Bach, Sonatas et Partitas

D’abord l’instrument. Puis l’interprète. C’est ce que ressent
l’auditeur dès les premières notes de ce très beau disque signé Tedi
Papavrami, l’un des violonistes classiques les plus talentueux de sa
génération. Le violoniste albanais nous offre ainsi, dix-sept ans après
un premier enregistrement, un nouveau périple à travers ces chefs
d’œuvre de Jean-Sébastien Bach. Tantôt empreints de gravité
comme dans la troisième Partita, tantôt plus virevoltants (Première
partita), le violoniste avance avec humilité dans l’univers du génie.
Pas de vibrato mais une technicité pure, sans fioriture, bluffante
comme dans cette double de la Première Partita. C’est
véritablement un Bach aux multiples couleurs qui jaillit du violon
dans cet enregistrement dont il faut souligner la très belle prise de
son réalisée dans l’écrin de l’Arsenal de Metz. Des couleurs sans
vernis avec une interprétation qui sent le bois dont on fait les
orgues, les violons. D’abord l’instrument. Ensuite l’interprète donc.

Et puis vient la Chaconne, cet Everest du violon que Tedi Papavrami
transforme en Eden. Il y restitue à merveille la grande sensibilité
inhérente à l’œuvre qui lui donne ce caractère intemporel
absolument remarquable. Elle est une sorte de sablier que l’on
regarde se vider en prenant conscience que le temps perdu ne se rattrape jamais. Un pur moment de grâce.

Par Laurent Pfaadt

Tedi Papavrami, Bach, Sonatas et Partitas,
Chez Alpha Classics