Dans cette grande famille d’artistes où brille en majesté le nom de Charlie Chaplin, nous demandons pour ce spectacle, Victoria sa fille et Aurélia sa petite-fille.
Présenté par le TJP CDN Strasbourg-Grand Est et le Maillon le spectacle nous invite à travers une série de séquences à nous laisser emporter par la magie au sens propre du terme, celle qui se pratique dans les cabarets ou les cirques pour surprendre, émerveiller son public.
Présentement il y avait de quoi. « Objets inanimés avez-vous donc une âme… » On a envie de parodier la citation ou plutôt d’y répondre par l’affirmative car, dans ce décor qui peut évoquer, la salle d’attente du médecin ou un salon bourgeois ou tout autre lieu, les tables ou les chaises se meuvent sans crier gare, les cloisons sont mobiles, des vêtements surgissent des corps, des paravents en cachent ou en font surgir d’autres dont les tenues peuvent en un instant radicalement changer de coupes ou de couleurs. (Scénographie et costumes Victoria Thierrée Chaplin)
On en reste sur nos interrogations et sur notre admiration quant à l’habileté de la conception qui a présidé à cette réalisation et quant à la virtuosité que cela implique pour la faire advenir.
Apparition, dissimulation, disparition, la scène est comme un immense terrain de jeu qui ne cesse de capter notre attention. Y demeure, en bonne place, le personnage principal, une jeune, jolie et charmante jeune femme atteinte de cleptomanie, ce dérèglement comportemental qui la pousse à dérober toutes sortes d’objets, fournit le prétexte à des situations ubuesques, comme emporter un tableau, vider le contenu d’une étagère, s’affubler d’une coiffe scintillante, devoir ensuite s’accommoder de leurs exigences.
En toute élégance la voilà dans les bras d’un bel homme (Jaime Martinez) avec qui elle s’engage dans un fougueux tango imaginé et chorégraphié par Armando Santin et Victoria Thierrée Chaplin. (Conception sonore Dom Bouffard)
On suit ses voltiges, ses envolées vêtues de superbes robes qui accentuent sa grâce et nous la montrent dans des situations surréalistes comme lors de cette chevauchée fantastique où on la voit caracoler sur un échafaudage de porte-manteaux agencés en une étrange monture.
Fidèle à l’ancêtre, le spectacle est muet et joue comme il se doit sur l’expressivité des corps, et l’intensité des regards pour nous entraîner irrésistiblement dans le monde de la magie, de l’émerveillement et de la poésie.
Marie-Françoise Grislin
Représentation du 17 octobre au Maillon