Archives par mot-clé : Albin Michel

Au-delà de la mer

Après la beauté et le choc de Grâce, Paul Lynch nous emmène dans
son nouveau roman sur un vieux rafiot en plein océan Pacifique en
compagnie de Bolivar, pêcheur expérimenté, et du jeune Hector.
Bolivar a, contre l’avis de tous, décidé de prendre la mer. Et bientôt,
la tempête s’abat sur l’embarcation qui, privée de moteur, dérive.
Jour après jour, semaine après semaine, les deux hommes vont
devoir vivre ensemble et survivre.

Dans ce dialogue une fois de plus magnifiquement écrit, Paul Lynch
réduit notre civilisation à ces deux hommes pour dépeindre un
monde englouti par ses contradictions, d’une humanité rongée par
son autodestruction. Avec cette prose addictive que l’on chevauche
comme une vague, tantôt vertigineuse – les scènes de folie sont
absolument stupéfiantes – tantôt abyssale, Paul Lynch nous entraîne
au plus profond de l’océan, celui obscur qui réside au fond du cœur
de chaque homme. Tour à tour, la haine, la foi, la barbarie, la morale
ou plus surprenant le péril écologique – la grande surprise du livre –
sont pointés du doigt par Bolivar et Hector dont on ne finit par ne
plus savoir où se trouvent les portes de la mort et les interstices de la vie. « Que peut-on savoir de l’heure et des circonstances qui mènent un
homme à rencontrer sa vérité ? De la longueur de ce cheminement ? Tout
ce qui compte, c’est qu’il finisse par la trouver » écrit ainsi Paul Lynch.

D’un récit de survie, d’un roman d’aventures, Au-delà de la mer se
transforme alors en expérience métaphysique lorsque les deux
hommes dépassent la simple expérience sensible. L’auteur nous
dévoile alors avec fascination et, il faut bien le dire, horreur, le
dénuement progressif de l’âme humaine, débarrassée de ses
oripeaux conformistes et rangeant l’animalité au rang de
compliment. Être capable d’une telle chose en quelques 200 pages
relève non pas de la prouesse mais du génie.

Par Laurent Pfaadt

Paul Lynch, Au-delà de la mer, trad. Marina Boraso
Chez Albin Michel, 240 p.

L’oiseau bleu d’Erzeroum T1

Parmi les échos du génocide arménien dont celui, sublime, d’Edgar
Hilsenrath, qui ont traversé le siècle dernier, il faut désormais
ajouter la voix intime et personnelle de Patrick Manoukian, alias Ian
Manook. Habitués à suivre celles, mongole et islandaise, du crime,
l’un des maîtres français du polar nous invite cette fois-ci à se laisser
guider par celles de deux sœurs, Araxie et Haïganouch, et de leurs
incroyables destinées depuis cette fatidique année 1915 lorsque
l’Etat turc perpétra ce qui reste à ce jour l’un des plus importants
génocides du 20e siècle.

C’est d’ailleurs par des cris, ceux des victimes arméniennes, que
débute cette folle épopée qui va conduire nos deux jeunes enfants
et à travers eux, la myriade de personnages construits par Ian
Manook vers la liberté, des cols enneigés au Berlin des années 20 en
passant bien évidemment par la France de l’entre-deux guerres.
Puisant dans son histoire familiale et en particulier dans celle de sa
grand-mère Araxie, Ian Manook livre ainsi le premier tome d’une
trilogie magnifique où les larmes côtoient le rire, où la tragédie
rivalise avec la comédie et où la vengeance combat l’injustice.

Une grande aventure en somme…

Par Laurent Pfaadt

Ian Manook, L’oiseau bleu d’Erzeroum T1
Chez Albin Michel, 544 p.

Demain et le jour d’après

Absolument emballé par son Terminus voilà deux années, en cours
d’adaptation au cinéma, on avait hâte de lire son nouveau roman
Demain et le jour d’après, déjà préempté par Hollywood et Niels
Blomkamp, réalisateur de District 9. Et il faut dire qu’on n’a pas été
déçu. Une fois de plus, Tom Sweterlitsch nous convie à un voyage
littéraire assez incroyable entre présent et futur.

