Tous les articles par hebdoscope

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Stabat Mater

Compositeur prolifique, Arvo Pärt a fait évoluer son œuvre vers plus
de religiosité depuis sa conversion à la religion orthodoxe au début
des années 1970 et qui culmina avec son Stabat Mater en 1985.
Regroupées dans cet enregistrement, ces quelques œuvres
permettent ainsi de s’imprégner de cette écriture musicale
emprunte d’un mysticisme et d’une spiritualité que seuls les grands
génies de la musique classique ont réussi à produire.

D’une beauté absolument stupéfiante, les pièces ainsi interprétées
donnent le sentiment d’une immense prière, d’un lien direct entre
l’auditeur et Dieu. Si son célèbre Fratres, toujours exprime encore
une forme de contemplation presque cinématographique, la Sindone
témoigne quant à elle d’une profonde douleur accentuant ainsi une
religiosité marquée de la violence du jugement dernier. Avec cette
interprétation absolument ciselée, le Münchner Rundfunkorchester,
déjà auteur d’un Miserere de toute beauté (BR Klassik, 2021) et placé
pour l’occasion sous la direction d’Ivan Repušić, se mue en véritable
coryphée de l’esprit d’un compositeur devenu d’ores et déjà un
classique. Il parvient ainsi à transposer avec clarté et subtilité
l’extrême dépouillement harmonique d’Arvo Pärt, notamment dans
ce Stabat Mater explosant de lumière et de mysticisme. Un chef
d’œuvre absolu.

Par Laurent Pfaadt

Arvo Pärt, Stabat Mater, Münchner Rundfunkorchester,
dir. Ivan Repušić,
BR Klassik

The Last Quartets

Franz Schubert laissa quinze quatuors. Le quinzième fut composé
quelques deux années avant sa mort. Quant au quatorzième, le
fameux « Jeune Fille et la Mort », il est l’une des pièces les plus
jouées du répertoire de musique de chambre.  La formation suisse
Aviv, célébrée dans le monde entier, a décidé de s’emparer de ces
deux dernières pièces où transpirent l’angoisse de la mort, pour
nous livrer une interprétation absolument prodigieuse et appelée à
faire date.

Si le 15e quatuor est pleinement restitué dans ses différents
contrastes et résonne de son émouvante mélancolie, la Jeune Fille et
la Mort, elle, est traversée par une beauté tragique. L’interprétation
nous dépeint ainsi l’angoisse du compositeur face à sa fin. Son
écoute donne le sentiment d’une course à l’abîme, d’une fatalité
inexorable et d’un homme confronté à l’inéluctabilité de sa destinée.
Si Aviv signifie le « printemps » en hébreu, l’auditeur avance dans un
hiver rythmé par des vents musicaux, ceux qui transpercent l’âme, là
où meure toute chose. Un vent dont l’écho des cordes nous
poursuivra longtemps…

Par Laurent Pfaadt

Schubert, The Last Quartets, Aviv Quartet,
Aparté

Le Petit fiancé, récits du ghetto de New York

La gloire littéraire est un héritage imprévisible, fluctuant. L’histoire
de la littérature regorge ainsi de tombeaux d’écrivains, certes
talentueux, mais oubliés. Cependant, il arrive parfois que quelques
éditeurs, ces Howard Carter des lettres, pénètrent ces mêmes
tombeaux et en exhument quelques trésors. Ainsi, dans le New York
juif du début du 20e siècle sommeillait Abraham Cahan. Arrivé en
1882 de sa Lituanie natale et fuyant l’antisémitisme tsariste,
Abraham Cahan imposa très vite son talent littéraire dans ce New
York yiddish qui allait voir éclore les Isaac Bashevis Singer et
Bernard Malamud.

