Certains écrivains cherchent la
difficulté. Évoquer une jeune
femme-enfant autiste orpheline
dans une famille travailliste
israélienne à l’ère Netanyahou
(alors qu’elle-même porte le nom
de Rabin) qui accueille un cousin
aussi étrange que charmeur, c’est
un peu comme vouloir traverser
l’Atlantique à la rame ou jouer la
chaconne de Bach avec des gants
de boxe. Pourtant, ce roman
initiatique aussi puissant que
profond possède un souffle rare. Tous ces ingrédients a priori improbables se marient en un ensemble
d’une cohérence et d’une rigueur narrative rares.
Découvrir ce qu’est l’altérité à travers les yeux progressivement
dessillés de Suzanne, en évitant tout pathos, est hautement à
recommander en ces temps de repli individualiste.
Et je dois dire que ce qui m’a le plus séduit dans ce qui n’aurait pu
n’être « que » un exercice virtuose, est que ce livre est très drôle.
est le directeur général de l’agence France-Muséums
par Hervé Barbaret