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Les Passagers de la nuit

un film de Mikhaël Hers

C’est l’apanage des réalisateurs de talent … Mikhaël Hers fait entendre sa petite musique, de film en film, toujours surprenante. On avait aimé Ce sentiment de l’été et Amanda. Avec Les Passagers de la nuit, le sentiment pregnant du manque de ce qui n’est plus nous étreint encore mais ce n’est pas de la tristesse, plutôt une mélancolie qui rend triste et heureux à la fois, et nous accompagne longtemps.


10 mai 1981, Mitterrand est élu, c’est la fête dans les rues. Immersion en ces années 80 en compagnie d’Elisabeth que son mari a quittée et de ses deux enfants, Matthias et Judith qui vont grandir. Ils habitent Beaugrenelle, à Paris, dans le 15ème, un quartier de tours, peu filmé au cinéma, avec ses espaces hétéroclites pourtant très inspirants. L’appartement d’Elisabeth aux grandes fenêtres qui donnent sur d’autres immeubles crée un vertige urbain. Elisabeth, Charlotte Gainsbourg (magnifique dans ce rôle) est fan d’une émission radio émise la nuit. Comme elle doit gagner sa vie, elle postule à un emploi auprès de l’animatrice de l’émission (Emmanuelle Béart). En ces années 80, les audaces sont encore permises et Elisabeth est facilement accueillie. Qu’elle soit mal payée n’est pas si grave pour elle. C’est l’épanouissement personnel qui est important, le sentiment d’être à la bonne place – ou bien la chercher, comme le fait Matthias, personnage à travers lequel Mikhaël Hers interroge l’adolescent qu’il a été. Quand la jeune Talulah, une SDF, entre dans leur vie, elle les révèle à eux-mêmes, à leurs doutes, leur fragilité.

© Pyramide Distribution
Copyright Pyramide Distribution

Mikhaël Hers est un passionné de ces années qu’il a traversées quand il était enfant et notamment de ses musiques. Le tournage dans les décors et au milieu des objets de cette presque fin du 20ème  siècle a dû être jubilatoire. Il ne s’agissait pas de faire une reconstitution muséale. Le film est tissé de plusieurs sources d’images, de différents formats dont des archives, de manière à faire éprouver de manière sensorielles ces années 80, années qui ont vu l’émergence de nouveaux réalisateurs. Sur le toit de l’immeuble, un néon dans la nuit renvoie à l’esthétique de Beineix même si Mikhaël Hers dit ne pas connaître ses films, mais aussi de Wim Wenders, cité avec une affiche de Paris Texas. Et c’est une icône qui hante le film, une icône et une figure emblématique de ces années 80 où gagne la désillusion. Pascale Ogier habite le film, l’actrice trop tôt disparue, que l’on retrouve avec Lucchini dans un extrait des Nuits de la pleine lune de Rohmer ou encore dans un extrait de Pont du nord de Rivette. Les Passagers de la nuit s’ouvre sur le personnage d’une jeune femme, sac au dos, peut-être aussi une réminiscence de Mona, Sandrine Bonnaire dans Sans toit ni loi. Le personnage de Talulah fait écho à Pascale Ogier. Elle est accueillie par Elisabeth, démunie face à la détresse de la jeune fille et à ses addictions, Matthias tombe amoureux d’elle mais elle disparaîtra de leur vie comme elle y est apparue. Elle est l’incarnation de son destin tragique. Comme depuis quelques films (Avita, Slalom), Noée Abita impressionne la pellicule comme rarement avec un regard d’une intensité qui l’inscrit dans les futurs grandes. Talulah est aussi l’incarnation du deuil qu’Elisabeth doit faire de sa relation avec ses enfants qui quittent le nid, un moment très douloureux que Charlotte Gainsbourg exprime dans une scène poignante qui réveillera l’émotion de tout un chacun qui a vécu cette séparation, comme le fait cette autre scène où la famille danse sur du Joe Dassin. Mikhaël Hers le dit : « Il s’agissait de réinvestir le passé à l’aune du présent, dans lequel il continue à essaimer. C’est ma manière de trouver une paix avec cette question de la disparition et du deuil. C’est aussi pour ça que je fais des films : construire un semblant d’éternité. »  

Par Elsa Nagel

Envol géométrique

En quête d’espace
Marcelle Cahn au MAMCS

Même si elle était d’un naturel discret et modeste, Marcelle Cahn s’est beaucoup impliquée dans l’effervescence artistique d’avant et d’après-guerre. Sa réserve, son engagement pour le travail de ses collègues et des moments d’éclipse ne lui ont pas permis d’acquérir la notoriété qu’elle méritait. Trois musées qui ont beaucoup enrichi leurs collections grâce à elle lui rendent aujourd’hui hommage à travers cette exposition monographique. Le MAMCS en tout premier qui a bénéficié en 1980 d’une importante donation de l’artiste, avant Saint-Étienne et Rennes. L’itinéraire qu’a élaboré la commissaire Cécile Godefroy est fort logiquement chronologique avec plus de 400 pièces.