Directeur de la revue en langue yiddish Forverts entre 1903 et 1946
qui compta plusieurs centaines de milliers de lecteurs, Abraham
Cahan décrivit ainsi dans ses œuvres le microcosme de cette
communauté. Ses récits du ghetto de New York, Le Petit fiancé et
Circonstances, magnifiquement traduits par Isabelle Rozenbaumas,
permettent aujourd’hui de plonger avec délice dans ces aventures
où le tragique côtoie le burlesque. Le récit de ces immigrants est
ainsi traversé par les déchirures de l’exil. Les personnages tragi-
comiques de Cahan peinent à masquer la nostalgie de leur terre
natale. Ils sont touchants car leur douleur est universelle. Un peu
comme dans un film de Woody Allen où la comédie à la fois burlesque, ici en l’occurrence la fierté déçue du futur beau-père du
fiancé, et cynique – comme peut l’être l’humour juif – rivalise avec la
pudeur de leurs sentiments. On rit et on pleure en même temps. Une
faille née de la privation des racines dans laquelle se cache la joie
d’êtres critiquant une Amérique qu’ils ne voudraient cependant
quitter sous aucun prétexte. Un dilemme qu’habille magnifiquement
la prose d’Abraham Cahan.

Par Laurent Pfaadt

Abraham Cahan, Le Petit fiancé, récits du ghetto de New York,
traduits par Isabelle Rozenbaumas,
Aux éditions ZOE, 192 p.

Frank Martin

Concerto pour violon, esquisse pour orchestre,
Svetlin Roussev : Violon
L’orchestre de chambre de Genève, dir. Arie van Beek,
Chez Claves Records

Le compositeur suisse Frank Martin (1890-1974) gagne à être
connu et ce disque devrait l’y aider. Composé en 1950-1951 à la
demande du mécène et chef d’orchestre Paul Sacher, le concerto
pour violon est une œuvre hybride qui emprunte à de nombreuses
influences en particulier celle dodécaphonique d’Arnold Schönberg
sans pour autant basculer dans l’atonalité.

Ici, l’orchestre restitue à merveille ces diverses influences. Le
concerto pour violon apparaît ainsi comme un fil tendu au-dessus
d’un rêve sur lequel court avec agilité et brio l’archet de Svetlin
Roussev, violoniste bulgare et ancien élève de Jean-Jacques
Kantorow. Il est parfaitement secondé par l’orchestre de chambre
de Genève sous la direction d’un Arie van Beek qui poursuit son
exploration de l’œuvre de Frank Martin et lui redonne, avec cet
enregistrement associant légèreté et lyrisme, toutes ses lettres de
noblesse.

Par Laurent Pfaadt

On est fait pour s’entendre

Copyright Julien Panié/Jerico films/Perefilms/France3 cinema

Enfin un film qui parle avec justesse de la surdité, loin de la
caricature de La famille Bélier qui n’a fait rire que les entendants !
Lui-même souffrant de déficience auditive, Pascal Elbé a pointé du
doigt les difficultés au quotidien que rencontrent les malentendants
dans une comédie charmante et non dénuée d’humour.

Antoine, un professeur bougon et malentendant, se fait incendier
par Claire, sa voisine, parce qu’il écoute la musique trop fort et laisse
son réveil sonner indéfiniment. Elle, c’est Sandrine Kiberlain. Avec
Pascal Elbé ils forment un couple détonnant, elle, en impulsant son
rythme peps de jeu et lui par son côté flegmatique et lunaire qui lui
vont très bien pour ce rôle. Pascal Elbé a voulu que la femme dont il
tombe amoureux dans son film ait le même âge que lui, et non 20
ans de moins, et pour aller encore contre les faux-semblants
glamours, il joue lui-même le rôle du malentendant, et témoigne de
sa déficience, lui, l’élu « acteur le plus sexy du monde » comme le
révèle le numéro d’octobre du magazine Glam’mag ! Il l’a constaté,
dans les débats qui suivent les projections en avant-premières, son
film libère la parole, a la vertu de décomplexer les malentendants qui
font leur coming out en public. Car, malheureusement, on rit des
sourds, et ce mal est associé au mieux à un Professeur Tournesol, au
pire, aux personnes vieillissantes qui se déconnectent de la société.
Elles agacent car font répéter et finissent par renoncer à faire
répéter puis s’isolent. La surdité est souvent synonyme de solitude
et la jolie idée du film est la rencontre entre Antoine et la petite fille
de Claire, murée dans son silence, depuis que son père est mort. De
cette rencontre improbable naît un film sensible qui débouche sur
une comédie romantique.

