Archives par mot-clé : Luc Maechel

L’enfer du paradis…

Lesbos, la honte de l’Europe

En mission à Lesbos pour l’ONU en mai 2019, Jean Ziegler rapporte des faits têtus, impitoyables : d’un côté, le droit international et européen – revendication affichée de valeurs humanistes – et, en regard, la manière dont ces droits sont bafoués avec beaucoup de brutalité par les structures européennes en charge de la gestion des Réfugiés.

Par Luc Maechel

Jean Ziegler / Lesbos, la honte de l’Europe
Aux éditions Seuil, janvier 2020 (144 p.)

 

Laurence Garnesson

Laurence et Alma
Photo Luc Maechel

Vacuité lyrique

 

Interview et
images de l’artiste
Laurence
Garnesson
lors de
sa résidence en
février 2020 dans l’atelier de taille douce des Éditions Bucciali où elle a réalisé
25 monotypes.
https://youtu.be/b93nxp7jrTU

L’interview, à paraître dans le mensuel culturel franco-allemand Hebdoscope, est lisible ici :  http://racinesnomades.net/ephemerides/ephemeride-2020/#itw-Garnesson 

Entretien, prises de vues & montage :
Luc Maechel avec Mitsuo Shiraishi, Alma et Rémy Bucciali
Nota : les musiques sont diégétiques (radio dans l’atelier…)

Balthus : géométrie secrète d’une sauvagerie feutrée

Même si Passage du Commerce-
Saint-André (1952-1954) est un
prêt de longue durée visible en
permanence au musée, monter
une rétrospective Balthus ne
coulait pas de source pour la
Fondation Beyeler. Les goûts
d’Ernst et Hildy les portaient plus
naturellement vers d’autres
univers. Des convergences
s’invitent malgré tout. Balthus
était un ami de Giacometti et
avait ce lien privilégié avec la
Suisse où il a passé son enfance,
convolé pour ses premières noces et établi sa dernière villégiature : la
Rossinière dans les Alpes vaudoises. Une connivence confortée par la
présence amicale de sa veuve, Setsuko Ideta lors de l’ouverture. La
rétrospective d’une quarantaine de toiles couvre l’ensemble de sa vie
d’artiste de 1928 à 1994.

Parution hebdoscope 1054 octobre 2018

Suite de l’article de Luc Maechel

 

 

Images du corps flottant

L’exposition Corpus Baselitz du Musée Unterlinden de Colmar se concentre sur les quatre années écoulées avec des travaux d’atelier et des œuvres issues de 19 collections particulières européennes dont beaucoup n’ont jamais été montrés.

Parution hebdoscope 1052 Juillet/août

Gotik o.k, 2018
huile sur toile, Galerie Thaddaeus Ropac
photo Luc Maechel

Suite de l’article de Luc Maechel :
Baselitz : Images-du-corps-flottant

L’air et la chair

© Luc Maechel

Bacon / Giacometti

C’est la première fois
qu’un musée
confronte le travail
d’Alberto Giacometti
(1901–1966) et de
Francis Bacon
(1909–1992). Un
dialogue audacieux
et envoûtant
présenté par la
Fondation Beyeler du 29 avril au 2 septembre avec une centaine
d’oeuvres de ces deux artistes majeurs du XXe siècle.

Suite de l’article de Luc Maechel :
Bacon/Giacometti : L’air et la chair

Parution papier hebdoscope,  juin 2018 n° 1051

Festival Les Etoiles du Documentaire

Luc Maechel et Simone Fluhr ©Kamal Ourahou

Suite et perspectives

Retour sur le
Festival Les Etoiles
qui a eu lieu à
Strasbourg, au
cinéma l’Odyssée,
les 9 et 10 février.
Cette deuxième édition a connu une
fréquentation encourageante, avec un public jeune qui a été au rendez-
vous, à la grande satisfaction des organisateurs, désireux de faire
connaître le genre du documentaire à un public qui spontanément ne
s’y intéresse pas forcément.


