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#Lecturesconfinement : Sukkwan Island de David Vann par Laurent Pfaadt

Il y a des livres qui vous
poursuivent. Qui vous hantent.
Vers lesquels vous revenez sans
cesse. Sukkwan Island est l’un
d’eux. Tout commençait bien
pourtant. Une séparation et un
père qui décide de reconstruire
son relation avec son fils. Un
endroit à la fois sauvage et
intemporel : l’Alaska. Parfait pour
rattraper le temps perdu. Tout se
passe pour le mieux. Jusqu’à cet
instant où tout bascule. Sans crier
gare. La peur. Le néant.
Irrémédiables. Au minimum un chef d’œuvre.


Sukkwan Island
de David Vann (Gallmeister)
par Laurent Pfaadt

#Lecturesconfinement : Nature humaine de Serge Joncour par Pascale (Librairie Larcelet, Saint Dizier)

Nature humaine nous transporte
dans le monde rural post Trente
Glorieuses. Dernier d’une lignée
d’agriculteurs, Alexandre, isolé dans
sa ferme du Lot, doit faire face aux
grandes mutations du monde
agricole. La planète, elle aussi,
souffre de ces bouleversements
climatiques, écologiques, sociaux
(sécheresse de 1976, catastrophe
du cargo Erika, attentats
terroristes…).
C’est aussi une belle histoire
d’amour entre le très idéaliste Alexandre et la belle étudiante allemande, Constanze.
Ce roman est surtout une ode à la fragilité de cette nature qui nous
entoure et une réflexion sur notre nature humaine…
Librairie Larcelet, Saint Dizier (52100)

Nature humaine
de Serge Joncour (Flammarion)
par Pascale (Librairie Laclaret, Saint Dizier)

#Lecturesconfinement : Price de Steve Tesich par Joseph d’Anvers

Daniel Price a dix huit ans. Il
habite East Chicago et rêve
de se tirer de là.

C’est l’été. Son dernier dans
ce trou à rats industriel. 

Il traine avec ses amis de
toujours en attendant la
rentrée qui les séparera
inéluctablement, quand
surgit Rachel, une jeune et
mystérieuse fille qui va tout
bouleverser.

Price est un grand roman. Un roman d’adolescence, un roman
initiatique, qui nous ramène à la fois dans les années 60 et dans
notre propre jeunesse. Tout y est juste, sensible et puissant, fragile
et maitrisé à la fois. 

Ce premier livre de Steve Tesich (qui écrira Karoo quelques années
plus tard) explore les méandres de cette période si particulière
qu’est l’entrée dans l’âge adulte, et décortique avec minutie les
sentiments, les doutes, les affres, les questionnements, les pulsions
et les désirs qui nous torturent alors, avec ce souffle épique et cette
fluidité propres aux grands romans américains.

Joseph d’Anvers est auteur-compositeur-interprète et écrivain. Dernier livre paru : Juste Une Balle Perdue (Rivages)

Price
de Steve Tesich (Monsieur Toussaint Louverture)
par Joseph d’Anvers

#Lecturesconfinement : Sous le ciel des hommes de Diane Meur par Louis-Philippe Dalembert

Le grand-duché, imaginaire,
d’Éponne : luxe, calme, sans
volupté, sinon clandestine. Une
femme, Sylvie, qui tente de fuir
la routine de la vie conjugale.
Des jeunes déterminés à
combattre « la déraison
capitaliste »
. Un journaliste
vedette qui tente de se
racheter une conscience en
accueillant un migrant sous son
toit.  

Voilà brossé à grands traits le paysage de Sous le ciel des hommes.
L’écriture plurielle, tour à tour fluide et poétique de Diane Meur, sa
capacité à fouiller l’âme humaine, à en interroger les ressorts secrets
achèvent d’en faire un roman exigeant, très agréable à lire. Une
manière belle de distiller l’espoir, malgré tous les vents contraires de
l’actualité.

Louis-Philippe Dalembert est poète (Cantique du balbutiement,
Bruno Doucey, 2020) et romancier : Mur Méditerranée (Sabine
Wespieser, 2019), prix de la langue française, choix Goncourt de la
Suisse et de la Pologne, finaliste du Prix Goncourt des lycéens.