Dans le présent, la ville de Pittsburgh a été rasée par un attentat
nucléaire. John Dominic Baxton, éditeur devenu enquêteur après
avoir perdu sa femme dans cet attentat, examine ce qu’on appelle
l’Archive qui permet, à l’aide des documents qui n’ont pas été
détruits, de revoir la ville avant l’attentat. Il y découvre, à sa grande
stupéfaction, qu’une jeune femme a été assassinée et que son
meurtrier a survécu à l’attentat. Se lançant alors dans une enquête
qui va l’emmener au-delà de sa propre histoire personnelle, le
lecteur plonge dans ce récit d’une construction romanesque
absolument bluffant. Si vous ne connaissez pas ce Christopher
Nolan des lettres, précipitez-vous de toute urgence sur Demain et le
jour d’après.

A lire également, Tom Sweterlisch, Terminus
(Le Livre de poche, 552 p.)

Par Laurent Pfaadt

Tom Sweterlitsch, Demain et le jour d’après
Chez Albin Michel Imaginaire, 416 p.

La troisième griffe de Dieu

Andrea Cort. Voilà un nom que tout passager montant à bord d’un
futur vaisseau littéraire va devoir retenir. Car peu importe où vous
irez, il vous servira de comparatif aux personnages que vous
rencontrerez. Mais existe-t-il véritablement dans cette galaxie où le
capitalisme a définitivement gagné la partie, une autre Andrea Cort,
cette jeune femme avec certes des pensées macabres, mais
terriblement libre ?

Pour le savoir, il nous faut pénétrer dans la troisième griffe de Dieu,
deuxième épisode de cette trilogie qui peut se lire indépendamment
du premier tome, Emissaire des morts. Cependant, il n’est pas inutile
de relire les quatre nouvelles qui ouvrent ce dernier afin de se
pénétrer de la psychologie de notre héroïne. Andrea Cort, victime
d’un génocide et entrée comme avocate et enquêtrice dans le Corps
diplomatique, a pris du galon. Elle est devenue Procureur et jouit
maintenant d’une liberté plus grande. Son nouveau statut lui vaut
d’ailleurs d’être invitée sur la planète Xana pour y rencontrer les
Bettelhine, une famille de génocidaires et marchands d’armes sans
foi ni loi. D’ailleurs, dans ce monde ultracapitalisé, Xana est devenue
la propriété des Bettelhine qui y ont créé leurs propres lois et
agissent ainsi à leur guise. Mais dès son arrivée, quelqu’un tente de
supprimer Andrea Cort avec la fameuse troisième griffe de Dieu,
une ancienne arme de destruction massive. Bloquée en compagnie
des enfants Bettelhine et d’un certain nombre d’autres invités dans
un ascenseur spatial qui sert de décor à ce huis-clos étouffant
magnifiquement construit par Adam-Troy Castro, tout le monde,
suspect, s’observe.

Les lecteurs retrouveront une fois de plus avec plaisir, Andrea Cort,
mi-Spock, mi-Hercule Poirot dans cette aventure passionnante. Elle
fera tomber, un à un, les masques tout en révélant le but premier de
l’invitation des Bettelhine, jusqu’au dénouement final absolument
étonnant. Avec ce cycle, nul doute que le nom d’Andrea Cort a
rejoint les Dors Venabili et les Cordelia Vorkosigan au panthéon des
grands personnages de SF à ceci près : on ne sait pas encore quel
sera son destin. Réponse dans La Guerre des marionnettes, à
paraître prochainement…

A lire également : Adam-Troy Castro, Emissaire des morts, Albin Michel Imaginaire, 720 p.

Par Laurent Pfaadt

Adam-Troy Castro, La troisième griffe de Dieu,
Chez Albin Michel Imaginaire, 464 p.

L’Autre esclavage: La véritable histoire de l’asservissement des Indiens aux Amériques

Le 15 mars 2021, Deb Haaland devenait la première amérindienne
secrétaire à l’Intérieur d’un gouvernement fédéral des Etats-Unis.
Près de 150 ans plus tôt, l’un de ses prédécesseurs, James Harlan,
s’élevait contre la réduction en esclavage des Indiens du Nouveau-
Mexique, dénonçant une pratique que beaucoup jugeait normale et
ancestrale.