Pascal Elbé n’a pas voulu plomber son sujet préférant jouer la carte
de la tendresse et de la cocasserie. Une réunion en salle des profs,
avec une Claudia Tagbo à cran, donne lieu à un dialogue qui part en
vrille, désopilant, dont le moteur est la confusion entre « rapport » et
« porc ». Tout malentendant aussi se reconnaîtra dans la scène où
Antoine et Claire, dans un restaurant bruyant, peinent à échanger
une conversation cohérente. Une situation qui sent le vécu, comme
s’en explique le réalisateur : « Voilà, c’est ma vie… Si les situations
créées sont souvent drôles, il faut quand même tout de suite
rappeler à quel point c’est épuisant. La malentendance, au quotidien,
c’est un peu un travail d’équilibriste où vous faites le funambule avec
ce que vous percevez et ce que vous ne percevez pas. C’est dur à
vivre. » C’est précisément sur le fil qu’évolue Antoine, du déni de son
handicap à l’acceptation, en passant par la honte. Un parcours que
ceux qui sont concernés connaissent bien – l’incompréhension des
autres pensant que vous ne les écoutez pas, l’audiogramme pour
mesurer l’audition, les prothèses auditives très couteuses, les piles
qui s’épuisent au très mauvais moment, le réveil aussi puissant que
l’assaut du GIGN avec son faisceau lumineux qui vous vrille le crâne !
Tout est juste, jusqu’à l’ultime dialogue du film que nous ne
dévoilerons pas. On est fait pour s’entendre devrait être vu par tous
pour comprendre ce que vit au quotidien une personne
malentendante. Vu les chiffres, tout le monde sera concerné, soit
pour connaître quelqu’un qui l’est ou le devient, soit pour ne plus
entendre soi-même. Mais rappelons-le, c’est aussi un film qui fait
rire, une vertu en ces temps tristounets !

Par Elsa Nagel

Un film de Pascal Elbé

10 millions de personnes ont des problèmes d’audition, soit 16 % de la population française. Après 50 ans, une personne sur trois ont des difficultés auditives. En France, selon l’OMS, près d’un million d’enfants naissent chaque année atteints de surdité. 6% des 15-24 ans sont concernés par la déficience auditive incapacitante (Challenges, 08/02/2021).

Ecrits littéraires, D’Homère à Tolstoï (1902-1933)

Découvrir des inédits d’un grand écrivain relève toujours à la fois de
l’excitation et de la fascination. Ils viennent souvent confirmer
l’opinion ressentie à la lecture de ses grandes œuvres. Parfois même
ils éclairent d’un jour nouveau notre vision de l’écrivain, ajoutant
une dimension jusqu’alors inconnue. C’est ce que ressent le lecteur
en lisant les Ecrits littéraires du grand Stefan Zweig qui viennent ainsi
compléter ses textes politiques réunis l’an passé dans Pas de défaite
pour l’esprit libre chez Albin Michel.

Dans ces quarante-six textes émanant de sources diverses –
journaux, manuscrits non publiés ou simple opinion – l’auteur
emblématique de la Mitteleuropa nous livre ses sentiments
littéraires sur tantôt des monuments de la littérature, tantôt des
écrivains que la postérité n’a malheureusement pas retenu comme
par exemple Gustav Landauer, anarchiste juif auteur d’un
Shakespeare. La fascination tient surtout à ce dialogue, à travers le
temps, entre deux monstres sacrés de la littérature, avec Stendhal
dont il trouve le roman de la Chartreuse de Parme « un peu ennuyeux »,
Byron, Tolstoï, Anatole France, Hölderlin ou Goethe avec qui il
entretint une relation si particulière. Ses articles apparaissent en
quelque sorte comme les études, les esquisses des grands romans et
biographies à venir et viennent conforter notre conviction de se
trouver face à un écrivain célébrant la puissance de la vie et de ses
sentiments.

Une forme d’intimité se dégage assurément de ces pages. On a
parfois l’impression de converser avec lui, dans son appartement
viennois avant qu’il ne soit obligé de le quitter et d’emmener avec lui
ce fameux monde d’hier, celui d’Arthur Schnitzler, de Gustav Mahler
ou de Sigmund Freud.  Evoquer avec lui les livres est une façon de
célébrer cette liberté que les nazis s’apprêtent à confisquer.
D’ailleurs, il faut absolument lire les premières pages de l’ouvrage,
véritable ode à la lecture et aux livres : « Ils sont là, attendant et se
taisant. Ils ne font pas pression, n’appellent pas, ne demandent rien.
Muets, ils couvrent le mur. On dirait qu’ils dorment, et pourtant sur
chacun d’entre eux un nom te regarde, comme un œil ouvert ». Tout est
dit.

