L’Archipel du Goulache

Rien que le titre et sa couverture rouge éclatante valent le coup. Internationale du goût, marmitage communiste, tous les jeux de mots sont bons pour qualifier ce livre passionnant qui vous fait voyager à travers la cuisine des diverses contrées de l’ex-empire soviétique, de l’Arctique au Caucase et de Moscou à l’Asie centrale.


Florian Pinel, ingénieur informaticien devenu chef à mi-temps est parti avec son compère Jean Valnoir Simoulin, sur les traces des recettes de l’ex-empire soviétique et propose une réinterprétation de ces dernières. Récit de voyages autant que guide gastronomique, réalisé non sans une pointe d’humour « au péril de notre santé intestinale », les deux auteurs nous convient à déguster de la perche, du steak de cheval à Almaty au Kazakhstan, du renne, de la nouvelle cuisine moscovite, des raviolis qu’ils soient pelmenis (russes) ou varenikis (ukrainiens) et du kebab caucasien. La partie dédiée au Caucase est particulièrement intéressante. Si elle fait la part belle à l’Azerbaïdjan, terre de baklava et à la Géorgie et son fromage, Florent Pinel n’en oublie pas le lavash arménien, ce pain plat inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO. L’ouvrage de Nathalie Baravian sur La cuisine arménienne (Actes Sud, 2007) offrira un formidable complément à ces aventures. Dans la préface de ce dernier, l’écrivain égyptien Alaa Al-Aswany, rappelait d’ailleurs que « ce livre n’est pas seulement un livre de recettes : à travers les plats délicieux qu’il nous présente, il nous rend plus proches de l’âme arménienne. » On pourrait dire la même chose du livre de Florent Pinel et de Jean Valnoir Simoulin. A travers leurs plats, leurs façons de les concevoir, les ingrédients choisis, le lecteur pénètre l’âme des peuples qui composèrent l’URSS, leurs savoirs-faires, leurs coutumes, leurs rapports aux autres. La gastronomie devient ainsi dans ces pages une littérature du sensible.

Au-delà des recettes présentées et qui sont presque toujours complétées par des notices fort utiles, le lecteur est surtout embarqué dans l’histoire de cet empire qui a agrégé mille et une histoires car si Staline a annexé les provinces et les hommes, il en a fait de même avec les frigidaires !  Dans ces pages se racontent donc les histoires du goulag pour y montrer l’importance du thé, de la seconde guerre mondiale et de l’éclatement de l’URSS en nous emmenant dans ces conflits « gelés » comme le Haut-Karabakh pour y déguster une truite à la grenade (le fruit bien évidemment), l’Abkhazie ou la Transnistrie où Florent Pinel rebaptise des paupiettes de porc en cornichons de Tiraspol. Jusqu’au Moyen-Age pour nous expliquer que le plov ouzbek à base de riz n’est rien de moins que l’ancêtre de la paella espagnole et du biryani indien ! 

Chacun trouvera donc un intérêt à ce livre : cuisinier, voyageur, historien en herbe ou simple curieux. On en oublierait presque l’essentiel : manger. Il est donc grand temps de passer à table, non pas devant les sbires du KGB mais devant un bon qurutob tadjik ou une soupe pomore des rives de la Mer Blanche.

Par Laurent Pfaadt

Florian Pinel, Jean Valnoir Simoulin, L’Archipel du Goulache
Aux Editions Noir sur Blanc, 264 p.

A lire également :

Nathalie Baravian, La cuisine arménienne, Actes Sud, 2007.

Le ghetto de Minsk

C’est en lisant l’ouvrage de Richard Rashke, Les évadés de Sobibor (1983) que j’entendis pour la première fois parler du ghetto de Minsk. Plusieurs déportés se trouvaient alors dans la ville notamment Alexandre Petchersky, officier juif de l’armée russe et leader de la révolte. Je découvris également que le ghetto fut secoué par la résistance d’une partie de la population juive.


Toute le monde connait le ghetto de Varsovie, celui de Lodz et d’autres en Pologne. Mais de Minsk, peu de traces. Car la ville, coincée entre Ukraine et Russie, capitale d’une Biélorussie fermée semble restée prisonnière d’un passé soviétique qui a longtemps minoré, caché l’Holocauste.

Lorsque la Wehrmacht, les Einsatzgruppen et leurs supplétifs notamment lituaniens conquièrent Minsk dans la foulée de l’invasion de l’URSS, le 28 juin 1941, ils y installent un ghetto qui compta jusqu’à sa liquidation en octobre 1943, près de 100 000 juifs et fut l’un des plus importants des territoires de l’Est.

