Nous l’avons déjà vu au Maillon où il nous a étonné par sa créativité et ses capacités à se mouvoir dans l’espace, faisant de son corps une super machine, inépuisable, semble-t-il à inventer d’improbables postures.
Le Maillon lui a offert l’opportunité d’animer ce lieu pendant 10 jours et le public fidèle et curieux n’a pas hésité à profiter de ses nombreuses propositions, en commençant par l’évaluation des ses propres mesures et capacités dans le petit « cabinet médical » aménagé à cet effet dans le hall.
Personnellement nous avons pu assister à deux de ses prestations, dont la première intitulée « Through the Grapevine » était une remarquable performance où il explorait un duo avec son acolyte Axel Guérin, jouant à mettre en évidence leurs différences de mensurations et à les exploiter à travers des approches, des corps à corps éblouissants de beauté , de prestance et de virtuosité, de drôleries parfois quand bras et jambes entremêlés se font image d’un être protéiforme ou d’un animal imaginaire.
C’est le corps qui parle car ici nous assistons à un spectacle sans parole mais ô combien parlant puisqu’il dit le corps dans toutes son expressivité, et dévoile sa capacité à la maitrise, à la sensibilité, à la nécessaire complicité dans la rencontre avec l’autre pour atteindre cette virtuosité dans des prestations audacieuses, singulières, émouvantes.
Dans le spectacle « Foreshadow » il propose aux sept danseurs- circassiens qui l’accompagnent de se confronter à un mur de six mètres de haut pour en faire leur partenaire de jeu. Ils vont aller s’y cogner avant de rebondir sur le plateau et d’entreprendre une chorégraphie originale dans laquelle ils se tiennent par la main, se détachent, se repoussent, s’enlacent, opèrent une chaîne. Toujours dans un rythme de mouvement perpétuel, fluide, rapide que soutient la musique rock. Quand ils se retrouvent au pied du mur c’est pour de livrer à des acrobaties où les corps se superposent, les uns devenant le support de l’autre opérant des jeux d’équilibre, s’agrippant au mur pour l’escalader à l’aide ce l’un ou de l’autre prêt à le soutenir dans ses tentatives. Leurs prestations sont remarquables dans leur façon de défier la gravité avec ténacité et avec ce sens d’une complicité indéfectible qu’ils manifestent entre eux et qui permet la réussite de ces étonnantes figures acrobatiques.
Marie-Françoise Grislin
Représentations des 30 mai et 7 juin au MAILLON