Née en 1895 à Strasbourg où elle prend ses premiers cours de dessin, Marcelle Cahn déménage à Berlin avec sa famille en 1915 en raison du premier conflit mondial. Elle y côtoie aussi bien des représentants de la Sécession (elle sera l’élève de Lovis Corinth) que les expressionnistes à la galerie Sturm. Quelques pièces attestent ces influences notamment une huile traitée en pleine pâte : Nu berlinois (1916). Des Cygnes, l’élan des Trois biches, figures très graciles, préfigurent la future légèreté de sa ligne et de sa touche (Cat. 37 & 38, 1914).

De 1920 à 1930, elle s’installe à Paris avec de fréquents séjours à Strasbourg. Elle y suivra les cours de Fernand Léger et d’Amédée Ozenfant dont elle gardera les couleurs plus sourdes et un goût pour l’épure. Si son geste reste figuratif, il articule désormais les volumes suivant les leçons du cubisme. La figure humaine entre en concurrence avec le décor : vases, raquettes, rames, rues… Elle participe à des expositions collectives et gagne l’estime de ses pairs : Guitare et éventail (1926) ou Femme à la raquette (1927). Avec les mêmes profonds aplats, elle peint ses premières Compositions abstraites (1925). Parallèlement les corps s’étirent (La Nageuse, 1930), deviennent fluides (Personnages (Profil bleu), vers 1948) cherchant sa voie dans cette tempête que nous appelons le progrès selon le mot de Walter Benjamin (1940).

Le mystère demeure sur son retour à Strasbourg en 1930 où elle cessera quasiment de peindre, se consacrant au dessin sur le motif… Cet ascétisme et cette discrétion se prolongeront à Toulouse où sa famille se réfugie en raison de la guerre et du risque de déportation.

Marcelle Cahn, Personnages (Profil bleu), vers 1948
© photo Luc Maechel

Dès 1946, elle retourne à Paris et s’installe en 1952 dans un logement-atelier rue Daguerre. Une année charnière avec sa première exposition personnelle et un changement de style. Avec des compositions d’une rigueur limpide affinée jusqu’à la transparence sur l’écrin de l’absolu blanc, elle tente de reconstruire un monde fragile, mais joyeux et coloré. Une période très prolixe où dominent les verticales et les horizontales qui s’élargissent en fins rectangles rompues quelquefois de cercles par l’ajout de pastilles, de sphères en surépaisseur. Des propositions composées à la fois d’une fugue graphique avec la subtile mise en résonance de couleurs délicatement choisies et de sa partition. Certaines évoquent des plans d’urbanisme, puis, vers 1960, quelques-unes semblent chercher la perspective avec des diagonales, des lignes de fuites quêtant la troisième dimension. Elle se concrétise dans sa série Spatials (1966-1976) avec leurs plans pliés ou rabattus et avec deux sculptures inaugurées en 1976.

Résidente à partir de 1969 à la Fondation Galignani à Neuilly (jusqu’à son décès en 1981), elle réalise de nombreux collages utilisant des objets quotidiens, des gommettes, des cartes postales… Une féerie plastique et ludique – faisant surgir un personnage d’une enveloppe (Cat. 227, 1977) – fruit d’un enthousiasme de gamine guillerette qui devise, assise sur son lit et entourée de ses découpages, avec Pierre Gisling en 1976 (film de Louis Barby pour la collection Clés du regard, 40 min, visible en fin de parcours) :
Je ne réfléchis jamais. Je fais quelque chose et puis je m’envole.

Par Luc Maechel

Commissariat : Cécile Godefroy
avec Barbara Forest (MAMCS) et Alexandre Quoi (MAMC+)

Musée d’Art moderne et contemporain (MAMCS)
du 29 avril au 31 juillet 2022
Tous les jours – sauf lundi – de 10h00 à 18h00
https://www.musees.strasbourg.eu/

DAS RHEINGOLD

Yannik Nézet-Séguin

RICHARD WAGNER, Rotterdam Philharmonie und Solisten

Eine Opernaufführung konzertant und gerade Wagners « Rheingold »dessen Libretto so dramatisch gestaltet ist wie keines Andere im « Ring des Nibelungen »konnte schon als eine Herausforderung gelten. Desto verblüffter war man am Ende der Vorstellung: man hat hier, richtiges Theater erlebt, ohne Kulissen, ohne Kostüme, aber mit    Sängern die ihre Rollen nicht nur sangen aber erlebten, und wahres Musiktheater schufen.

Schon die drei Rheintöchter verkörperten ihre Rollen ideal, mal anmutig, mal schnippisch. Die Stimmen vereinen sich in einen wahren Hörgenuss.

Woglinde wird von Erika Baikoff mit strahlender Höhe gesungen. Ihr ebenbürtig, Iris van Vijnen als Wellgunde und Maria Barakova als Flosshilde, mit schönen Mezzotönen.