Hersh Smolar, un juif communiste, se trouve à Minsk à ce moment. Il a réussi in extremis à faire évacuer sa femme et son fils. Passé un moment de sidération, il organise avec d’autres, l’embryon d’une résistance baptisée Organisation secrète de combat et fait le choix de s’allier aux partisans notamment ceux du commandant Diadia Vossia qui se trouvent dans les forêts environnantes. En compagnie du narrateur, le lecteur pénètre alors dans le dédale des rues de ce ghetto qui fait 200 hectares où Smolar et les autres juifs réunis dans cette armée des ombres se réunissent en secret, fabriquent des faux-papiers, se procurent des armes et surtout évacuent les enfants. Ces enfants justement « qui, dans le ghetto, avaient cessé d’être des enfants ». Ils ont dix, douze ans et servent de messagers ou de guetteurs. A 17-18 ans, ils sont les meneurs de la résistance. Cette résistance qui est également le fait de femmes magnifiques, ces amazones du ghetto emmenées par un personnage de roman, Emma Radova, cette « jolie jeune femme aux cheveux sombres, aux yeux noirs dans un visage rond » qui périra sous les coups de la Gestapo.

Rythmé, parfois angoissant, souvent rayonnant de courage, le récit d’Hersh Smolar s’apparente à un thriller où se livre une lutte entre le bien et le mal incarnée par le docteur Koulik qui fit de son service de maladies infectieuses à l’hôpital un sanctuaire pour les juifs persécutés et le Schärführer SS Ribe surnommé « le Diable aux yeux blancs ». Organisés, les juifs polonais et russes, occidentaux et orientaux travaillent en bonne intelligence, les uns ayant l’expérience de la clandestinité quand les autres apportent la connaissance du terrain.

Le livre avance comme guidé par une lumière que l’on croit parfois éteinte notamment lors des grands massacres de 1942 où, entre le 28 juillet et le 1er août, les Allemands exécutent près de 25 000 personnes. « La destruction, les mares de sang sur le sol, la désolation et le malheur, tout cela jetait un linceul de désespoir sur tous et sur chacun. Personne n’avait de paroles de réconfort à offrir, nulle part » écrit Hersh Smolar.

Pourtant, la résistance se poursuit. Avec les mots de Smolar, elle est admirable, mythique. C’est David contre Goliath, des juifs affamés et persécutés contre un régime tout puissant. L’Organisation secrète de combat est démantelée début 1943 et le ghetto liquidé en octobre. Alexandre Petchersky est là : « Les femmes et les enfants ont été transportés à la gare par des voitures. Les hommes ont marché. Sur la route nous sommes passés devant le ghetto (…) On pouvait entendre des gens se dire au revoir, certains pleuraient. Tout le monde savait ce qui les attendait ».

Hersh Smolar ne fut pas envoyé au camp d’extermination de Sobibor. Il survécut à la guerre avant de quitter la Pologne et d’émigrer en Israël. Grâce à son témoignage si précieux, le courage des hommes, des femmes et des enfants des ghettos porte un nom : Minsk.

Par Laurent Pfaadt

Hersh Smolar, Le ghetto de Minsk,
Chez Payot, 360 p.

La vie comme un souffle

Dans son nouveau roman, Joyce Carol Oates évoque la perte de l’être cher. Une nouvelle fois magnifique

« Car tu es poussière, et tu retourneras à la poussière » proclame la Genèse. Gérard McManus fut un brillant intellectuel de Harvard venu enseigner à l’Institut de Santa Tierra au Nouveau-Mexique. Après un cancer qu’il affronta en compagnie de sa deuxième femme, Michaela, il fut réduit à 3,1 kg de cendres. De notre naissance à notre mort, notre poids n’a que peu varié mais chacun a vécu pendant 70-80 ans une vie faîte de joies, de peines, de contradictions qu’explore depuis plus de soixante ans la romancière américaine Joyce Carol Oates, véritable peintre des batailles qui secouent notre cerveau. D’ailleurs ce n’est pas un hasard si l’ouvrage sur lequel travaillait Gérard s’intitulait « Malaise dans le cerveau humain ». Un titre qui sonne chez Oates comme le résumé d’une œuvre bâtie livre après livre. Sorte de Malaise dans la civilisation américaine par cette Freud des lettres américaines.


Dans ce nouvel opus, toujours publié chez le fidèle Philippe Rey, celle qui s’attache à analyser sans relâche nos psychoses et nos peines, s’attarde sur la peine finale, celle de la mort non pas pour celui qui la vit mais pour celui qui la voit, qui la ressent sans mourir. Ici en l’occurrence Michaela, la femme de Gérard qui accompagne, seule, son mari jusqu’au seuil de la mort avant d’errer, à nouveau seule, dans les limbes du deuil.