Pendant longtemps, l’esclavage des Indiens est passé au second plan,
écrasé par celui des Africains puis des Afro-américains. Pourtant
interdit par la couronne espagnole depuis 1542, il a perduré sous
des formes insidieuses, maquillé juridiquement et ignoré de tous car
il servait les intérêts politiques, économiques et religieux de tous.
C’est ce que révèle le livre absolument magistral d’Andrés Reséndez,
professeur à l’université de Yale et de Californie-Davis. En
s’appuyant sur une abondante documentation recensant
d’innombrables faits aux quatre coins des Etats-Unis, l’auteur
examine avec une objectivité stupéfiante ce phénomène qui a
concerné entre 2,5 et 5 millions de personnes, pour la plupart des
femmes et des enfants, employés et rééduqués. Couvrant plusieurs
siècles de pratiques, il expose aussi bien les arguties juridiques et
religieux – comme ceux de Mormons de l’Utah utilisant l’esclavage
pour permettre la rédemption des Indiens – servant à justifier de
telles pratiques, que la collaboration de tribus indiennes afin
d’alimenter ce système qualifié par l’auteur « d’angle mort » de
l’histoire américaine.

Parmi les dispositifs qui permirent à cet autre esclavage de subsister
figure la pratique du péonage, version moderne du servage qui
permettait aux propriétaires terriens de s’assurer une main d’œuvre
gratuite notamment parmi les Indiens capturés. Exclus du 13e 
amendement consacrant l’abolition de l’esclavage, les Indiens durent
ainsi attendre le Peonage Act de 1867 pour voir leur condition
évoluer. Cependant, il ne régla rien car dans le même temps, comme
le rappelle Andrés Reséndez, « la politique de déportation du
gouvernement fédéral offrit aux trafiquants d’esclaves indiens de
formidables occasions d’exercer leur métier ». Une véritable économie
parallèle se mit ainsi en place, permettant à des régions entières
comme la Californie par exemple, de connaître une expansion
économique. Et l’émancipation des Afro-américains conduisit
malheureusement à reléguer dans l’ombre le sort des premiers habitants des Etats-Unis malgré quelques voix comme celle du
célèbre sénateur Charles Sumner.

Ce livre marque ainsi une étape cruciale dans la compréhension
complexe des phénomènes d’esclavage dans le Nouveau Monde et
en particulier aux Etats-Unis. Il révèle également, sans concessions,
la construction schizophrénique d’une nation, défenseuse à la fois de la liberté et de l’oppression, et où la soif d’expansion et le
développement d’une puissance se sont appuyés en permanence sur
la violence et le crime. C’est en cela que le livre d’Andrés Reséndez
constitue assurément une petite révolution. Jamais l’adage voulant
que l’histoire rendra justice aux vaincus ou aux oubliés n’a été aussi
vrai qu’ici. Pour cela, il faut des historiens courageux, des chercheurs
de vérité, des lanceurs d’alerte, capables de dire, comme Andrés
Reséndez, ce qui a été mais surtout, ce qui perdure.

Par Laurent Pfaadt

Andrés Reséndez, L’Autre esclavage:
La véritable histoire de l’asservissement des Indiens aux Amériques
Chez Albin Michel, 544 p.

Fantômes

Le gaman est cette notion japonaise qui veut dire « supporter ce qu’on
ne peut maîtriser ». Supporter ce qu’on ne peut maîtriser. Mais que
maîtrise-t-on au juste ? Cette question, cette impuissance nichée au
fond du cœur de la famille Takahashi traverse comme une flèche
empoisonnée le sublime livre de Christian Kiefer, finaliste du Grand
prix de littérature américaine pour Les Animaux (Albin Michel) en
2017.

Personne ne maîtrise son destin, trop grand pour les Wilson, ces
paysans fruitiers, trop écrasant pour les Takahashi, leurs ouvriers
japonais, surtout quand il est paré des oripeaux de la haine et du
racisme. Dans Fantômes, l’auteur expose ainsi celui que subirent les
émigrés japonais et les citoyens américains d’origine japonaise au
lendemain de l’attaque de Pearl Harbor en décembre 1941. Ce
drame, déjà esquissé par James Ellroy et Joy Kagawa (au Canada),
trouve enfin sa place dans la littérature américaine. Humiliée,
déclassée, la famille Takahashi se retrouva ainsi internée dans le
camp de concentration de Tule Lake en Californie alors que leur fils
Ray se battait sur les champs de bataille européens. Mais que le
retour du héros fut tragique…