Sous le ciel des hommes
 de Diane Meur (Sabine Wespieser éditeur)
par Louis-Philippe Dalembert

#Lecturesconfinement : Tu seras un homme mon fils suivi de lettres à son fils de Rudyard Kipling par Laurent Pfaadt

Le temps passe et la beauté de ce
poème demeure et inspire toujours
autant. Tu seras un homme mon fils est
l’une de ses merveilles de la
littérature, avec peut-être le Prophète
de Khalil Gibran, à avoir conservé
intacte cette puissance évocatrice
dans la relation parents/enfants. Le
poème est ici rejoint par ces lettres,
traduites pour la première fois en
français, que Kipling adressa à son fils
lors de la Première guerre mondiale.

Celui que Rudyard Kipling appelle
« Mon Vieux », son fils John, intégra les Irish guards un peu la fleur au
fusil. On parle de banalités, d’automobiles, de connaissances, de
chocolat. Lentement pourtant, la guerre se rapproche et celle du
père, déconnectée de la réalité du front, tranche avec celle de John
et de ses milliers de soldats qui attendent le feu. Et, inexorablement,
ce dernier arrive, engloutissant les hommes, les idéaux. Le 25 août
1915, Kipling écrivit à son fils : « Mon cœur (…) est tien à jamais. Et moi
aussi, par conséquent »
. Un mois plus tard, John disparaissait lors de la
bataille de Loos. Kipling ne retrouva jamais son fils, restant seul au
milieu de ces mots sublimes qui ont traversé le temps.

Tu seras un homme mon fils suivi de Lettres à son fils
de Rudyard Kipling (1001 nuits)
par Laurent Pfaadt

#Lecturesconfinement : Mur Méditerranée de Louis-Philippe Dalembert par Wilfried N’Sondé

Cette année j’ai eu un coup de
cœur pour le livre Mur
Méditerranée
 de Louis-Philippe
Dalembert, publiéaux éditions
Sabine Wespieser. Ce roman
choral est porté par une
narration haletante qui nous
plonge dansla complexité de la
migration massive de l’Afrique
vers l’Europe. Un texte sans
manichéisme, une
écriturefluide et riche pour
interroger l’humain et ses
contradictions.
Wilfried N’Sondé est l’auteur de plusieurs romans dont Le coeur des
enfants léopards
 (Actes Sud), prix des cinq continents de la
francophonie (2007) et Un océan, deux mers et trois continents (Actes
Sud, 2018)

Mur Méditerranée
de Louis-Philippe Dalembert (Sabine Wespieser éditeur)
par Wilfried N’Sondé

#Lecturesconfinement : Bambi de Felix Salten et Benjamin Lacombe par Laurent Marsick

En 1933 les Nazi brulaient
Bambi, histoire publiée en 1923
écrite par Felix Salten qui
dénonçait là, l’exclusion et les
discriminations à l’égard des juifs
en Europe. Livre interdit que
Benjamin Lacombe fait ressurgir
et illustre de façon magistrale.
C’est une explosion de couleurs
où se mêlent aquarelles,
gouaches, feutres et coups de
crayons d’un génie de
l’illustration. Il est le Renoir de
nos rêves, le Picasso de nos angoisses, il est Benjamin Lacombe et Bambi devient un livre
essentiel.
Laurent Marsick est journaliste au service culture de RTL,
spécialiste de littérature jeunesse et chroniqueur dans l’émission

Bambi
de Felix Salten et Benjamin Lacombe (Albin Michel jeunesse)
par Laurent Marsick

#Lecturesconfinement : Vernon Subutex de Luz-Despentes par Pierre Lungheretti

C’était l’une des
sorties BD les plus
attendues. Un pari
gonflé, celui
d’adapter l’un des
romans cultes de ces
dix dernières années.

Le roman-fleuve de
Despentes, en trois
tomes, décrit la
dérive dans Paris d’un ancien disquaire expulsé de chez lui, qui s’incruste chez ceux
qui étaient ses amis, des lointaines connaissances ou des clients. A
partir d’une situation de dénuement extrême et de dégringolade
sociale, Despentes se livre à une dissection de la société
contemporaine. Le marginal flamboyant, sur fond de mythologie
rock, est lentement broyé par les mutations économiques et sociales
du monde contemporain qui anéantissent les fondations sur
lesquelles reposait son univers.

Dans ce premier volume d’un projet qui en comportera deux, Luz, le
génial dessinateur de Charlie Hebdo, de Catharsis et des Indélébiles,
a réussi un véritable tour de force avec la complicité de la
romancière, Virginie Despentes, qui l’a délibérément choisi.