Respire est bel et bien un thrène au sens aussi bien antique que contemporain. D’ailleurs, la référence à l’Antiquité n’est pas galvaudée puisque l’opéra favori de Gérard est celui d’Orphée et Eurydice de Glück, cette histoire d’amour maudite. Maudit, tiens un autre roman de Joyce Carol Oates. Car Michaela semble condamnée à errer dans ce monde parallèle qui n’est ni la folie, ni la réalité en compagnie des mânes de Gérard. « Tu sais que je suis ici, Michaela. Mais je suis ailleurs » entend-elle. Michaela, cette femme qui, toute sa vie, a cherché sa légitimité auprès de cet homme.

Plus on avance dans cette magnifique variation du chagrin et du deuil enveloppée de ce voile de solitude, plus Respire… nous apparaît comme un condensé de l’œuvre de l’écrivaine. Michaela semble modelée avec la propre autobiographie de l’autrice dévoilée notamment dans J’ai réussi à rester en vie (2021) où elle raconta son deuil après le décès de son mari Raymond Smith. Et cette réalité parallèle, ce calque opaque de la réalité qui fait la grande force des romans de Oates, se teinte d’une dimension animiste, sorte de gothique qu’elle trempe dans le brasier du Nouveau-Mexique.

Si on y ajoute le stupéfiant travail de projection de l’esprit humain dans les objets et la prodigieuse résilience que Joyce Carol Oates insuffle à tous ses personnages notamment féminins où, à l’instar de Michaela, ils trouvent dans leurs souffrances, leurs humiliations, le rabaissement de leurs conditions, matière à leur survie, Respire…constitue non seulement un nouveau tour de force littéraire mais ajoute une pierre supplémentaire à un édifice qui, assurément, demeurera et ne retournera pas, comme tant d’autres, à la poussière.

En plus de son nouveau roman, les éditions Philippe Rey publient également de Joyce Carol Oates une nouvelle série de quinze nouvelles inédites sous le titre d’Un (autre) toi qui mettent en scène des personnages aux prises avec les aléas du destin et où, une fois de plus, le fantastique côtoie la réalité.

Par Laurent Pfaadt

Joyce Carol Oates, Respire…
Aux éditions Philippe Rey, 400 p.

Joyce Carol Oates, Un (autre) toi, Philippe Rey, 352 p.

Tchaïkovsky

Délaissant un moment ce Chostakovitch dont il a entrepris d’enregistrer l’intégrale des symphonies, Le London Symphony Orchestre et son principal chef invité, Gianandrea Noseda ont décidé de rester dans cette Russie qui ne s’appelait pas encore URSS pour s’atteler à deux figures du répertoire russe : Tchaïkovsky et Rimsky-Korsakov.


Monument de la musique symphonique romantique et pièce maîtresse de l’édifice musical tchaïkovskien, la cinquième est de loin la plus belle symphonie du compositeur, tout emplie de drames et d’émotions. Fidèle aux origines, d’une pureté presque parfaite, la version du chef italien est magnifique. Exaltant le lyrisme inhérent à l’œuvre grâce à des cuivres brillants qui donnent une impression de puissance sans exagération et manifestant un sens du tempo parfait, son interprétation est de très grande qualité et s’inscrit indiscutablement dans celle du grand Mravinsky réalisée en 1983 et gravée chez Erato. Avec ce disque supplémentaire, Gianandrea Noseda s’affirme un peu plus comme l’un des grands interprètes du répertoire russe en digne héritier des Mravinsky et Jansons.

La suite Kitezh plonge quant à elle l’auditeur dans une atmosphère de légendes et d’aventures. Grâce à son chef, le LSO est plus qu’un orchestre, c’est un conteur. On a hâte de les entendre sur les Tableaux d’une exposition de Moussorgsky. Un disque qui devrait trouver sa juste place dans la discothèque de tout passionné de musique russe.

Par Laurent Pfaadt

Tchaïkovsky, Symphony n°5, Rimsky-Korsakov, Kitezh Suite,
London Symphony Orchestra, dir. Gianabdrea Noseda
LSO Live

Berlin mon garçon

L’épidémie de Covid 19 nous en avait privé mais cette fois-ci la pièce est bel et bien là, au TNS et nous nous en réjouissons.

C’est une pièce qui interpelle aussi bien par son contenu que par sa forme. De l’auteur, Marie Ndiaye, artiste associée au TNS nous avions pu voir « Hilda » en octobre 2021 et « Les Serpents » en avril 2022 qui, toutes deux nous avaient impressionnés par les situations humaines, bouleversantes qu’elles révélaient.


Il en est de même avec « Berlin mon garçon » qui répond à une commande de Stanislas Nordey à propos du terrorisme et nous conte l’histoire d’un adolescent qui quitte soudainement sa famille pour aller vivre à Berlin mais ne donne aucune nouvelle de lui et reste injoignable.

C’est l’histoire de cette mère, Marina, qui n’y tenant plus décide de se rendre à Berlin pour le retrouver et le ramener avec elle à Chinon où, avec son mari, Lenny, elle tient une librairie.