Samuel Youn überzeugt als Alberich und spielt wie auf der Bühne. Aber mit seiner expressionistischen Auffassung der Rolle, strapaziert er seine schöne Baritonstimme die in dem Fluch des vierten Bildes bricht, wenn auch zugunsten der Dramatik.

Die wunderschön timbrierte, pastöse Stimme von Michael Wolle scheint für die Rolle des Göttervaters Wotan wie geschaffen und wird jeder Nuance der Partitur gerecht. 

Jamie Barton, mit schöner, ein wenig ungleicher Stimme, verleiht Fricka Autorität, lässt aber schon die Eifersucht erspüren.

Issachah Savage, ist eine Luxusbesetzung für Froh. Man möchte die wunderbare Tenorstimme des Künstlers in einer wichtigeren Rolle wieder hören.

Thomas Lehman singt einen strahlenden Donner mit beinahe Liedhafter Schönheit.

Stephen Milling ist ein Fasolt der Weltklasse. Mit wunderschönem Bass und sanftem Legato, gelingt es ihm ein beinahe sympatische Vision des Riesen zu gestalten, der wirklich in Freia verliebt ist.

Nicht auf selbem Niveau, Mikhail Petrenko als Fafner.

Freia wird von Christiane Karg mit jugendlichem Sopran verkörpert.

Thomas Ebenstein singt einen überzeugenden Mime, ohne je ins Kitschige zu entgleisen.

Die Urmutter Erda, wird von Wiebke Lemkuhl mit ihrer wunderbar timbrierten Altstimme gesungen.

Der Höhepunkt des Abends war jedoch die Leistung von Yannick Nézet-Séguin mit den fabelhaft spielenden Musiker des Rotterdam Philharmonic Orchestras, das zu den Besten Europas gelten kann.

Von den geheimnivollen Klänge des Vorspiels bis zum triumphalen Einzug der Götter in Walhall, spannt er einen Bogen der das ganze Werk durchzieht. Fabelhaft wie er die Einsätze den Sängern gibt und wie seine klare Gestik das Orchester beinahe verzaubert.

Die spontane « Ständing Ovation » des Publikums konnte als einen  Dank für den Dirigenten, die Solisten und das Orchester gelten.

Könnte man auf eine Walküre oder auf einen ganzen Ring hoffen ?

Jean-Claude HURSTEL

Les serpents

Texte de Marie NDiaye,mise en scène Jacques  Vincey

C’est devant une maison plantée, nous dit-on, au milieu des champs de maïs, dont la façade est ici représentée par un mur d’enceintes  (scénographie Mathieu Lorry-Dupuy) que se tient Madame Diss, exigeant de pouvoir entrer dans la maison pour réclamer de l’argent à son fils. Vêtue de son tailleur gris très strict, tenant serré contre elle son sac à main, elle a  l’allure d’une femme peu avenante. Ce que confirment les propos désobligeants qu’elle tient à l’épouse de son fils, France, venue lui expliquer qu’elle ne pourra entrer dans la maison , son fils s’y opposant fermement. Elle insiste, se disant acculée financièrement et ne cesse de reprocher à la jeune femme sa tenue négligée alors que celle- ci, se croyant prise en considération, elle, venue de rien, prétend-elle, se prend d’ un élan de reconnaissance et va jusqu’à lui proposer de l’ appeler « maman ». La mégère ne l’entend pas de cette oreille et la repousse durement. Le ton est donné.

C’est avec l’arrivée de la première épouse, Nancy, élégante dans sa tenue en cuir (costumes Olga Karpinsky), venue réclamer la vérité sur la mort de leur fils Jacky, que la cruauté de la mère et du fils va éclater.

L’insistance dont Nancy fait preuve pour savoir ce qui a conduit Jacky à la mort oblige Madame Diss à faire des révélations qu’elle livre au compte-goutte, monnayant chacune par l’exigence d’être payée. Elle extorque ainsi, argent liquide et chèques à  cette mère épouvantée d’apprendre qu’après son départ de la maison, l’enfant a été sans cesse battu, torturé, enfin enfermé dans une cage avec des serpents qui ont eu raison de sa vie.

La figure du monstre se dessine clairement alors que Madame Diss justifie ces abominations, prétendant même que père et fils y trouvaient leur compte, et culpabilisant Nancy, l’accusant d’avoir déserté le foyer et d’avoir ainsi déclenché ces actes vengeurs. Nous assistons à un face à face accablant entrecoupé par les demandes réitérées de rentrer dans la maison et de voir le fils. L’interdit est maintenu à grands cris par France de plus en plus terrifiée qui explique que le père prépare leurs deux enfants pour le feu d’artifice du 14 juillet, les maintenant assis immobiles sur des chaises et qu’il les dévorerait, elle comprise, si elles pénétraient dans la maison.

