Archives par mot-clé : Flammarion

#Lecturesconfinement : L’art de mettre les choses à leur place de Dominique Loreau par Alexandra Diaconu

Connue pour son Art de la simplicité
(2005), Dominique Loreau aborde
dans cet ouvrage l’art du
rangement. Au-delà du tri, il s’agit
de trouver à chaque chose sa place
en fonction de son utilisation. Le
confinement a révélé notre besoin
d’espace et une maison n’est pas un
entrepôt, ose-t-elle dire très
justement. Se sentir bien chez soi
c’est d’abord prendre plaisir à y
rester. C’est ne pas avoir à ranger
tous les jours ou à perdre du temps
à chercher quelque chose. Sans
donner des recettes toutes prêtes, Dominique Loreau donne des idées, des techniques et invite à en créer pour trouver son propre
système et ranger sans effort. Parce que, souligne-t-elle, mettre de
l’ordre dans son territoire intime, « c’est aussi refuser de se laisser
envahir par la confusion du monde extérieur. »
 Mettre les choses à leur
place c’est aussi leur donner l’importance qu’elles ont vraiment.
Voici une double leçon zen en ces temps chaotiques.

Alexandra Diaconu est la directrice de l’agence de communication
Legato Agency et fondatrice du Prix Littéraire des Musiciens
L’art de mettre les choses à leur place de Dominique Loreau
(Flammarion)
par Alexandra Diaconu

#Lecturesconfinement : Amrita de Patricia Reznikov par Gérard de Cortanze

La peintre indienne d’origine
hongroise Amrita Sher-Gil n’avait
pas froid aux yeux. Après avoir
déclaré « l’Europe appartient à
Picasso, Matisse, Braque et bien
d’autres. L’Inde n’appartient qu’à
moi seule », elle révolutionna la
peinture indienne. Belle,
audacieuse, iconoclaste, libre, elle
parcourut l’Europe, de Budapest à
Paris, en passant par Londres et
Florence, avant de passer les
dernières années de sa vie dans
l’Inde coloniale, entre Lahore et
Simla. Morte prématurément à 28 ans, celle qu’on surnomme
aujourd’hui la « Frida Kahlo indienne », est une gloire dans son
pays et le monde anglo-saxon. Avec ce roman inspiré, Patricia
Reznikov écrit le livre qui peut enfin la faire connaître au monde
entier. Remarquablement écrit, il redonne vie à une figure
féminine hors norme et d’une très grande modernité. La première
rétrospective de son œuvre aura lieu de septembre 2021 à janvier
2022 au Kunstsammliung Nordrhein-Westfalen de Dussëldorf.

Gérard de Cortanze est écrivain, essayiste et dramaturge, auteur
de nombreux livres dont Assam (Albin Michel), prix Renaudot
2002
Dernier livre paru : Moi, Tina Modotti, heureuse parce que libre
(Albin Michel)
Amrita de Patricia Reznikov (Flammarion)
par Gérard de Cortanze

Le livre à emmener à la plage

James Comey, Mensonges et
vérités, une loyauté à toute épreuve

Malgré sa taille impressionnante
(plus de deux mètres), ce géant
est toujours resté dans l’ombre
jusqu’à son limogeage par le
président Donald Trump, le 9 mai
2017 alors qu’en tant que
directeur du FBI, il dirigeait ce
qu’il est désormais convenu
d’appeler le Russiangate. Mais
c’est oublier que l’homme est au
courant depuis près de quinze ans
de nombreux secrets ou plutôt, comme il le dit lui-même, de
mensonges d’Etat. En tant que procureur général adjoint des
Etats-Unis, c’est-à-dire adjoint du ministre de la justice sous la
présidence de George W. Bush entre décembre 2003 et août
2005 puis bien évidemment comme directeur du FBI entre 2013
et 2017, l’homme a traité de dossiers épineux comme la
légalisation de la torture contre les terroristes, l’affaire Plame-
Wilson, du nom de cette espionne américaine dont l’identité fut
révélée par des membres du cabinet Bush, l’enquête sur les emails
d’Hilary Clinton et bien entendu les rapports entre l’équipe de
campagne de Donald Trump et la Russie qui lui vaudra son
limogeage et sa comparution devant la commission judiciaire du
Sénat.