Christian Kiefer rend ses personnages, tous les personnages de ces
deux familles terriblement attachants. Kimiko Takahashi d’abord,
cette fleur de cerisier fanée par le destin et son mari, Hiro, enfermé
dans sa pudeur culturelle que l’on veut pousser à la révolte, Homer
Wilson, patriarche au bon cœur et sa femme Evelyn, prisonnière du
poison du conformisme et du racisme qui finira par corroder son
cœur. Mais il y a surtout Ray, le fils Takahashi, beau comme un
samouraï des temps modernes qui allait emprunter malgré lui la voie de la guerre alors qu’il n’aspirait qu’à aimer Helen, la fille des Wilson.
De cet amour impossible et de leur fruit défendu dont ils furent tous
deux privés, Christian Kiefer tire, à travers la voix du narrateur,
parent des Wilson, un chant, celui des fantômes qui hantent le cœur
de ses personnages dans une litanie sans fin. Un chant aux échos de
souffrances qui entre dans nos têtes pour ne jamais en ressortir.
Jesmyn Ward, la double lauréate du National Book Award, a parlé à
juste titre de « roman qui chante » car c’est bien de cela qu’il s’agit. Au
fil des pages de ce livre qu’elle ouvre et referme, c’est bel et bien la
voix de Ray que l’on perçoit, omniprésente, comme celle d’un ange
perché contemplant le sombre théâtre de cette tragédie que
personne n’a voulu mais qui est quand même advenue. Alors
pourquoi ? Parce qu’on a laissé faire. Parce qu’on a baissé les yeux
quand il fallait les garder grand ouverts. Parce qu’on a laissé la
guerre, toutes les guerres, envahir nos cœurs. Aujourd’hui comme
en 1942 ou en 1968, l’avertissement de Christian Kiefer n’a ainsi
rien perdu de sa force.

Ici, aucun manichéisme, simplement l’histoire d’une amitié devenue
haine car écrite par d’autres que ceux qui la vivent et racontée par
un narrateur à l’âme pulvérisée par la guerre et l’injustice. Mais ce
que nous disent Evelyn et Kimiko est ailleurs. Tous, au feu comme
dans l’antichambre de la mort, se retrouvent  un jour ou l’autre sur le
chemin de la vérité. Ils y croisent les fantômes de leurs vies et de
leurs actions passées pour y assumer leurs responsabilités. Car ces
fantômes demeurent, jusqu’à notre dernier souffle, en nous. 

Par Laurent Pfaadt

Christian Kiefer, Fantômes
Chez Albin Michel, 288 p.

Une maison faite d’aube

Aujourd’hui N.S. Momaday
demeure le seul écrivain
amérindien récompensé par le Prix
Pulitzer. C’était en 1969 avec son
ouvrage majeur, Une maison faite
d’aube
. La nouvelle traduction
réalisée par Joëlle Rostkowski,
grande spécialiste de littérature
amérindienne, nous permet ainsi
d’apprécier toute la beauté de
cette prose qui plonge dans les
racines des pins de Californie ou
suit les traces de ces loups qui « le
soir, attirés par les feux de camp des chasseurs, (…) s’asseyaient en cercle dans la pénombre des sous-bois
comme des anciens réunis pour fumer ».

A travers la figure d’Abel, indien navajo revenu de la guerre, se
déploie toute la dichotomie entre la folie des hommes et l’ordre
naturel de la nature. Ode à une vie ancestrale menacée, la grande
force de la prose mystique de Momaday est d’inscrire des mots sur
ces ambiances et ces sentiments qui se passent justement de mots.
Du pueblo et de ces rites animistes tolérant le christianisme à
l’hostilité de la ville coure Abel, le héros du livre, fuyant le
déracinement, la sauvagerie des hommes et sa propre violence
intérieure d’une vie privée de repères. Chant d’un monde recouvert
d’une nuit de plus en plus longue, Une maison faite d’aube traversée
de pollen, de pluie et de merveilles n’a rien perdu de sa magie, bien
au contraire.

A lire également le très beau Crazy Brave (Globe) de Joy Harjo,
traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Nelcya Delanoë et Joëlle Rostkowski.

Par Laurent Pfaadt

N.Scott Momaday, Une maison faite d’aube,
Chez Albin Michel, 288 p.