L’image de l’ogre est donc bien en place. On ne  le voit jamais apparaître mais on entend parfois ses grognements terrifiants, ses borborygmes, ses mugissements qui traversent les murs (son Alexandre Meyer et Frédéric Minière).

Sommes- nous dans l’univers du conte ou dans le fait divers sordide? Le fait est que notre imagination travaille et nourrit un sentiment d’angoisse et de révolte devant l’inacceptable.

Il faut pour aborder cet univers cruel de solides interprètes.

 Jacques Vincey a fait appel à Hélène Alexandridis qui campe avec conviction, d’abord une Madame Diss  redoutable de cynisme, sans scrupule, méprisante, attirée par les apparences , revendiquant une sexualité débridée, droite dans ses bottes puis qui nous la montre, dans la scène finale, échevelée, les habits en désordre, venant implorer le secours de la jeune femme, qu’entre temps, elle a jetée dans les bras de ses vieux amants.

Les deux épouses font figure d’héroïnes, Benedicte Cerruti  est une  Nancy plutôt femme forte, n’hésitant pas à échanger ses habits avec ceux de la nouvelle épouse pour aller affronter celui dont elle sait qu’il a tué leur fils de façon monstrueuse.

Tiphaine Raffier donne l’image d’une jeune femme naïve, soumise qui se débat pour survivre.

Le récit bouleversant de la fabrication des monstres et de leur pouvoir de nuisance.

Par Marie -Françoise Grislin

représentation du 27 avril au TNS, jusqu’au 5 mai   

Julie de Lespinasse

Mise en scène Christine Letailleur

Christine Letailleur, metteure en scène associée au TNS, passionnée du 18ème siècle (nous n’avons pas oublié sa très belle et pertinente mise en scène des « Liaisons dangereuses » de Choderlos de Laclos en 2015) crée au TNS une pièce inspirée de la biographie de Julie de Lespinasse de Pierre de Ségur et de ses lettres au colonel Guibert. Elle en présente une adaptation tout à fait sensible et bouleversante.

C’est que l’histoire de Julie de Lespinasse est en tout point remarquable. Née, bâtarde, dans une famille de la noblesse lyonnaise, elle devient, après le décès de sa mère, gouvernante des enfants de sa soeur et découvre que le mari de celle-ci fut l’amant de sa mère et donc son propre père. Cette terrible révélation la pousserait à entrer au couvent si ce n’est qu’alors, sa tante Madame du Deffand, la soeur de son père, la prend comme dame de compagnie et l’emmène à Paris.

Una autre vie commence pour elle avec, en particulier, la fréquentation des « Salons » où se retrouvent les « intellectuels » de l’époque, entre autres, Montesquieu, Voltaire, Marivaux, d’Alembert… Elle apprend beaucoup, son esprit, sa finesse séduisent. Elle finit par ouvrir son propre salon suivie par nombre de ces « messieurs » dont d’Alembert très amoureux d’elle.

C’est ainsi que la petite Julie, vouée à rester dans l’ombre devient cette femme éclairée qui échange sur un pied d’égalité avec  ceux qui, comme Condorcet, s’élèvent contre l’esclavage, l’obscurantisme et prônent l’égalité homme-femme.

Ce parcours  extraordinaire pour une femme de cette époque (nous sommes dans les années 1760-1770) nous est restitué au courant du spectacle par une voix off, moyen habile de donner à ce personnage toute son épaisseur et son authenticité. (voix off Alain Fromager)

Ce que  nous donne la scène c’est  ce grand moment de la vie amoureuse de Julie lorsqu’en 1774, elle fait la rencontre du colonel Guibert, en tombe follement amoureuse et se retire du monde. Elle a quarante ans, lui dix de moins. Il est beau, séduisant, intelligent. Il est la coqueluche des salons parisiens et plaît dans toute l’Europe car il écrit des traités innovants sur l’art de la guerre. Il est volage aussi, très souvent absent, alors Julie lui écrit.

Nous la voyons assise à son petit pupitre, griffonnant de sa plume, des mots qui expriment l’attente douloureuse de sa venue, l’impatience de recevoir des lettres, parfois les reproches d’une aussi longue absence puis des remords d’avoir osé lui en faire part. Elle va et vient dans ce huis clos qui l’emprisonne, observe derrière les vitres de la fenêtre son improbable arrivée.

Nous entendons cet amour qui fait vivre mais qui tue à petits feux à travers ces instants de bonheur, ces moments douloureux de fièvre anxieuse, les trahisons, les jalousies, les doutes, les espoirs qu’il suscite. Entre offenses et pardon, c’est un cheminement de soi à l’autre, de soi à soi pour le meilleur et pour le pire. Un jeu d’introspection dont témoigne ses lettres pleines de réflexions pertinentes concernant sa situation de femme qui se sent délaissée, qui est délaissée. Eclairs de lucidité, suivis de l’espoir fou d’un renouveau de cet amour qui la dévore.