Par Laurent Pfaadt

Stefan Zweig, Ecrits littéraires, D’Homère à Tolstoï (1902-1933),
traduit de l’allemand par Brigitte Cain-Hérudent,
Chez Albin Michel, 368 p.

Les Nations célèbrent l’Europe

Jordi Savall et le Concert des Nations achevaient à la Philharmonie de Paris son cycle Beethoven

Jordi Savall
© Barbara Rigon

La Philharmonie de Paris était pleine comme un œuf. Les raisons ?
Une Neuvième symphonie de Beethoven toujours prompte à attirer
les foules. Et interprétée par l’un des ensembles les plus talentueux
de la planète, le Concert des Nations, sous la conduite de son
emblématique et engagé chef d’orchestre, Jordi Savall. Autant dire
tous les ingrédients pour une soirée d’anthologie, ce qu’elle fut
assurément. Élargissant ainsi depuis plusieurs années son spectre
musical, le Concert des Nations s’est engagé depuis juin 2019 dans
un incroyable projet consistant à interpréter à la Philharmonie de
Paris l’intégrale des symphonies de Beethoven.

Avec les 8e et 9e, Jordi Savall a ainsi transformé cet épilogue en
apothéose. La huitième a offert aux spectateurs, le spectacle d’une
œuvre en mouvement. L’interprétation sur instruments d’époque
(vents en bois notamment) et la fidélité aux tempi d’origine
inscrivirent la symphonie dans une histoire, celle d’un classicisme
abouti, dans la longue tradition impulsée par Joseph Haydn. Dans
cette respiration musicale assez incroyable se dégagea notamment
la beauté du violoncelle solo dans le deuxième mouvement.

Le public était ainsi prêt à recevoir cette neuvième symphonie
comme l’immense don d’une formation musicale qui a fait de la
musique le pont entre les cultures et les êtres. Une fois de plus, le
Concert des Nations n’a pas failli à sa réputation. Jordi Savall et ses musiciens ont ainsi bâti une véritable cathédrale sonore où dans
chaque chapelle pouvait se lire l’histoire de l’Europe avec ses
tragédies portées par des percussions incroyables, ses soubresauts
transcendés par les cordes et ses appels à l’unité sublimés par les
chanteurs en particulier par Mingjie Lei, ténor dont la magnifique
tessiture en a fait l’une des grandes voix de la scène lyrique. Et
comme si cela ne suffisait pas, l’architecte de ce magnifique édifice
rappela que « la musique est le véritable langage de l’Europe » avec, une
fois n’est pas coutume, des Nations au service de cette dernière.

Par Laurent Pfaadt

Frank Peter Zimmermann

Le violoniste allemand Frank Peter Zimmermann est aujourd’hui
considéré comme l’un des  violonistes les plus talentueux de sa
génération aux côtés des Anne-Sophie Mutter ou Renaud Capuçon.
Le nouveau coffret que lui consacre le label des Berliner
Philharmoniker en est une nouvelle illustration.

Depuis ses débuts avec les Berliner en 1985 – il a alors vingt ans – le
violoniste a développé une relation particulière avec la célèbre
phalange allemande dont il a partagé la scène près de quatre-vingt
fois. Les enregistrements des trois concertos de Beethoven, Berg et
Bartók réalisés entre 2016 et 2020 frappent ainsi immédiatement
par l’osmose incroyable entre le soliste et l’orchestre. Même s’ils
dégagent chacun des sentiments variés – épique chez Beethoven,
torturé pour Berg et admiratif chez Bartók, Frank Peter
Zimmermann construit patiemment son œuvre avec chacun,
prenant le temps de laisser parler la grâce de son interprétation et
de l’envelopper de l’élégance raffinée de son jeu. Avec Alan Gilbert
au pupitre des concertos de Bartók, Frank Peter Zimmermann ne se
laisse  jamais aller à la facilité en délivrant une énième performance
mais plutôt un témoignage éminemment personnel d’où se dégage
une véritable vision. Le Blu-Ray vient confirmer cette impression
d’un musicien devenu le prolongement d’une œuvre. Cela donne
entre le soliste et l’orchestre, une incroyable rencontre musicale et
un témoignage unique que l’on réécoutera encore dans cinquante
ans.

