Archives par mot-clé : Antonio Salieri

Armida d’Antonio Salieri

Poursuivant sa lecture musicale d’Antonio Salieri, Christophe
Rousset et ses Talens lyriques nous emmène cette fois-ci à la
découverte d’Armida, drame musical composé en 1771 qui raconte
les amours d’Armide (Armida) et de Renaud (Rinaldo) et dont il nous
offre le premier enregistrement mondial.

Car ce disque est un véritable cadeau. Une fois de plus,
l’interprétation touche juste. Une atmosphère intime très agréable
s’en dégage grâce à l’alchimie des Talens lyriques et du chœur de
chambre de Namur. On se sent ainsi privilégié de découvrir cet
opéra comme a dû peut-être le ressentir l’empereur et sa cour. De
plus, les voix portent à merveille ce drame. Avec sa palette sonore
stupéfiante entre puissance et murmure, Lenneke Ruiten campe une
Armida très convaincante surtout dans ses arias du troisième acte
tandis que le bariton anglais Ashley Riches brille en Ubaldo. Ses
intonations rappellent celles du commandeur du Don Giovanni de
Mozart. D’ailleurs Salieri n’avait que vingt ans lorsqu’il composa cet
opéra qui devait assoir sa renommée. Un petit génie déboulant dans
la musique. Comme Mozart. Deux cent cinquante ans plus tard,
Christophe Rousset rend ainsi un peu plus justice à ce compositeur
malaimé, injustement reconnu et qui pourtant influença le génie. Ce
disque en est une nouvelle preuve éclatante.

Par Laurent Pfaadt

Armida d’Antonio Salieri par les Talens lyriques
dir. Christophe Rousset,
Chez Aparté

Salieri expose ses talents

Un opéra méconnu
du compositeur
viennois. Une
splendide
redécouverte

Tout le monde
connait les Noces de
Figaro
d’après
Beaumarchais. Peu
en revanche savent
que ce dernier
écrivit la pièce
ainsi que le livret
de l’opéra Tarare d’Antonio Salieri, le compositeur jaloux du génie
de Mozart dans le film Amadeus. Grâce aux Talens lyriques et à
son chef, Christophe Rousset, il est enfin possible d’apprécier ce
petit bijou dans son intégralité. Il faut dire que le chef ne
s’aventure pas en terrain inconnu puisqu’il a mis en musique l’an
passé les Horaces de ce même Salieri qu’il affectionne par ailleurs (voir interview).

De Paris au Japon en passant par Bucarest ou Vienne, la formation
musicale des Talens lyriques est aujourd’hui incontestablement
l’un des meilleurs ambassadeurs de la musique baroque française.
Elle brille une fois de plus dans cette interprétation qui mêle
intelligemment le lyrisme d’un Salieri et l’espièglerie de
Beaumarchais sans omettre le message politique de ce dernier. Il
faut dire que le maestro s’est appuyé sur l’excellent centre de
musique baroque de Versailles toujours enclin à promouvoir des
pans méconnus du répertoire français.

Les habituels compagnons de route de Christophe Rousset et
devons-nous dire de Salieri sont, une nouvelle fois, réunis : Judith
van Wanroij, impériale dans la Nature et Spinette notamment
dans le Prologue, Tessis Christoyannis et Cyrille Dubois qui
interprète le rôle-titre de Tarare. Ils sont rejoints par de nouvelles
voix dont Enguerrand de Hys et surtout par l’une des plus belles
sopranos françaises, Karine Deshayes qui campe une sublime
Astasie, la bien-aimée de Tarare. Sa voix puissante et
charismatique explose véritablement dans son duel avec Spinette
dans le quatrième acte, venant ainsi couronner une production en
tout point réussie.

Les Talens lyriques seront dans les prochains mois au Théâtre des
Champs-Elysées (24 septembre),
à l’arsenal de Metz (30 novembre) et
au Wiener Staatsoper de Vienne (8-15 novembre).
A ne pas rater donc.

Par Laurent Pfaadt

Antonio Salieri, Tarare, Les Talens lyriques,
dir. Christophe Rousset, Aparté