Un remords la hante aussi, celui de cet amour qu’elle a connu juste avant de rencontrer Guibert, celui pour le marquis de Mora qui l’a sincèrement aimé et qui est mort de tuberculose pendant le voyage qu’il effectuait pour la revoir. De façon très habile Christine Letailleur le fait apparaître,  traversant le plateau d’un pas léger tel un spectre ou passant furtivement comme une ombre derrière la vitre de la fenêtre.

Les deux personnages se croisent sans jamais se rencontrer. Mora est interprété par le comédien Manuel Garcie-Kilian avec la componction qui sied à cette âme malheureuse.     

Apprenant l’éventuel mariage du colonel Guibert, Julie lui écrit encore pour le dissuader, pour lui démontrer que le mariage est une entrave à la liberté, (belle idée pour l’époque). Mais apprenant qu’il aura bel et bien lieu, elle sombre dans la folie, ingurgite des pilules d’opium, délire, se consume, croit entendre les cloches du mariage et s’imagine poursuivie par des nuées d’oiseaux. Une vidéo bien conduite par Stéphane Pougnand nous rend compte de ce moment d’hallucination. Enfin, ses souffrances la conduisent à la mort.

Ainsi, cette jeune femme émancipée, finit-elle par mourir d’amour comme bien d’autres femmes qui, comme elle, ont aimé, se sont données totalement à leur passion alors qu’elles étaient souvent trahies, abandonnées, pendant que l’homme, parcourant le monde, s’adonnait à ses plaisirs, allait et repartait comme un enfant gâté, sûr d’être pardonné et toujours aimé.

La belle Julie, la tendre Julie, dans sa superbe longue robe de satin, créée par Elisabeth Kinderstuth et réalisée par les ateliers du TNS, est magnifiquement, délicatement interprétée par Judith  Henry qui sait montrer avec justesse le désarroi, le chagrin, parfois la colère et le désespoir qui habitent cette amoureuse qui ne cesse de réécrire à la fin de ses lettres  » mon ami, je vous aime », ce leitmotiv épistolaire étant soutenu à maintes reprises par l’air envoûtant de l’opéra de Gluck « J’ai perdu mon Eurydice, rien n’égale mon malheur » ( son Emmanuel Léonard). La comédienne fait de Julie cet être exceptionnel dont la sincérité crée en nous une véritable empathie.

Une scénographie, signée Emmanuel Clolus et Christine Letailleur, très dépouillée, laisse toute la place au jeu de l’interprète, particulièrement soutenu par des jeux de lumière travaillés avec finesse et pertinence comme ces bougies portées sous les visages pour en souligner les expressions, cette semi-obscurité qui marque la nostalgie, rend plus lourde la solitude (Grégoire de Lafond).

Julie de Lespinasse se comparaît, dit-on à Phèdre. Cette mise en scène  et cette interprétation lui donnent incontestablement  sa dimension d’héroïne racinienne particulièrement émouvante.

Par Marie-Françoise Grislin

Représentation  du 25 avril

jusqu’au 5 mai au TNS

Voyages au bout de la nuit

Alexandre Saintin retrace dans un livre passionnant, le parcours de ces intellectuels séduits par le nazisme

C’est peu l’arbre ou plutôt les arbres qui cachent la forêt. Car évoquer la collaboration intellectuelle, et l’admiration littéraire envers le régime nazi se résument bien souvent à quelques noms : Louis-Ferdinand Céline, Pierre Drieu La Rochelle et Robert Brasillach auxquels on adjoint parfois Jacques Benoist-Méchin, Ramon Fernandez et Lucien Rebatet. Des hommes qui, par haine, idéologie ou opportunisme ont cru dans le régime nazi.

Pour comprendre cet engouement qui conféra parfois à de la fascination, Alexandre Saintin a lui-même entrepris ce voyage historico-littéraire. Il en a ramené un ouvrage à tous points de vue passionnant, une galerie de portraits qui, au-delà des convertis et des antisémites, se veut plus clair-obscur qu’il n’y paraît sans pour autant atténuer les responsabilités individuelles et collectives. En scrutant les récits de voyages et les productions de ces intellectuels – pour la plupart hommes de lettres, journalistes, professeurs d’université – avant et pendant la guerre, l’historien a voulu comprendre.

Comprendre tout d’abord que l’Allemagne d’Adolf Hitler engagea dès son arrivée au pouvoir la bataille des idées qui remporta des succès notoires à grands coups de voyages outre-Rhin. Ces derniers serviront ainsi à tisser des liens, créer des réseaux pro-allemands comme le groupe Collaboration qui regroupa par exemple Abel Bonnard, Pierre Drieu La Rochelle ou Pierre Benoit, et deviendront faciles à mobiliser lorsque viendra le temps de la guerre et du régime de Vichy. Mais alors comment expliquer cette attirance ? Là encore le livre offre de brillantes réponses qui dessinent un spectre composite et non unique de ce vertige : volonté de détruire la « Gueuse », la République qui séduisit nombre de maurrassiens, recherche d’un pacifisme naïf pour ces hommes de bonne volonté tel Jules Romains ou antisémites notoires, héritiers de l’antidreyfusisme notamment au sein des journaux Candide et Je suis partout. La plupart d’entre eux finirent par se rejoindre dans l’aveuglement collectif de la collaboration.