Le livre embarque ainsi le lecteur dans les coulisses d’une
diplomatie secrète ou dans les arcanes d’une Maison Blanche qu’il
compare à une mafia et où le mensonge et les coups bas pleuvent.
Il oscille en permanence entre thriller et roman d’espionnage. Sauf
que tout est véridique.

Par Laurent Pfaadt

Chez Flammarion, 379 p.

A la gloire de Dieu

GentileschiTous les chefs d’œuvre du Vatican réunis dans un ouvrage magnifique

Voilà un livre qui ne devrait pas laisser insensible les amoureux du Vatican, de la renaissance et du baroque, de l’art et de l’Italie. Enfermés dans un magnifique écrin, tous les chefs d’œuvre de la cité papale sont pour la première fois réunis dans un seul ouvrage et permettent de découvrir d’un seul coup d’oeil l’étendue des richesses immortelles du Vatican, de l’Ecole d’Athènes de Raphaël au baldaquin du Bernin en passant par les portes en bronze de l’antique basilique vaticane ou les jardins et qui font la gloire de ce lieu visité chaque année par des millions de visiteurs.

On doit ce travail de bénédictin à Anja Grebe, professeur d’histoire de l’art à l’université d’Erlangen-Nuremberg, qui a recensé et nous présente parfois dans ses moindres détails plus de mille oeuvres. Il y a bien entendu les célébrissimes fresques de la chapelle Sixtine, la Piéta de Michel-Ange, les chambres de Raphaël et cette magnifique délivrance de Saint Pierre ou l’appartement des Borgia. On parcoure avec envie cette pinacothèque où se succèdent les merveilles de Léonardo de Vinci, de Fra Lippi, du Guerchin, de Guido Reni (exceptionnelle crucifixion de Saint Pierre), de Véronèse et sa vision de Sainte Hélène, du Caravage, du Pérugin, de Raphaël, de Gentileschi et sa merveilleuse Judith et sa servante portant la tête d’Holopherne, ou le Portrait du pape Clément IX par Carlo Maratta pour ne citer que ces oeuvres parmi les innombrables chefs d’œuvres contenus dans ce livre dont la qualité des reproductions ajoute encore à la magie. Et on pourrait lire l’ensemble des notices tellement elles apportent une pertinence aux oeuvres présentées.

L’ouvrage n’est pas qu’un simple catalogue et nous emmène à la découverte de pièces non ouvertes au public qui recèlent des trésors méconnus ou cachés. Ainsi, le lecteur s’aventure dans ces pièces du palais du Vatican qui servent de bureaux administratifs et renferment des fresques somptueuses où l’on découvre avec surprise que le Vatican continua jusqu’au milieu du XIXe siècle à être décoré par des peintres comme Jan Matejko (victoire de Jean III Sobieski, roi de Pologne, contre les assiégeants turcs de Vienne), Francesco Podesti ou Ponziano Loverini. La Salle Royale qui sert encore pour les audiences abrite ainsi des oeuvres de Giorgio Vasari, le fameux auteur des Vies des meilleurs peintres, sculpteurs et architectes, relatant les grandes dates de l’histoire du christianisme comme la bataille de Lépante (1571) ou le massacre de la Saint-Barthélemy (1572).

Après un bref passage par la bibliothèque vaticane puis par les merveilleuses enluminures des quelques 180 000 manuscrits de la bibliothèque apostolique du Vatican, nous entrons dans les grands musées du Vatican (Chiaramonti, Pio Clementino, différents musées grégoriens) pour découvrir avec curiosité que le Saint-Siège possède une collection d’art moderne réunissant des oeuvres de Paul Gauguin, Otto Dix ou Paul Klee mais également – et plus surprenant – un musée ethnologique où se côtoient des Bouddha de la dynastie Ming (XIVe siècle) et des sculptures aztèques.

Au final c’est à un voyage artistique sans pareil que nous convie ce magnifique ouvrage. Alors pour tous ceux qui ont ou qui vont visiter le Vatican, ceux qui sont frustrés de ne pouvoir s’arrêter devant telle ou telle oeuvre, ou ceux qui sont rebutés par plusieurs heures de file d’attente, ce livre est pour vous.

Anja Grebe, Vatican, tous les chefs d’oeuvre, la collection complète des maîtres anciens, peintures, fresques, sculptures, cartes, tapisseries et reliques, Flammarion, 2014

Laurent Pfaadt