Son arrivée à Berlin lui réserve quelques surprises, celle de découvrir une ville surprenante, décevante, pour ainsi dire maléfique à ses yeux, alors que nous voyons projetés sur l’écran en fond de scène un défilé de magnifiques points de vue, en noir et blanc, sur l’architecture du Berlin reconstruit après la guerre (scénographie Emmanuel Clolus)

Surprise aussi celle d’être attendue à son arrivée par son futur logeur, un certain Rüdiger, enfin d’apprendre, par celui-ci, que, d’après les nouvelles lois en vigueur, il sera présent dans le logement qu’elle a retenu chez lui dans le Corbusierhaus, ce grand ensemble d’immeubles, imitation de la Cité radieuse de Le Corbusier à Marseille.

Elle est là, dans cet espace gris et vide, petite femme bien droite dans son manteau orange, (costumière Anaïs Romand) exposant son point de vue sur Berlin, ville de liberté, de plaisirs qui aurait attiré son fils et annonçant la quête qu’elle entend y mener. Lui, Rüdiger, se rapprochant d’elle, confie le tourment que lui cause cette cohabitation imposée par les récentes directives de location, sans oublier ces choucas, oiseaux noirs, nombreux et bruyants qui volent au-dessus de l’immeuble et risquent d’importuner son hôte. Mais, ces considérations sont formulées comme un discours intérieur qu’il destine à lui seul, de même pour son autoportrait où il se dit
« homme gentil et serviable ». Cette forme de discours indirect avec souvent l’emploi de l’imparfait est pour le moins originale et sera de mise à maintes reprises au cours des rencontres que cette aventure va susciter. Une cohabitation des discours, en quelque sorte, une forme de distanciation pertinente puisqu’elle correspond aux mondes parallèles dans lesquels vivent les protagonistes. Ainsi, présentement, elle, obsédée par la recherche de son fils ne parlant que de cela et lui, rompant avec la discrétion qu’il voulait s’imposer, décidant de l’aider.

Bientôt, nous serons dans  un autre lieu mais auparavant, c’est le noir sur le plateau et la projection d’ un dessin animé représentant Pinocchio avec des oreilles d’âne, allusion évidente à la désobéissance des enfants qui se laissent facilement séduire par de fallacieuses promesses (vidéo Jérémie Bernaert).

Nous sommes maintenant à Chinon. Autour du plateau, des livres ont été disposés C’est la librairie tenue par Marina et Lenny un lieu de culture dont Lenny est fier et non une « boutique » comme sa mère, Esther se complaît à le dire, il le lui signale violemment lors de sa visite. Leur rencontre est houleuse. Elle est venue le voir pour parler de son petit-fils dont l’absence l’inquiète et de ce silence que son fils maintient à ce propos, silence qu’elle juge dommageable car elle craint le pire concernant le jeune homme. Elle le met en demeure de prendre ses responsabilités et d’aller lui aussi le chercher. Femme autoritaire, elle prétend pénétrer dans les pensées de son fils et lui-même avouera « ma mère parle en moi ».

Après un nouvel intermède où l’on revoit un Pinocchio aux oreilles d’âne encore plus longues, on retrouve dans son appartement Marina qui reçoit Charlotte, la dernière compagne du fils dont elle est sans nouvelle. Rudiger assiste à leur entretien, chargé de traduire les propos de Charlotte et coup de théâtre, voilà qu’il prend en charge la situation et donne à entendre ce qu’il pense rassurant pour Marina et qui est l’inverse de ce que raconte la jeune fille dont le visage apparaît en gros plan sur l’écran et témoigne de son angoisse, des craintes qui l’habitent concernant les projets du garçon, capable, si ce n’est déjà fait, d’accomplir l’irréparable. Elle évoque cela, mais Rüdiger traduit à Marina que le garçon va bien et qu’il est parti à Munich. Elle fait semblant de l’admettre malgré les doutes qui subsistent en elle en voyant le visage affligé de Charlotte.

Quand nous retournerons dans la libraire ce sera pour entendre Esther adjurer Lenny de partir à Berlin avec ce viatique qu’elle répète tournée vers le public « va mon enfant et ne commets pas de faute ». C’est sa morale, celle, pense-t-elle, que les parents n’ont pas inculquée à leur fils.

Lenny ira à Berlin, prêt à fouiller la ville, affirme-t-il pour le retrouver et changer ses tristes habits contre « la chemise à fleurs » qu’il lui destine. Mais Marina qui se souvient que Lenny a été « glacé »  pense-t-elle, avec son fils et lui a souvent parlé durement, lui demande de rentrer à Chinon, puisque, d’après ce qu’on lui a dit, le garçon  est parti vivre sa vie à Munich.

Quant à elle, elle renonce à aller à Munich et réconciliée avec Berlin, de s’y installer, délivrée de sa culpabilité. 