L’autre grand mérite du livre est d’élargir la focale et, dans un chapitre passionnant, il s’attache à évoquer le voyage en terre du Troisième Reich de ceux qui, clairvoyants, alertèrent l’opinion sur les dangers du régime d’Adolf Hitler en regroupant surtout communistes, socialistes et chrétiens. Mais reconnaît l’auteur : « face à ce ralliement de cœur ou de raison des intellectuels allemands au régime nazi, rencontrer un homologue faisant profession de s’opposer à ce dernier fut sans étonnement une gageure pour les voyageurs français ».

Après la guerre vint l’épuration. L’ordonnance du 26 août 1944 créa l’indignité nationale, un crime qui frappa ceux qui avait collaboré avec l’occupant. Il concerna près de 50 000 personnes dont Louis-Ferdinand Céline, Lucien Rebatet qui fut condamné à mort puis gracié ou Charles Maurras exclu de l’Académie française tout comme Abel Bonnard dont le successeur se nomma…Jules Romains. Une manière de dire que l’histoire n’est pas linéaire et toujours complexe. Comme un tableau clair-obscur dans lequel entre magnifiquement le livre d’Alexandre Saintin.

Par Laurent Pfaadt

Alexandre Saintin, Le vertige nazi,
Passés composés, 320 p.

In absentia

Un livre comme un miroir. Celui de l’extermination de masse. Celui dont le reflet dévoile ce que l’homme a de plus terrible. Celui également, aux reflets déformants, qui révèle ce que nous ne voulons pas être, celui qui fait de nous ce que nous ne sommes pas mais que les autres voient.

Dans le nouveau roman de Raphaël Jerusalmy, auteur de Sauver Mozart (2012) et de La Confrérie des chasseurs de livres (2013), deux hommes se font face, se répondent et finissent par se croiser, un bref instant. Tous les deux tentent de survivre dans l’enfer des camps. Au Struthof, Pierre Delmain, écrivain devenu assistant du médecin nazi Auguste Hirt qui pratique d’horribles expériences médicales, « aide » les victimes à mourir sans souffrances en les étranglant. Il a développé une telle dextérité que les bourreaux viennent l’observer. A Paris, Saül Bernstein, dit Paul, collectionneur d’art a longtemps oublié qu’il était juif. Il était au-dessus de tout cela. Jusqu’à ce que la guerre vienne lui rappeler qu’il n’était que cela.

« La bête féroce que tu es allé chercher au fond de toi, tu la caresses. Tu lui chuchotes des paroles douces que la proie croit lui être destinées, alors que c’est à la tourmente qui se déchaîne en toi que tu t’adresses » pense ainsi Pierre Delmain, qui déshumanisé, croise alors Paul. Ce dernier se sait condamné mais refuse de devenir une bête. Il deviendra une expérience pour un médecin fou. Mais pour Pierre, demeurera ce sourire au fond des ténèbres qui viendra le hanter longtemps.

Par Laurent Pfaadt

Raphaël Jerusalmy, In absentia
ChezActes Sud, 176 p.

L’écrivain des batailles

Arturo-Reverte raconte la guerre en ex-Yougoslavie qu’il couvrit comme journaliste

Bien avant d’être l’écrivain à succès traduit dans le monde entier, créateur du capitaine Alatriste et de l’espion franquiste Falco, Arturo Perez-Reverte fut un journaliste. En 1992-1993, il couvrit la guerre en ex-Yougoslavie. Lorsqu’il arrive dans les Balkans en guerre, il a 41 ans et déjà une expérience de près de vingt ans de reporter de guerre au Liban, en Angola ou en Amérique centrale notamment. Territoire comanche s’ouvre ainsi sur le pont de Bijelo Polje : « A genoux dans le fossé, Marquez fit le point sur le nez du cadavre avant d’ouvrir en plan général. Il avait l’œil droit collé au viseur de la Betacam, et le gauche à demi fermé dans les spirales de fumée de la cigarette tenue d’un côté de la bouche ».