Dans cette adaptation fidèle, l’expressivité graphique de Luz, qui
donne un visage, une allure et une présence à cette galaxie de
personnages, est à son sommet. Il dépeint une jungle urbaine,
peuplée de personnages corrompus, aigris, désenchantés ou
dépressifs. Vernon s’immisce dans ces univers intimes, qui derrière
des façades bravaches ou d’un glamour vaguement décati, sont
marqués par les échecs existentiels, les frustrations et les
désillusions croqués par Luz avec finesse et empathie. Sa virtuosité
restitue la tension entre une narration tourbillonnante et la lente
décomposition d’un monde. L’utilisation magistrale des couleurs
avec une dominante différente pour chaque séquence, fait vivre au
lecteur l’intensité des situations et des émotions de Vernon.
L’attente du second tome n’en est que plus vive.

Peter Lungheretti est le directeur général de la cité internationale
de la bande-dessinée et de l’image d’Angoulême
Vernon Subutex de Luz-Despentes (Albin Michel)
par Pierre Lungheretti

#Lecturesconfinement : Pour l’amour de Beyrouth, collectif de trente-cinq personnalités sous la direction de Sarah Briand par Diane Mazloum

Si Pour l’amour de Beyrouth, le collectif
conçu par Sarah Briand en hommage
à Beyrouth suite à l’explosion du 4
août 2020, est un recueil de plusieurs
voix libanaises et françaises, il n’en
est pas moins un même et long cri
d’amour et de désespoir à l’encontre
de cette capitale mille fois malmenée,
mille fois revécue, pour reprendre les
termes de la poétesse Nadia Tueni. À
l’image d’une ville riche et contrastée
au point d’en devenir presque
insaisissable, ce livre regorge de
témoignages de différentes tailles, formes, verves et couleurs. Fût-il un poème ou un récit, une prière
ou une lettre, chaque texte ajoute une nouvelle facette à cette
capitale déjà si contradictoire, tout en y apportant, en retour, un
certain éclairage.
C’est un livre qui tout en donnant un avant-goût de la complexité
fascinante du Liban, laisse longtemps encore le goût persistant et
addictif du grand gâchis. On en sort la tête hantée, le cœur pressé,
broyé, mais le corps revitalisé d’une nouvelle énergie. Exactement
comme si on s’était laissé immerger dans Beyrouth.
Beyrouth, fille ou femme ? Féminine ou au masculin ?
Organique, chaotique, bruyante mais attachante comme un enfant,
d’une naïveté attendrissante, envoûtante, tour à tour charmant et
colérique, violent, cruel. Beyrouth, si petite mais insaisissable,
fuyante, duplice, incompréhensible, alors fantasmée, rêvée, devenue
désormais cauchemardesque, insupportable, à présent violée,
violentée, bientôt abandonnée, dépeuplée, voire occultée.
Pourquoi Beyrouth ? Parce qu’il fut un jour où Beyrouth concentrait
le meilleur de ce que l’Occident et l’Orient avaient à offrir, et
qu’aujourd’hui, Beyrouth concentre le meilleur comme le pire de ce
que peut offrir la race humaine.
Les bénéfices seront reversés à l’association OffreJoie qui travaille à
la reconstruction de la ville et panse les traumatismes de ses
habitants.
Diane Mazloum est une romancière libanaise, auteure de plusieurs
ouvrages dont une piscine dans le désert qui a figuré sur les listes des
principaux prix en 2020.

Pour l’amour de Beyrouth
, collectif de trente-cinq personnalités sous la direction de Sarah Briand (Fayard)
par Diane Mazloum

#Lecturesconfinement : Tais toi! de Anne Gruwez par Nadine Monfils

Anne Gruwez est belge et célèbre
depuis le documentaire (Strip Tease)
« Ni juge ni soumise » (César et
Magritte du meilleur documentaire
et prix de la meilleure actrice au
festival de San Sebastian). Son livre
est un brûlot qui relate son parcours
de juge, avec cette saveur et cette
verve qui la caractérisent. Il reflète
exactement sa personnalité si
attachante et atypique, haute en
couleurs ! On savoure sa manière
d’écrire et ses anecdotes
croustillantes. Cette femme généreuse, drôle et si proche des gens nous livre sa vision de la
justice et elle sait de quoi elle parle !

Nadine
 Monfils a écrit près de 80 romans et pièces de théâtre.
Son thriller Babylone Dream(Belfond) a obtenu le Prix Polar de
Cognac en 2007. Également cinéaste, elle a réalisé Madame
Edouard avec notamment Michel Blanc, Josiane Balasko et
Dominique Lavanant.

Tais toi! 
de Anne Gruwez (éditions Racine)
par Nadine Monfils