vie rêvée de Lydia Jacob prend corps au Musée Zoologique de la Ville de Strasbourg.

Le potentiel de ce passé enfoui qui soudain resurgit, il le découvre enfant dans un article du journal de Spirou sur Schliemann (inventeur de Troie). Naîtra une fascination qui ne le lâchera plus et qu’il nourrira : sur les sites archéologiques romains en Algérie durant son service militaire au service photographique des armées (1961), au début des années soixante-dix à Tabarka (Tunisie), à Éphèse, Aphrodisias, Milet, Hiérapolis (Turquie) et surtout en Crète en 1984 avec le choc des figures noires sur les vases minoens.

Dans son travail, il creuse ce sillon du glissement temporel, de cette archéo-fiction qui confronte un futur rétrospectif et un passé prospectif. Une veine qu’il décline en 1983 à Fribourg-en-Brisgau avec le site de Grubierf en 3500 après J.‑C., en 1994 à Villefranche-sur-Saône avec L’Île d’Orsi, 3720 après J.‑C., en 1995 à Strasbourg avec Mutarotnegra[1], 3790 après J.‑C. et ce Caveau du futur enfoui sous la place du Château, en 2010-2011 avec les Fouilles récentes de Mutarotnegra à Réthymon, puis au musée archéologique de Strasbourg.

Pour autant Raymond E. Waydelich n’est pas un artiste du passé, il réussit à faire le grand écart entre l’art pariétal (la récurrence de ces silhouettes aux bras levés) et cet esprit de happening un brin provoquant à la Joseph Beuys n’oubliant jamais son humour pince-sans-rire. D’ailleurs plutôt qu’artiste peintre, il se revendique « marchand de bonheur ! »

R.E. Waydelich / Memory painting « Life is but a dream »  
technique mixte, 2006 © Luc Maechel

Au-delà des figures, des dispositifs, ce qui l’intéresse ce sont ces traces estompées par le passage du temps qui muent quelquefois, mais demeurent malgré tout, têtues, obstinées et nous aiguillonnent, nous rappellent qu’il n’y a pas de génération spontanée, que tout est ancré : les craquelures évoquant les huiles anciennes des Memories painting, le délavé des monotypes „Pompéi”, les feuillets des comptes rendus du comité Coop du siècle dernier support de ses encres de Chine de 2020. Entre hommage et rappel que le passé ne s’efface pas d’un trait de plume, ces télescopages suggestifs imposent l’immuable dans une époque mouvante, évanescente, fragile.

En suivant le fil chronologique de ses œuvres, la figure humaine s’estompe. Restent les mots proférés en phylactères par son bestiaire anthropomorphisé comme dans les cartoons dont il raffole : I love you, Hoplà, I have a dream, Good morning, Live is a hot dream… et des destinations Kreta, Namibia, Alsatia avec les flèches nécessaires pour s’y retrouver dans notre monde déboussolé.

Toutes ces pièces – dessins, peintures, gravures, sculptures, céramiques, collages en 2D et 3D… – imposent un univers singulier aisément reconnaissable illustrant des situations inattendues quelquefois croquignolesques avec des créatures au sourire carnassier. Seuls les volatiles – cigognes, oies, coq… – n’ont pas (encore) de dents. Des prédateurs aux quenottes acérées qui tendent leur gueule béante vers des saucissons et autres charcuteries : et si la Schmierwurscht n’était pas seulement cet aliment convoité et « fabuleux », mais comme il le proclame cet « oxygène » si nécessaire dans une société devenue étouffante ? Évoquant les rhinos, les éléphants croqués en Namibie, il lâche : « Et on les tue aussi, on les liquide, on liquide la terre entière, c’est dingue ! » (entretien de mai 2021).

Raymond E. Waydelich ?
Marchand de bonheur certainement, mais la générosité n’empêche pas la lucidité.

Par Luc Maechel

Espace Muséal Re-Naissance – Hôtel de ville
du 14 juillet au 2 octobre 2022
ven, sam, dim & jours fériés de 14h à 17h
entrée libre
38 rue du Château – 68480 Ferrette
http://www.tresorsdeferrette.fr/

* des vidéos avec Raymond E. Waydelich sont aussi en libre accès sur place


[1] anagramme d’Argentoratum, nom romain de Strasbourg

Photo : R.E. Waydelich à Ferrette en juillet 2022 avec un crucifix réalisé en 1999 © Luc Maechel

Combinats,le regard d’un photographe sur les immenses usines de l’Oural

En URSS, le mot combinat signifie « unité industrielle regroupant plusieurs industries connexes ». Terre des plans quinquennaux et de la lutte pour la domination industrielle planétaire, la Russie est aujourd’hui le lieu de ces cimetières d’un rêve passé, rouillé. Le livre magnifique alliant les photos de Maurice Schobinger et le texte de l’écrivain et géographe Cédric Gras, prix Albert Londres 2020, avance dans les plaines insondables de l’Oural en montrant tout cela. 