Le texte de et Marie Ndiaye aborde la grande question de l’éducation des enfants, de la façon dont on les aime et de la culpabilité que l’on peut éprouver lorsque ceux-ci prennent un chemin qui les amène au bord du gouffre. Comme elle le fait dire par le personnage de Charlotte ; « demandez-lui ce qu’il a vécu d’effroyable à Chinon pour transporter jusqu’à Berlin un cœur si haineux ». Il met aussi en exergue le mystère de chaque être, la liberté individuelle, l’émancipation dont Marina donne l’exemple et la solidarité dont fait preuve Rüdiger à son égard.

Tout cela exprimé dans une langue superbement travaillée et dans un style qui privilégie le discours intérieur, les adresses imaginées à l’interlocuteur présent ou non, la parole qui devient narrative, formes dont nous sommes amenés à faire usage dans certaines circonstances.

La mise en scène pertinente de Stanislas Nordey donne toute sa place au texte et au jeu des comédiens particulièrement bien choisis pour cette délicate interprétation.

Hélène Alexandridis  campe une Marina, femme à la fois fragile et forte, angoissée par le départ inopiné de son fils,  mais déterminée, volontaire, capable de se métamorphoser pour s’en sortir, toujours debout,  la comédienne assume la partition complexe que son rôle lui réserve à côté de Claude Duparfait qui, lui, est le logeur un peu complexé mais attentif, sachant dépasser sa maladresse pour se faire menteur, sauveur.

Laurent Sauvage se présente, à l’opposé,  comme un Lenny , volontiers fier et hâbleur, parlant fort et facilement accusateur, révélant une certaine dépendance vis-à-vis d’Esther, sa mère, dont le rôle tenu par Annie Mercier impressionne car la comédienne  à la voix rauque sait  se montrer envahissante et péremptoire, captant l’attention du public pour donner ses conseils de bonne éducatrice.

Dea Liane fait une Charlotte désemparée, avertisseuse de la catastrophe qui guette le garçon, son ex- petit ami et qui, sans hésitation, remet en cause sa vie d’avant à Chinon où une cliente de la librairie jouée par Sophie Mihran dit avoir vu changer le garçon au cours de son adolescence.

Une pièce qui ne manque pas de questionner notre sens de la responsabilité soumis aux aléas du mystère de l’être humain.

Marie-Françoise Grislin

Représentation du 9 novembre

A l’affiche jusqu’au 19 novembre au TNS 

CAVALLERIA RUSTICANA

Cavalleria Rusticana ist einer der Pfeiler des italienischen « Verismo »und sicher eine der beliebtesten und meist gespielten Opern in der Welt. Altvater Verdi hat das Werk sehr gelobt. Leider konnte Mascagni den riesigen Erfolg des Werkes nicht mehr erreichen, wenn man auch « Iris » und « Isabeau » bevorzügen kann.


Thomas Hengelbrokhat die Originalpartitur studiert und beschlossen die Urfassung des genialen Wurfs zu geben. Und siehe, das Original klingt viel moderner, besonders in den Chören die beinahe avantgardiste Züge zeigen und developpierter als in der revidierten Fassung sind. So ist die Eintrittsarie des Alfios, mit Chor, viel bewichtiger und gibt der Partie  des Baritons meht Präzens. Das Trinklied des Turiddu ist auch viel länger, eine der Strophen wird mit Lola dargebieten, und der Chor gerät immer mehr in beinahe orgiastische Ausbrüche.

Das Bedeutenste aber ist das Santuzza nicht für Mezzo oder für ein Hochdramatischen Sopran gedacht ist, aber für einen lyrischen, was der Partie eine jugendliche Farbe verleiht ! Wir haben es hier mit einer jungen Frau, nicht mit einer Diva zu tun.

Die Besetzung fügt sich ganz in diese neue Perspektive ein. 

Die Rolle der Santuzza wird von Carolina Lopez Moreno mit jugendlicher Stimme vorgetragen. Ihr lyrische Sopran verfügt über eine wunderbar strahlende Höhe, überzeugt aber auch im tieferen Register. Die Kunst des Legatos und die wunderschönen Nuancen erlauben ihr das rührende Porträt einer liebenden jungen Frau zu gestalten. Da die Sängerin auch Bildhübsch ist und ein feines darstellerisches Gefühl hat kann man ihr eine grosse Karriere voraussagen.

Als die Rivalin Lola, überzeugt Eva Zaïcik mit ihrem leichten Mezzo.

Elisabetta Fiorillo , die eine fabelhafte Karriere hinter sich hat, gestaltet eine tragische Mamma Lucia, ohne je ins pathetische zu entgleisen. Die Stimme ist immer noch schön timbriert und die Ausprache hervorragend.

Giorgio Berrugi gestaltet Turiddu mit seinem schönen, strahlenden Tenor, weiss aber auch den Nuancen der Partie völlig gerecht zu werden.