Par Laurent Pfaadt

Frank Peter Zimmermann, Violin Concertos,
Berliner Philharmoniker recordings,
2CDs, 1 Blu-Ray

Ravel

Pour certains pianistes, il y a des compositeurs qui tombent sous le
sens. Pour Clément Lefebvre, il s’agit indiscutablement de Maurice
Ravel. Après Rameau et Couperin, l’ancien vainqueur du Concours
international de piano James Mottram de Manchester en 2016 nous
livre un second enregistrement tout en poésie, magnifiquement
porté par la sonorité de son Yamaha.

Son Ravel est plein de charme, d’une sensibilité exquise à l’image de
cette magnifique Pavane pour une infante défunte. Nulle
démonstration de force mais une fidélité au compositeur portée par
une conception toute personnelle qui laisse la place au rêve. Son
Tombeau de Couperin est une sorte de Rubens musical avec ses
couleurs vives, éclatantes. L’auditeur se laisse ainsi porter par une
forme de béatitude fort agréable et ne souhaite qu’une seule chose :
que cela ne s’arrête pas.

Clément Lefevre sera présent au festival Piano au Musée Würth
à Erstein, le 11 novembre 2021

Par Laurent Pfaadt

Clément Lefebvre, Ravel,
Evidence classics

Lamenta

Troisième spectacle du Focus sur la Grèce, présenté par Le Maillon et Pôle- Sud CDCN  dédié  à la danse  contemporaine par les chorégraphes Koen Augustijnen et Rosalba Torres Guerrero qui se sont inspirés du « Miroloi », un rituel grec destiné à exprimer la séparation, la souffrance, le deuil.

Ils nous ont enchantés, bouleversés, eux, ce sont les danseurs que l’on va nommer pour les honorer tant ils nous ont séduits par la perfection de leur prestation Lamprini  Gholia, Christiana Kosiari, Konstantinos Chairetis,Petrina Giannakou, Dafni Stathatou, Athina Kyrousi, Taxiarchis Vasilakos, Alexandros Stavropoulos, Spyridon Christakis. Ils viennent  de différentes régions de Grèce, de ce pays tellement  humilié les années passées qu’il a besoin de reconquérir sa fierté, son authenticité.

Cela  se manifeste avec évidence par les spectacles qu’il produit dont celui-ci remarquable en tout point dont la direction artistique et musicale était assurée par Xanthoula Dakovanou. Cette fierté, dès leur entrée sur le plateau, ils  la manifestent  par le port de leurs costumes noirs et blancs, sobres et élégants, par leurs premiers gestes quand, dans un ensemble impeccable ils frappent le sol de leurs pieds, tapent dans les mains créant immédiatement une rythmique qui galvanise.

Par la suite l’un ou l’autre se détache du groupe pour exécuter une danse personnelle d’une fluidité,  d’une rapidité époustouflantes, volant au-dessus du sol, y plongeant, l’agrippant, y rampant. Nous sommes subjugués  par leur virtuosité. Puis le groupe se reforme pour une autre prestation  tout aussi intense et parfaite dans son exécution. C’est leurs corps qui s’engagent totalement, qui vibrent, qui parlent, allant même jusqu’à pousser des cris. Parfois les filles se jettent dans les bras des garçons qui les font tourbillonner, les enlacent avec force et tendresse. Les défis s’enchaînent multiples et comme improvisés et nous laissent muets d’admiration.

Les chants, la musique suscitent, soutiennent leurs mouvements. Puisés dans le répertoire des provinces de Grèce ou des Balkans ils nous touchent au coeur et au corps car ils crient l’humain, sa détresse, ses amours, ses deuils.

C’est un spectacle tellement vivant, fort, radical qu’il nous porte vers la vie et donne envie de témoigner que la beauté du geste artistique nous est, à coup sûr,  indispensable.

Marie-Françoise Grislin

Représentation du 14 octobre