Les photos de ces immenses usines, sciemment privées de toute légende, laisse le lecteur voyager dans ces cathédrales profanes et d’acier. Tantôt rayonnant de ces forges fabriquant l’or d’une renaissance, tantôt mausolées de rêves de grandeur, véritables bêtes endormies qui, semble-t-il, n’attendent qu’une étincelle pour se réveiller, ce livre propose à la fois une exploration du passé mais également une immersion dans le présent. Le lecteur se demande en permanence, aujourd’hui plus encore, si la puissance qui se dégage de ces immenses combinats, est celle d’un musée ou bien celle d’une force ressuscitée, à l’écoute de la « rumeur du monde » comme le rappelle Maurice Schobinger.

Sur ces terres de l’Oural, le lecteur croise également les ombres de ces esclaves des goulags qui ont contribué à l’édification de ce patrimoine maudit et du premier d’entre eux, Varlam Chalamov, affecté à la construction du combinat chimique de Berezniki. Leurs souvenirs peuplent ces paysages grandioses et défigurés où cohabitent mains de l’homme et de Dieu. Et dans la fumée de quelques hauts fourneaux qui se confond avec les brumes sibériennes, les photos de Maurice Schobinger et le texte de Cédric Gras nous entraînent dans un monde entre rêve et réalité, entre cauchemar et espoir.

Par Laurent Pfaadt

Maurice Schobinger, Cédric Gras, Combinats, le regard d’un photographe sur les immenses usines de l’Oural
Aux éditions Noir sur Blanc, 160 p.

Le Fantôme d’Odessa

Alors que les bombes continuent de pleuvoir sur la mythique ville d’Odessa, Camille de Toledo, auteur majeur de la scène littéraire française dont le livre Thésée, sa vie nouvelle (Verdier, 2020), s’est hissé jusqu’en finale du prix Goncourt, nous emmène en compagnie du dessinateur Alexander Pavlenko à la rencontre d’Isaac Babel, poète et écrivain russe exécuté par Staline en 1940.  

Après Theodor Herzl, le duo évoque une nouvelle figure luttant, cette fois-ci dans le système totalitaire soviétique, contre cet antisémitisme qui allait ravager l’Europe. Isaac Babel travaillait à l’adaptation de son livre sur Bénia Krik, le Robin des bois de la révolution bolchévique. Mais très vite, l’idéologie stalinienne l’obligea à remanier son œuvre. 

Conçu comme un véritable film, le scénario de ce très beau roman graphique ainsi que le dessin qui alterne noir et blanc et couleurs, tiennent immédiatement le lecteur en haleine. Avec ses allers-retours entre passé et présent, le livre expose parfaitement le piège dans lequel le régime enferma Babel. Il passe avec fluidité et rythme entre fiction et réalité, entre la vie de Bénia Krik et le destin de Babel. Un grand moment de lecture.

Par Laurent Pfaadt

Camille de Toledo, Alexander Pavlenko, Le Fantôme d’Odessa
Chez Denoël Graphic, 224 p.

John Nelson

Les 7 et 8 juin derniers, la saison de l’OPS s’est achevée avec un évènement musical d’importance : l’enregistrement public de la symphonie dramatique d’Hector Berlioz, Roméo et Juliette. Un concert de qualité superlative et dont on se souviendra d’autant mieux qu’il a fait l’objet, au cours des deux soirées, d’un enregistrement par la firme Warner. Le chef américain John Nelson aura ainsi ajouté une pierre de plus à son projet discographique d’une intégrale Berlioz, entamée il y a quatre ans à Strasbourg avec Les Troyens, suivi de La Damnation de Faust ; deux enregistrements ayant l’un et l’autre, suscité commentaires élogieux et reçu d’innombrables distinctions. On ne prend pas de gros risques en annonçant un probable accueil du même type pour ce Roméo et Juliette d’exception.