Dans ce récit publié en 1994 et traduit pour la première fois, le futur écrivain est déjà là. La mise en scène narrative, un récit en mouvement, une prose fluide. Le lecteur cligne des yeux comme Marquez et Barlès, le journaliste qui l’accompagne et regarde à nouveau la couverture. Oui, il s’agit bien de mémoires de guerre de l’auteur, à travers Barlès, ce personnage qui rappelle celui du Peintre des batailles. Le récit arpente ainsi les sentiers de la guerre, sur le front, ce « territoire comanche » où la vie ne tient qu’à un fil, ce no man’s land que décrivit si bien Ernst Jünger, en compagnie de ses collègues. Les portraits qu’il dresse de ces combattants de l’information sont fascinants, des plus connus comme Orianna Fallaci ou Corinne Dufka, « ces femmes qui en ont une sacrée paire », aux plus anonymes comme Marie la Portugaise, endormie nue sur un lit de fortune, ou ce milanais du Corriere della Sierra « si énorme que le gilet pare-balles ressemblait sur lui à un soutien-gorge blindé ».

Il y a indiscutablement du Hemingway dans ces pages, celui qui mêle dans un récit tant de situations et de personnages incohérents pour former un tout. Celui qui réunit dans une pièce éventrée par des obus de mortier, des histoires improbables pour tisser la tapisserie de l’humanité avec ce mélange de fatalité et de hasard résumé dans ces trois façons d’être tué : 1 – « c’est quand votre numéro sort, comme à la loterie »; 2 – quand l’expérience vous manque; 3 – la loi des probabilités.

Une fois de plus servi par la très belle traduction de Gabriel Iaculli qui a pris avec succès la suite de François Maspero, le livre se lit d’un trait. Un brin désabusé sur la réalité du monde, Barlès lance ainsi à des étudiants en journalisme voulant partir sur les champs de bataille du monde : « Les méthodes les plus sales ont été mises en pratique avec la passivité complice d’une Europe incapable de donner à temps du poing sur la table pour freiner la barbarie ». C’était il y a trente ans en ex-Yougoslavie et non hier.

Par Laurent Pfaadt

Arturo Perez-Reverte, Territoire comanche, traduit de l’espagnol par Gabriel Iaculli
Les Belles Lettres, Mémoires de guerre, 120 p.

Chemins de désirs

J’ai aimé vivre là de Régis Sauder (2020)
avec la participation et les textes de Annie Ernaux

Régis Sauder a rencontré Annie Ernaux en marge d’une projection de son Retour à Forbach : un documentaire où la maison de son enfance est vidée, métaphore d’une ville qui se vide… de son activité et sans doute un peu de son âme. De cette plume, de cette caméra qui racontent, traquent la vitalité des « quartiers »devaient forcément naître un projet partagé. C’est J’ai aimé vivre là. Là, c’est Cergy-Pontoise (210 000 habitants), ville nouvelle surgie de nulle part dans les années soixante-dix et où Annie Ernaux vit depuis vingt ans. Sorti en 2020 dans les turbulences des restrictions sanitaires, le film prolonge sa carrière en parallèle du dernier opus du réalisateur : En nous.


Les chemins de désirs sont ces itinéraires qui naissent, se gravent sous les pas des usagers, des riverains et que les urbanistes, les architectes n’avaient pas prévus. Une appropriation têtue et dynamique qui redessine les aménagements en cité rêvée. Des lignes microscopiques quelquefois – pour gagner cinq secondes –, mais surtout la vie qui s’empare des lieux : y échanger, y partager, y apprendre, y chanter et danser… Un vaste mouvement qu’insufflent les habitants à leur espace et qui innerve le film.

Au début, le RER nous mène à Cergy avec les visages de passagers que le spectateur apprendra à connaître. Vers la fin, l’usage du roller amplifiera la respiration de ces espaces urbains. Des trajectoires régulièrement ponctuées par la silhouette d’un couple qui s’embrasse comme un leitmotiv de sens et de promesses. En cinquante ans, la végétation aussi a conquis le minéral magnifiant les images de Tom Harari. Même les départs – souvent pour poursuivre des études – sont des aboutissements teintés de regrets par la crainte du déracinement.

La poésie des textes d’Annie Ernaux, lancinants, obsédants, tresse une tonalité mineure, mais résonne surtout du regard empathique envers tous ces êtres qu’elle côtoie. Des corps trop souvent saisis par le maussade rituel des courses au supermarché et le métro-boulot-dodo – scandé comme un rappel à l’ordre par cette énorme horloge de la gare qui toise la foule industrieuse.

Un film choral dont l’écrivaine serait l’aède et les habitants les choristes qui, tour à tour, lisent ses textes et se racontent avec leurs mots. Des visages, des sourires, beaucoup de complicités que fait revivre le réalisateur. Une jeunesse d’âme et un enthousiasme partagés tant par les adolescents nés là que les anciens qui ont fait souche voilà des décennies. Un terreau humain qui perpétue aussi la solidarité et l’accueil bienveillant des premières années quand la France manquait de bras – la patinoire est devenue centre d’accueil pour migrants. Tous partagent leurs lignes de vie : des coins de parc, des bords d’Oise, des bouts de jardin avec d’amicales tablées qui tissent les liens à l’écart du spectaculaire urbanistique : l’Axe majeur tourné vers celui de la Défense, la pyramide inversée de la préfecture, la place des colonnes-Hubert Renaud, la gare…

L’utopie est dans les gens qui font la ville, lui donne cette incroyable énergie comme le suggère le réalisateur qui compose ici une cartographie subjective et humaine en contrepoint des mots d’Annie Ernaux. Au fil de ses voyages, Nicolas Bouvier avait dressé ce bel Usage du monde, Régis Sauder, de film en film, dresse ce bel Usage de la Ville.