Alfio wird von Domen Krizaj tadellos vorgetragen. Seine schöne Baritonstimme entfaltet sich in der Rolle, die hier viel gewichtiger ist als in der üblichen Fassung. Sein Alfio ist nicht der brutale Fuhrmann den man gewohnt ist sondern ein junger, verliebter und betrogener Mann.

Thomas Hengelbrock kostet jede Nuance der Partitur aus, die sehr geschickt orchestriert ist und nichts mit manchen Grobheiten eines falschen Verismo zu tun hat. Das grossartig spielende Balthasar Neumann Orchester ist total im Einklang mit dem Dirigenten, sowie der tadellos singende Balthasar Neumann Chor der die heiklen Stellen dieser Fassung völlig meistert.

Um das Gewicht der katholischen Kirchen in Sizilien zu unterstreichen, hat Thomas Hengelbrok das Credo der « Missa di Gloria » von Puccini vor Beginn der Oper dirigiert. Es ist sicher nicht das Beste was Puccini geschrieben hat und war eigentlich überflüssig, trotz der schönen Darbietung des Tenors.

Man kann nur wünschen das die Opernhäuser die Originalfassung des Werkes in ihren Spielplan aufnehmen werden.

Jean-Claude Hurstel

Festspielhaus Baden-Baden Freitag, den 11 November 2022
PIETRO MASCAGNI

X

Un film de Ti West

Grand amateur de films de genre, Ti West n’a cessé de clamer son amour pour la grande époque du film d’horreur des années 70 et 80. Révélé par le film d’horreur The Roost (une soirée d’Halloween pas comme les autres…), sorti en 2005, il a ensuite confirmé son penchant pour l’horreur avec Cabin fever 2, The House of The Devil et surtout The Innkeepers, où son histoire sur les derniers jours d’un vieil hôtel hanté avait ravi les amateurs.

Avec X, il regarde du côté d’un illustre cinéaste récemment disparu, le pape de l’horreur rurale Tobe Hooper (Massacre à la tronçonneuse 1 et 2, Le Crocodile de la mort, Poltergeist, The Mangler, l’Invasion vient de Mars…). Les premières images donnent immédiatement le ton. Le décors, une vieille maison qui ne paye pas de mine, perdue au milieu de la campagne. Une voiture de police s’approche. Les protagonistes, un shériff et son adjoint. Sur le sol, les restes sanglants de ce que l’on devine être un corps humain, sous un drap imbibé. L’histoire commence par la fin, pour rapidement reprendre au tout début.

La musique se fait enjouée, douce, légère. On fait la connaissance d’une bande de jeunes quittant la banlieue industrielle de Houston, en 1979. La folle équipe part tourner un long-métrage à la campagne. La petite amie du producteur aspire à devenir une star, elle n’entend pas accepter autre chose que la célébrité et refuse une vie médiocre. Sur ses lèvres, une des stars de l’époque, la divine Linda Carter, qui sortait tout droit de 60 épisodes de Wonder Woman, la série qui lui avait valu la célébrité. On comprend que ce petit monde veut aller vite et loin, très loin…

Des images s’échappent d’une vieille télévision en noir et blanc. Un prédicateur blanc s’enflamme, exhorte la foule de ses fidèles à suivre le Seigneur, et à pourchasser le Mal sous toutes ses formes. L’intolérance est élevée au rang de vertu, et la tentation est à bannir. Car c’est de cela qu’il s’agit, de tentation. Et là nous revenons à notre petite équipe, qui est là pour tourner un film adulte à l’abri des regards, dans une vieille bicoque louée pour une bouchée de pain.

Arrivés à bon port, ils rencontrent le vieux propriétaire de la ferme et s’installent. Ti West prend son temps, construit méthodiquement son histoire, nous fait découvrir les lieux, méticuleusement. Puis il développe chacun de ses personnages, aborde leur psychologie. Il fait le portrait d’une jeunesse insouciante, qui n’aspire qu’à profiter de tout le bon temps qu’elle peut avoir. C’est aussi simple que cela. Ce faisant, il créé un lien avec le public, afin de renforcer ce qui va suivre. L’horreur viendra plus tard.

Le metteur en scène suit une trame balisée. Certaines scènes sont certes prévisibles, mais Ti West y apporte un soin particulier, jusque dans la musique qui les accompagne. Cumulant les casquettes de réalisateur, scénariste, monteur et producteur, Ti West s’est assuré la maîtrise de son long-métrage. Son approche de l’horreur a d’autant plus d’impact qu’il a articulé son film en deux parties. Dans la seconde il laisse la violence éclater, sans aller dans la surenchère. Il n’y a pas de scènes de trop, pas de fioritures, la durée du film (1H45) est parfaite pour trouver un équilibre entre les deux parties. L’hommage rendu ici au sous genre du slasher fonctionne parfaitement, la sincérité du cinéaste s’exprimant d’abord par l’histoire racontée, puis par de nombreuses scènes qui nous rappellent les classiques du genre.