Je ne manquerai pas, lors de la publication de l’enregistrement au printemps prochain, de me livrer à une analyse en détail de l’interprétation. Mais globalement, celle entendue le mardi 7 juin laisse sur une étonnante impression de fraîcheur et de jeunesse, particulièrement remarquable quand elle est insufflée par un chef octogénaire, doté au demeurant d’une verve et d’une vitalité peu communes. Sous sa houlette, l’orchestre d’une centaine de musiciens fait preuve d’une souplesse et d’une spontanéité de jeu qui, tous pupitres confondus, le place au niveau des meilleurs. La distribution vocale, elle aussi, est au sommet : on se réjouit de retrouver la mezzo Joyce Didonato, ici dans le rôle de Juliette. Quant au ténor Cyrille Dubois, il offre sa voix lumineuse à un Roméo fervent et passionné. Pour le Père Laurence, le chant, le phrasé et la diction de la basse Christopher Maltmann surclassent tout ce que j’ai pu entendre, dans ce rôle, jusqu’ici. Enfin les Coro Gulbenkian de Lisbonne (déjà remarqués dans La Damnation) et le Chœur de l’Opéra du Rhin, excellemment préparés par leurs chefs respectifs (parfois présents sur scène), auront rayonné par la qualité de leur chant et leur puissance vocale. Conçus dans le cadre de l’enregistrement, les déplacements scéniques des deux chœurs, tantôt au fond de la scène pour le petit chœur du début, puis de chaque côté et à mi-hauteur des rangées de fauteuil dans la seconde partie, enfin dans les premiers gradins devant l’orchestre lors de la scène finale auront ajouté à l’ambiance sonore et à l’atmosphère théâtrale. Son enthousiasme à maîtriser de tels dispositifs jointe à la puissance de son inspiration aura valu à John Nelson une ovation interminable, de la salle bien sûr, mais aussi de l’ensemble des musiciens sur scène.

Par Michel Le Gris

Photo © Nicolas Roses

Modern theatres 1950-2020

Voilà un ouvrage qui devrait ravir amateurs de musique et passionnés d’architecture. Recensant les principales salles de concert de ces soixante-dix dernières années, le livre de David Staples accompagné des dessins et croquis de David Hamer voyage à travers le temps, les continents et les esthétiques. De la célèbre Philharmonie de Berlin signée Hans Scharoun en 1963 à l’opéra de Dubaï (2006) en passant par l’Elbphilharmonie de Hambourg et l’extraordinaire Matsumoto Performing Arts (2004), l’ouvrage est un véritable régal pour les yeux.

Tous les grands génies de l’architecture sont là : Frank Lloyd Wright (Kalita Humphreys Theater, Dallas, 1959), Frank Gehry (Walt Disney Hall, LA, 2003), Rem Koolhaas (Lucent Danstheater, The Hague, 1987) ou Zahia Hadid (Heydar Aliyev Center, Baku, 2012) entre autres. Leurs réalisations montrent ainsi que ces lieux de culture sont devenus, par leur impact urbanistique, des éléments-clés des villes modernes mais également des vitrines politiques.

Dans ce panorama exhaustif qui a nécessité un travail collectif de cinq années, David Staples signe plusieurs articles et notamment celui consacré au fameux opéra de Sydney, incroyable prouesse technique et considéré par l’UNESCO comme un « chef d’œuvre de la créativité humaine ». A l’inverse de l’opéra Bastille, « bâtiment mal-aimé du public » selon l’architecte et auteur, Michel da Costa Gonçalves. Enfin, le passionné de musique classique verra également, à travers ces pages, l’évolution de ces lieux de concert, de la traditionnelle « boite à chaussures » aux nouvelles constructions plaçant la scène au milieu du public, à l’image de cette Arena Stage de Washington (1961) qui, sous le crayon d’Harry Weese, allait révolutionner musique et urbanisme. Tout un programme donc.

Par Laurent Pfaadt

David Staples & David Hamer, Modern theatres 1950-2020
Aux éditions Routledge, 594 p.

Histoire de la pilule, Libération ou enfermement

La récente abrogation de l’arrêt de la Cour suprême des Etats-Unis, Roe v. Wade, laissant aux états la liberté de décider de leur législation en matière d’avortement ainsi que les menaces sur la contraception ont redonné une actualité brûlante à l’ouvrage des universitaires Myriam Chopin et Olivier Faron.