Par Luc Maechel

documentaire de Régis Sauder
image : Tom Harari, Régis Sauder
montage : Agnès Bruckert
son : Pierre-Alain Mathieu
production : Thomas Ordonneau (SHELLAC)

PIQUE DAME

PETER TCHAIKOWSKY

Von den zwölf Opern Tschaikowskys, sind nur Eugen Onegin, Pique Dame und Iolanta in den Spielpläne der westlichen Opernhäuser anzutreffen. Das Festspielhaus Baden-Baden kann sich rühmen selten gespielte Werke des Komponisten wie die Zauberin und Mazeppa aufgeführt zu haben.

Die Neuinszenierung von Pique Dame, im Rahmen der Osterfestspiele der Berliner Philharmoniker, unter der Leitung von Kirill Petrenko setzt hier Masstäbe.

Die Inszenierung wurde dem Team Moshe Leiser und Patrice Caurier anvertraut; das Bühnenbild von Christian Fenouillat, die Kostüme von Agostino Cavalca und die Lichtregie von Christophe Forey fügten sich ganz in das Konzept der Inszenierung ein.

Die ganze Handlung wurde von der Epoche Katharina der Grossen in das Ende des 19.Jahrhundert versetzt. Ein Teil der Handlung spielt sich in einem Luxusbordell ab, und zeigt, in krassen Zügen, wie die Frau nur ein Objekt der Begierde der Männer ist, ob in den aristokratischen Kreise oder in einem Freudehaus. Diese Sozialkritik nähert sich mehr der Welt Dostoiewkys als der Pouchkines.

Akzeptiert man diese Vision, kann man nur die Klarheit der Inszenierung , spannend wie ein Krimi und die fabelhafte Personenführung loben. Die Charaktere werden Menschen aus Fleisch und Blut und man kann nur Mitgefühl für sie empfinden.

Rein musikalisch kann man sich keine bessere Interpretation wünschen. 

Hermann, wird von Arsen Soghomonyan ideal verkörpert. Seine wuchtige, aber auch duktile Tenortimme wird jeder der Nuancen der Partie gerecht. Darstellerisch ist er auf dem selben Niveau und man kann hautnah sehen wie sein Wahnsinn sich fortwährend bis zum Selbstmord steigert.

Ihm ebenbürtig, Vladislav Sulimsky als Graf Tomski der die Ballade der Drei Karten im ersten sowie das Strophenlied im dritten Aufzug brillant darträgt.

Der edle Baryton von Boris Pinkhasovich scheint für die rührende Liebes erklärung des Fürsten Jeletzki wie gemessen, ein Höhepunkt des Abends, wenn sie auch zur Vergewaltigung von Lisa führt.

Die Besetzung von allen anderen Männerrollen kann als ideal gelten.

Die Sängerinnen sind auf dem selben, grossartigen Niveau. 

Elena Stikhina, die schon an den grössten Opernäusern der Welt Gast war, setzt ihre grosse, strahlende Stimme in die Rolle der Lisa ein. Sie besticht sowohl in der strahlenden Höhe wie in den zartesten Nuancen.

Aigul Akhmetshina macht aus der Rolle der Polina, ein wahres Kabinetstück. So wurde ihr Duett mit Lisa im ersten Auzug, einer der musikalischen Höhepunke des Abends. Ihr schlanker, wunderschön timbrierter Mezzo und ihr anmutiges Erscheinen warfen einen Hauch von Licht in die düstere Handlung. 

Die Rolle der Gräfin wurde von Doris Soffel souverän gestaltet. Sie sang die Arie aus Grétrys Richard Löwenherz mit einem verblüffenden Nuancereichtum und überzeugte auch spielerich, besonders am Ende des zweiten Aufzugs, als sie den im Original vorgesehenen Auftritt der Tzarin Katharina, auf burlesker Manier übernimmt.

Margarita Nekrasova setzt ihren wuchtigen Alt in der Partie der Gouvernante ein.

Kirill Petrenko, mit den fabelhaften Berliner Philharmonikern, bewies dass er dieses Repertoire liebt und dirigierte das Werk enthusiastich. 

Der Slovakische Phiharmonische Chor und der Cantus Juvenum Chor leisteten Grossartiges. Unvergesslich der Männerchor a capella, nach dem Selbstmord Hermanns.

Eine Sternstunde am Himmel der russischen Oper.

Jean-Claude HURSTEL

FESTSPIELHAUS BADEN-BADEN  OSTERFESTSPIELE
12. APRIL 2022