Ce n’est pas un spectacle, ce seul-en-scène de Cécile Laporte mis en scène de Marion Duval est une présence qui ne se dérobe pas et nous conduit dans les artefacts de son histoire là où elle s’est engagée avec ses convictions, ses doutes, ses essais, ses découvertes d’une vraie vie dont elle ne soupçonnait pas qu’elle serait aussi mouvementée. Et pourtant, une des premières expériences qu’elle tient à nous livrer nous la montre toute jeune qui, dans le besoin de trouver un emploi rémunéré accepte d’accompagner un groupe d’handicapés dans un refuge de montagne difficile d’accès alors qu’elle sait à peine conduire et qu’elle n’a pas vraiment l’expérience requise pour faire de l’animation. Et finalement grâce à eux tous elle s’en sort. Thèmes et moments forts viennent à être racontés, mimés parfois illustrés par des photos. Cécile va et vient le long de la scène, la quitte soudain pour aller au plus près des spectateurs.

Un grand moment sera celui où, revêtant sa tenue de clown, avec masque et perruque, elle évoquera ses interventions à l’hôpital auprès des enfants pour la plupart atteints d’un cancer. Grimaces et diction à l’appui, elle nous introduit dans ce monde difficile, complexe et parfois morbide, sachant être drôle et éviter toute sensiblerie tant et si bien que l’accompagner dans ce parcours crée en nous malaise et découverte.
Mais on est au-delà car on touche à la réalité qu’elle soit dure ou surprenante, elle est toujours une façon pour elle comme pour nous d’ouvrir les yeux et de nous inviter à poursuivre un chemin qui n’est ni droit, ni oblique, car il est de ceux que la vie nous oblige à emprunter avec sa part d’improvisation, de déceptions et d’espoir.
Entre autres thème abordés, celui, délicat de la sexualité, sans pudibonderie mais avec une délicatesse qui laisse toute sa place à cette part d’ombre souvent cachée, si essentiellement vitale pour tous, la mêler à l’écologie et à la sauvegarde des forêts est assez prodigieux, vrai, efficace et ne manque pas d’humour. On en sort « laver du péché de la chair » et fermement écologiste.
Passer d’un thème à l’autre n’est pas un problème pour celle qui a pris le parti d’aller vers nous sans réserve, avec la sincérité qui anime bien de ses souvenirs, qu’elle nous livre en une sorte de suites improvisées, et même s’ils peuvent la montrer dans la dernière partie de ce long parcours aux prises avec la folie et emprisonnée en HP, essayant d’échapper à ces énormes marionnettes qui veulent la capturer.
Fort heureusement qu’elle s’en délivre et laisse place sur la scène à l’énorme tête carnavalesque qui crache sur nous ses confettis multicolores.
Nous venons de rencontrer une personne exceptionnelle que le public a fortement appréciée tant sa générosité à partager ses expériences nous a fait vibrer, nous a impliqué, réveillant nos propres souvenirs, un public qui n’a pas hésité à suggérer des mots et expressions familières à une comédienne ravie de ces échanges chaleureux et qui n’a pas hésité à le solliciter avant de partir à entrer dans la lutte anti colonialiste et à défendre La Palestine.
Marie -Françoise Grislin pour Hebdoscope
Représentation du 22 janvier au TNS
En salle jusqu’au 1er février