Dans la paysage cinématographique actuel, en particulier celui de l’horreur, X est une bonne surprise. Le long-métrage fait revivre aux spectateurs les grands frissons partagés à l’époque par d’autres générations. Des frissons qui n’ont rien perdu de leur force, et qu’on ne se lasse pas de ressentir, dans le noir…

Jérôme Magne

Une jeunesse en enfer

Un adolescent couche sur le papier sa vie durant le siège de Leningrad. Bouleversant


Ce qu’il y a de fascinant avec les livres et les manuscrits, c’est les chemins qu’ils prennent pour arriver jusqu’à nous. Même dans les situations les plus extrêmes, les plus inextricables, ils demeurent, survivent au feu, à la mort, à l’oppression et à la destruction systématique et organisée des hommes. Comme si l’histoire, avec sa volonté propre, veillait sur ces documents pour qu’ils nous parviennent.

Tel fut le cas du journal de Iouri Riabinkine, jeune adolescent de quinze ans enfermé dans l’immense piège qu’Adolf Hitler tendit à la ville de Leningrad. Perdu, à moitié brûlé, son journal réapparut à l’occasion d’un recueil de contributions sur le siège avant de retrouver son propriétaire puis d’être enfin publié.

A l’image d’une Anne Frank dont il soutient aisément la comparaison, le jeune Iouri ne s’attendait pas à laisser à l’humanité cet exceptionnel témoignage. Car comme dans le cas de l’invasion des Pays-Bas, celle de l’URSS par la Wehrmacht à partir du 22 juin 1941, changea le destin du jeune adolescent. A cet instant, il n’est que l’un de ces milliers d’enfants vivant dans l’ancienne St Pétersbourg. On est encore confiant. Tout le monde en est convaincu : Staline ne laissera jamais les armées du Troisième Reich prendre la ville. Alors jusqu’au 8 septembre, on vit la guerre certes mais on ne la subit pas. Iouri ne sait pas alors qu’il vient d’entamer les 872 jours de siège qui transforma la cité en une tombe à ciel ouvert.

« Adieu mes rêves d’enfant ! » écrit-il alors. Effectivement aux rêves succèdent des cauchemars qu’il vit les yeux ouverts. Les lignes de Iouri Riabinkine sont lentement rongées par la vermine, le froid, la mort, la culpabilité et surtout la faim. Et tandis que l’hiver 41-42 où les températures descendent jusqu’à -32° s’abat sur la ville, Iouri tente de conserver son humanité tout en vivant dans « la faim, le froid, parmi les puces ». Car la faim est partout. On mange le cuir, la tapisserie, ses semblables. Elle est sur les corps. Dans les âmes. Elle obsède et devient sous les mots de Iouri, un être maléfique : « Je voudrais une mort rapide, sans douleur, pas une mort causée par la faim, ce fantôme sanguinaire qui est si proche » supplie-t-il.

Le journal de Iouri Riabinkine ne fut certes pas le seul témoignage sur le siège de Léningrad, on pense notamment à celui de Lena Mukhina (non traduit), mais la puissance de ce texte frappe par cette lutte intérieure et extérieure que le jeune homme mena pour ne pas devenir une bête, face à l’anéantissement de sa propre condition. C’est le journal d’un adolescent devenu un vieillard sans avoir été un homme qui oppose à la fatalité d’une guerre et à une mort dévoreuse d’enfants une résistance admirable. Cette mort qui, chaque jour, le prive de forces, lui et son récit qui gagne alors en intensité. Ce dernier finit par s’estomper, jusqu’à s’éteindre sur ces mots : « Le temps traîne si lentement, si longtemps… Oh, mon Dieu, qu’est-ce qui m’arrive ? ».

Chaque adolescent devrait lire ce texte qui doit être montré, étudié dans chaque collège, chaque lycée, chaque école. Un texte qui selon les mots de Sarah Gruszka, historienne qui a coordonné ce projet « devrait rejoindre le vivier des grands témoignages de ce XXe siècle sanglant ». Oui, indiscutablement.

Le temps a traîné cher Iouri mais sache que ta résistance ne fut pas vaine. Elle est parvenue jusqu’à nous. Magie de l’Histoire ou hasard du destin, magie du destin ou hasard de l’histoire, je ne sais pas. Mais ton livre et ton courage demeurent aujourd’hui.

Merci.

Par Laurent Pfaadt

Iouri Riabinkine, Le siège de Leningrad, Journal d’un adolescent (1941-1942), traduit du russe par Marine Bobrova
Aux éditions des Syrtes, 236 p.

L’année du tournant

Il y a quatre-vingts ans, jour pour jour, était déclenchée l’opération Torch, le débarquement allié en Afrique du Nord, première étape de la reconquête d’une Europe passée sous le joug nazi.


