Babi Yar

Les 29 et 30 septembre 1941,
dans un ravin situé dans les
faubourgs de Kiev fut perpétré
par les Einsatzgruppen et leurs
supplétifs ukrainiens, l’un des plus
grands crimes de guerre et de
l’humanité. Babi Yar, nom de ce
ravin où périrent pendant ces
deux jours près de 33 000
personnes, résonne encore
comme l’un des épisodes les plus
terribles de la Shoah. Parmi la
population qui assista à ce
massacre, un jeune garçon de
douze ans, Anatoli Kouznetsov, ne devait jamais l’oublier.
Profondément marqué, il dédia alors sa vie à collecter des
informations sur les victimes de ce terrible massacre.

Son travail prit la forme de cet incroyable témoignage, précurseur
dans le travail sur la Shoah et publié en 1966 après avoir été
censuré par le régime soviétique. Disponible aujourd’hui dans sa
version originelle, Babi Yar témoigne non seulement des crimes
nazis mais également des complicités locales et de l’incurie du
régime soviétique. Son introduction « Avis aux lecteurs » permet de
mesurer l’implacable et ubuesque travail de censure opéré par les
autorités de l’URSS. Anatoli Kouznetsov laissa ainsi avec ce récit,
un témoignage hors du commun. Descendre ce ravin où le ruisseau
lave les débris d’os, c’est s’enfoncer dans les ténèbres de
l’humanité. Plus qu’un récit, ce livre est une quête. De la vérité. De
la mémoire. De la vie.

Par Laurent Pfaadt

Anatoli Kouznetsov, Babi Yar, coll. Texto,
Chez Tallandier, 576 p.