Un faible degré d’originalité

Il faut de l’audace pour choisir de traiter un sujet à priori aussi peu théâtral que celui des droits d’auteur car ça paraît un peu technique et juridique. Mais, confié à un certain Antoine Defoort,  créateur de « L’Amicale », une coopérative de production et de création bruxello-lilloise, ça change tout. En effet car Antoine Defoort est un humoriste convaincu qui déclare sans vergogne :
« qu’on ne peut être sérieux que lorsqu’on déconne un minimum ».


Le Maillon avait invité « L’Amicale » à montrer quelques-uns de ses spectacles et le public a comme toujours répondu nombreux à cette invitation. 

Nous voilà donc embarqués pour plus d’une heure de spectacle avec ce comédien très doué qui entame sa conférence d’une manière surprenante en nous interprétant quelques scènes du film « Les Parapluies de Cherbourg », dont il joue sans vergogne tous les personnages  et qu’il aurait voulu  adapter au théâtre  ce qui a été refusé par les Ayants droits ,manière donc d’introduire son sujet par des travaux pratiques. Pour aborder le sujet de la propriété intellectuelle des œuvres de l’esprit, Alain Defoort imagine une causerie familière et pour ne pas nous dissimuler  la complexité du sujet , il nous engage, métamorphiquement  à entamer avec lui une randonnée en montagne dont de temps à autre il nous rappellera les étapes et pour jouer le jeu  jusqu’au bout il nous fera remettra en partant un « Topo-guide », drôle par ses illustrations et très complet par rapport à certaines notions comme « le mécénat » ou « l’intermittence ». Humour et pédagogie astucieusement associés comme il se doit avec cet artiste.

Mais d’abord, nous partons avec lui dans l’Histoire pour quelques rencontres capitales en particulier dans ce XVIIIème siècle, siècle des Lumière avec un certain Denis Diderot que notre guide « accueille » avec déférence et qui voulait rémunérer les auteurs pour encourager la création et favoriser le développement humain. On y croisera aussi Condorcet lors de la Révolution française, très attaché à la culture.

 Il nous faudra nous familiariser avec les notions de propriété des oeuvres, du droits d’auteur, du copyright mis en place par les Anglais vers 1710, justement pour protéger les auteurs comme la France le fera en 1791 avant que tout cela  soit confirmé lors de la Convention de Berne en 1886 par une loi qui donne le droit de propriété exclusif l’auteur.

L’idée de rémunérer les artistes  a fait son chemin et donne même aux héritiers, aux ayants doits la possibilité de profiter de son exploitation jusqu’à 70 ans après la mort de l’auteur. C’est là que  Alain Defoort ne peut résister  à raconter la rocambolesque succession du compositeur Maurice Ravel. C’est  en manipulant quelques boîtes en carton et en les positionnant selon leurs tailles que notre conférencier quittant son pupitre nous illustre ses propos, ce qui ne manque pas d’être surprenant et drôle.

Enfin de parcours il aborde l’actualité, parlant de la quatrième révolution, après celle du langage articulé, celle de l’écriture, puis de l’imprimerie, celle de l’internet  qui permet un accès libre aux œuvres et pose à nouveau le problème de la rémunération.

On redescend de la montagne, la tête toute pleine de notions diverses et variées sur la question épineuse des droits d’auteur et totalement admiratifs de la performance de l’artiste qui nous a captivés pendant plus d’une heure.

 Marie-Françoise Grislin

Représentation  du 10 novembre au Maillon