Si le sujet peut paraître incongru de prime abord, il s’inscrit en réalité dans une tradition historiographique bien établie, celle de l’histoire économique et sociale. D’ailleurs Myriam Chopin a fait des rebellions urbaines et de l’interculturalité, ses axes de travail. Car avec la pilule, il s’agit bien d’une rébellion, d’une révolte contre une société qui a trop longtemps enfermé, aliéné le corps des femmes et leur positionnement dans la société. S’appuyant sur un certain nombre de témoignages d’acteurs qui constituent une réelle plus-value, le livre avance avec pédagogie et rythme.

Après une partie historique qui permet de replacer la pilule dans une perspective longue, le livre brille par sa volonté d’insérer le contrôle des naissances dans les bouleversements sociétaux qui s’engagèrent dès les années 60. Il revient évidemment sur les lois Neuwirth (1967) et Veil (1974), cette dernière apportant selon les auteurs « une reconnaissance légale et institutionnelle définitive à la pilule ».

Chaque remède contenant son propre poison, Myriam Chopin et Olivier Faron constatent également que la banalisation de la pilule entraîna de nouveaux défis et des problématiques inattendues. D’un instrument d’émancipation sexuel, la pilule s’est ainsi muée en vecteur d’émancipation matriarcale tandis que les tenants d’une opposition au contrôle des naissances gagnaient en puissance jusqu’à la décision récente de la Cour suprême.  Le poison a fini par absorber le remède. Avec leur livre, Myriam Chopin et Olivier Faron nous délivrent ainsi moins un essai historique qu’un avertissement.

Par Laurent Pfaadt

Myriam Chopin, Olivier Faron, Histoire de la pilule, Libération ou enfermement
Chez Passés composés, 288 p.

Les couleurs du temps

La mémoire des murs de Françoise Saur

Ce travail de mémoire avec les habitants du quartier Bel-Air à Cernay initié par Agora, centre socioculturel, est la troisième collaboration avec la photographe Françoise Saur. Il se décline en photos, entretiens réalisés par des étudiants en histoire à l’UHA, un livre (en préparation) et une exposition visible – dépêchez-vous, c’est seulement – jusqu’au 22 juillet.
Et l’engagement de Céline, Nora, Françoise et tant d’autres…


Edward Hopper peignait des êtres en suspension dans des espaces de solitude désenchantée. Dans le quartier Bel-Air de Cernay, Françoise Saur a photographié les espaces vidés de ses habitants avant démolition (en 2022). Plus de locataires, plus de meubles… mais les traces de vie demeurent ! Têtues, touchantes, saugrenues quelquefois.

L’attention portée au traitement de la couleur intensifie la singularité du témoignage de ces fragments. Sur les plans plus larges, la photographe trouve même le rose partagé par Gauguin et Picasso et le bleu limpide du peintre américain magnifiant un espace désinstallé en attente de sa fin. Ses images saisissent la quintessence du souvenir en l’absence de ceux qu’il hante et nous l’offre en réflexion.
Des objets abandonnés – si importants à un moment sans doute – intensifient le sentiment de déshérence, préservent l’empreinte des vies évacuées, des gestes qui se prolongent désormais ailleurs. Surgissent des stigmates aussi déroutants et touchants que ces motifs créés par des papiers peints arrachés évoquant les découpages de Matisse. Une mémoire saisie dans une matérielle et sensible densité sur ces murs maintenant disparus. Ne restent que les images de ce désarroi, de ce bord du temps qui change, bouleverse souvent et emporte les choses et les êtres.

Ce sont les clichés accrochés sur les cimaises, en statique.
En boucle, sur un écran, défilent les portraits d’habitants qui ont accepté de poser. Des gens plutôt âgés, venus d’ailleurs – de très loin quelquefois – ou des vallées voisines pour se rapprocher du travail et tous ont fait leur vie dans ce quartier. Ils posent dans leur ancien logement désert, corps en pause dans l’espace vide de leur vie d’avant, mais aussi dans leur environnement d’après, regard enjoué vers l’objectif, nantis d’un pot de fleurs ou d’un autre accessoire. En off la voix de leurs souvenirs raconte… Des passeurs de mémoires qui tels Les anges protègent les châteaux de sable, pas les châteaux de pierre (Christian Bobin, Un bruit de balançoire, 2017).

Par Luc Maechel

Centre socioculturel Agora / 7 rue de la 4e D.M.M
2/07 – 22.07.2022 / du mardi au vendredi de 14h à 18h
(accès : s’adresser à l’accueil, 03 89 75 62 80)
visite guidée avec l’artiste mardi 12/07 à 17 h
http://www.cscagora.fr