Deux mois plus tôt, la Wehrmacht commençait le siège d’une ville qui allait se refermer sur elle et symboliser sa défaite : Stalingrad. Au même moment, de l’autre côté du globe, les Américains livraient une autre bataille dantesque, celle de Guadalcanal, après une autre, en juin, non loin de l’atoll des îles Midway.

1942 constitua réellement le tournant de la seconde guerre mondiale. C’est ce que montrent parfaitement Cyril Azouvi et Julien Peltier dans ce livre passionnant alliant pédagogie et érudition. Porté par une rédaction et un graphisme particulièrement réussi signé Julien Peltier qui séduira à coup sûr les plus jeunes, ce livre s’ouvre à n’importe quelle page, à n’importe quelle session pour en croquer tel détail, étudier une carte en compagnie du maréchal Paulus, comparer le Panzer III et le Crusader durant la bataille du désert ou lire une analyse historique. Tout est fait pour faire de cet ouvrage, le livre de chevet par excellence pour tout passionné du second conflit mondial.

Ainsi présentées, les grandes étapes de cette année charnière montrent ainsi un Troisième Reich engagé dans une course à l’abîme tant sur le plan militaire que dans son aveuglement idéologique. Les focus mis sur certains points donnent ainsi une réalité palpable aux théories et grandes opérations de cette année 1942. Il y a presque un côté cinématographique à voir la comparaison des fusils à Stalingrad ou dans les face-à-face des acteurs qui animèrent cette sombre année. Amis ou ennemis, tels Himmler/Heydrich ou Rommel/Montgomery, ces portraits permettent l’indispensable incarnation d’un conflit car il est bien connu que l’histoire est avant tout faite par des hommes…et des femmes que les auteurs n’oublient pas comme en témoigne la Résistance française ou ces femmes soviétiques pilotes de chasse dans le ciel de Stalingrad, ces « sorcières de la nuit » pour citer le récent roman de Chantal Malaval (Préludes)

1942 fut également l’année de l’accélération de la Shoah. Le 20 janvier 1942 se tint la conférence de Wannsee qui décida de la solution finale de la question juive. Et les auteurs de montrer l’accélération de la machine de mort nazie marquée notamment en France par la rafle du Vel d’hiv, les 16 et 17 juillet.

Les Américains quant à eux, engagés sur le front du Pacifique, préparaient les contours d’une victoire qui allait intervenir trois ans plus tard. Le 6 janvier 1942, le président Franklin D. Roosevelt lançait le « Victory Program », vaste programme d’armement qui profita notamment à l’URSS d’un Staline devenu un allié. Et dans le plus grand secret commencèrent les premières recherches du projet Manhattan sous la responsabilité de Robert Oppenheimer qui, malgré ses sympathies communistes, s’était vu confier la concrétisation d’une bombe nucléaire qui allait, non seulement renverser le cours de la guerre mais permettre aux Etats-Unis de dominer l’après-guerre.

Pour autant, ce 8 novembre 1942, les boys américains posant le pied sur le sol africain ne se doutaient pas que leur pays allait devenir une super-puissance. Seule comptait alors la délivrance de l’Europe. Mais nous, lecteurs, nous connaissons, grâce à ce livre vivant, la suite de l’histoire.

Par Laurent Pfaadt

Cyril Zouvi, Julien Peltier, préface d’Olivier Wievorka, 1942, Passés composés

A lire également sur cette année 1942 :

Chantal Malaval, Sorcière de la nuit, Préludes, 384 p.

Joseph Haydn

C’est un Joseph Haydn arrivé à sa maturité qui composa en 1788 les quatuors de l’opus 54. Celui-ci demeure encore aujourd’hui comme une sorte d’absolu pour toute formation musicale.


La montagne était donc difficile à gravir pour le quatuor Psophos, ensemble français fondé en 1997. Pour autant l’ascension de ce monument fut facilitée par leur illustre aîné, le quatuor Ysaÿe, auprès de qui il s’est formé et qui a laissé non seulement une interprétation d’anthologie en 2006 mais également un enregistrement remarqué de l’opus 54.

Celui que propose le quatuor Psophos témoigne d’une incroyable beauté, presque iréelle. Ses mouvements apparaissent comme des neiges éternelles musicales, empreintes de sérénité, de légèreté et de sensibilité. Avec en guise d’apothéose l’adagio du n°2, véritable révélation mais également un apaisant allegretto du n°1 ou un largo du n°3 avec ses airs de vent. Pareil à du miel, cette musique nous apaise, nous enchante.

Léger comme un nuage posé sur le toit du monde musical que le quatuor Psophos a indéniablement atteint. On attend avec impatience l’ascension d’un nouveau sommet.

Laurent Pfaadt

Haydn, Opus 54, Quatuor Psophos,
Enphases