#Lecturesconfinement : Amrita de Patricia Reznikov par Chris Dercon

A few weeks ago I  received an email
from a friend in India: ˋHave you
come across ´Amrita’ , a novel in
French by Patricia Reznikov, just
published this year by Flammarion?
’. I was intrigued as I have been
working since many years on the
unique, artistic œuvre of exactly the
same Amrita . Amrita is  Amrita
Sher-Gil , a pioneering painter and
feminist,  who was born in 1913 in
Hungary and died tragically in India
in 1941, aged 28. The figure of
Amrita and her work became in
recent years immensily popular in India and beyond. Just like
Patricia Reznikov , Amrita studied at the Ecole des Beaux Arts in
Paris. Her exceptional painting skills won her a prize and
immediately  many fans at the Ecole . After 5 years in Paris,  the
indian- Hongarian family Sher-Gil returned in 1934 to India where
she became one of the inventors of modern Indian art. Throughout
her work Amrita loved depicting women in private moments, in her
later work expressing the indolence and loniless of Indian women
living in the rural areas. In much the same way as her contemporary
Frida Kahlo , Sher-Gil used her ambiguities of nationality and
sexuality, to question what and how an Indian artist, let alone a
female one, might be. Sher-Gil herself knew exactly what was at
stake when she declared in 1938 :´Europe belongs to Picasso,
Matisse and Braque and many others. India belongs only to me’
thereby boldly outlining her ambition to be the first truly modern
Indian painter. One can easily see why Reznikov is fascinated by the
life and times of Amrita Sher-Gil. She is not alone, also India’s most
important filmmaker Mira Nair is preparing her view on the
revolutionary role of Amrita, as an encouragement for thé
émancipation of  Indian women. It is interesting to note that in 2022
exhibitions are planned of the unique œuvre which Amrita left
behind, in Qatar and South Africa. Indeed, thé legacy of Amrita
Sher-Gil lives on. The indepth  research, rich interpretations and
story telling of Reznikov make the exceptional personality of Amrita
come alive and makes clear that a large exhibition especially in Paris
is long overdue. That’s what my friend, Amrita’s nephew ,leading
contemporary Indian artist Vivan Sundaram,in his mail was indeed
hinting at.

Chris Dercon est le président de la Réunion des
Musées Nationaux-Grand Palais
Amrita de Patricia Reznikov (Albin Michel)
par Chris Dercon

#Lecturesconfinement : Prudence et Passion de Christine Jordis par Gérard de Cortanze

Dans Raisons et Sentiments, Jane Austen
opposait deux sœurs qui proposaient
deux regards sur la vie. La première,
Marianne, belle et vive, personnifiait les
dangers de l’audace et le goût des
extrêmes. La seconde, Elinor, plus sage,
moins séduisante, s’engageait dans une
voie plus prudente, choisissant la raison
contre l’émotion. Christine Jordis, en
romancière subtile, transpose cette
matière anglo-saxonne dans la France
d’aujourd’hui et pose une question: dans le tumulte et le tapage
ambiants, quel comportement adopter? Faut-il fuir, s’engager, se
replier su soi? Il y a plus d’un siècle, Jane Austen nous prodiguait une
leçon de vie, Christine Jordis la reprend à son compte et nous glisse
dans l’oreille: « Voulez-vous la vérité ou plaire à un monde qui
ment ? » Un livre pudique et nécessaire.

Gérard de Cortanze est écrivain, essayiste et dramaturge, auteur de
nombreux livres dont Assam (Albin Michel), prix Renaudot
2002. Dernier livre paru : Moi, Tina Modotti, heureuse parce que libre
(Albin Michel)


Pruden
ce et Passion de
 Christine Jordis (Albin Michel)
par Gérard de Cortanze

#Lecturesconfinement : Une maison faite d’aube de N.Scott Momaday par Francis Geffard

Riche en images et scènes d’une grande
beauté, Une maison faite d’’aube, le
roman
 de N. Scott Momaday, premier
écrivain amérindien à recevoir le prix
Pulitzer, 
réconcilie la littérature moderne
avec le sens du sacré, et impose
l’universalité de 
la condition humaine
dans un style empreint de lyrisme et de
poésie.

« Dans un pays très ancien, que l’on
disait éternel, il y avait une maison faite d’aube, de pollen et de
pluie. La plaine resplendissait des reflets miroitants des argiles et
des sables et les collines alentour étaient multicolores. C’était un
pays fort et tranquille. Tout y était beau. »

Francis Geffard est éditeur de la collection « Terres d’Amérique »
chez Albin Michel

Une maison faite d’aube
de N.Scott Momaday (Albin Michel)
par Francis Geffard