Les documentaires

Trois classes de collégiens sont venues à la rencontre de Simone
Fluhr et son film Rivages, lui posant des questions aussi
pertinentes que d’une fraîcheur revigorante. Dautres collégiens
ont  beaucoup apprécié l’excellent Deux Cancres de Ludovic
Vieuille, réagissant avec des éclats de rire contagieux à la
situation qui leur est sans doute familière de ce père et fils
confrontés aux affres des devoirs. Autre public intéressé et très
présent, des étudiants en cinéma que Kijima Stories a fortement
impressionnés, à en juger par leur échange avec l’enthousiaste
réalisatrice Laétitia Mikles. Son film est effectivement d’un grand
intérêt et passionnant à bien des égards. Alliant réalisme et
poésie, Sur le rebord du monde d’Hervé Drézen est un voyage très
dépaysant au pays de Penmarc’h avec un réalisateur qui est un
véritable artiste par son engagement et par son refus du système.
Malheureusement, qui veut réaliser un documentaire est tenu de
constituer des dossiers pour séduire producteurs et chaînes de
télé, une réalité contraignante et terre-à-terre qui n’a cessé d’être
évoquée lors de ce festival, comme celle de la diffusion des
documentaires qui souffrent d’un manque aigu de visibilité par le
grand public – d’où l’intérêt de ce Festival Les Etoiles qui n’existe
pour le moment qu’à Rennes et à Strasbourg mais devrait
également trouver sa place l’an prochain à Bordeaux, Nantes et
Marseille. Quid de l’avenir du documentaire et notamment de la
place des auteurs dans l’espace frontalier ? Ce fut le sujet d’une
réunion entre professionnels de la filière image qui a eu lieu en
marge de ce Festival.

Le Transfrontalier en questions

Une séance de réflexion a réuni différents auteurs-réalisateurs de
documentaires autour de la question de leur statut, de leur travail
et des coopérations actives ou non entre les pays limitrophes de la
Région du Grand Est, la seule en France qui partage sa frontière
sur près de 760 km avec quatre pays :  l’Allemagne, la Belgique, le
Luxembourg et la Suisse. La question du transfrontalier se pose de
façon prématurée lorsque la diffusion des documentaires est le
problème crucial qui se pose au sein même de chaque pays. Grâce
au Grand Est cependant, et grâce à un réseau de salles, le
documentaire trouve sa place dans la  programmation de  salles de
cinéma. La Région Grand-Est s’investit aussi dans l’aide à
l’écriture. Avec les pays limitrophes, synergie et complémentarité
sont à trouver. Si les politiques « vendent » le « transfrontalier », il
reste un concept utopique en matière de création audiovisuelle
car chaque pays a son propre fonctionnement et sa législation du
droit des auteurs-réalisateurs. Si les lois peuvent changer, reste
que la façon de travailler et l’esprit même qui anime la création et
la réalisation d’un film diffèrent tellement que les freins restent
énormes, sans compter le problème de la langue. Qui croit que les
Alsaciens et les Allemands trouvent facilement un terrain
d’entente se trompe. Un producteur alsacien en a fait l’amère
expérience avec un film qui n’a pas trouvé preneur Outre-Rhin,
alors qu’il était tourné dans les deux langues. Les chaînes de
télévision restent frileuses en Allemagne, le côté didactique du
documentaire devant être privilégié. Tout doit y être surligné, sur-
commenté, comme si l’on ne faisait pas confiance à l’intelligence
du spectateur et à son imagination. Quant à la chaîne ARTE, elle
n’est souvent pas plus audacieuse que ses consœurs assujetties à
l’audimat. Un espoir cependant, la différence de culture, en
termes de création documentaire, est moindre entre la France et
la Belgique. Cette réunion entre professionnels du documentaire
a permis d’interroger la question du transfrontalier, certes sans
pouvoir y répondre, mais en ayant posé les jalons d’un début de
réflexion qui sera menée dans les années à venir, le transfrontalier
offrant des perspectives intéressantes tant professionnelles que
publiques. Reste comme l’a dit l’un des intervenants, en guise de
conclusion, à « écrire, écrire, écrire… »

Les étoiles du documentaire,
Du 9 et 10 Février 2018

Elsa Nagel

Les Etoiles du Documentaire

Hôtel Machine d’Emanuel LICHA

Le temps d’un week-
end, du 9 au 10
février 2018, sept
documentaires sont
à découvrir au
cinéma l’Odyssée de
Strasbourg. Double
bonne nouvelle,
l’entrée est libre et les films sont projetés dans la grande salle.


La Scam (Société civile des auteurs multimédia) a pour activité
principale la gestion des droits d’auteur pour 40 000 membres,
écrivains, journalistes, photographes, dessinateurs, youtubeurs …
Le Festival Les Étoiles du documentaire est la vitrine grand public
de la Scam qui depuis près de 10 ans organise la projection sur
deux jours, au Forum des Images à Paris, de trente documentaires
et reportages choisis parmi soixante documentaires, eux-mêmes
fruit d’une sélection de 400 films. Ces trente films bénéficient
ainsi d’un coup de projecteur quand on sait les difficultés pour un
documentaire à être distribué en salle et même à la télévision.

La Safire (La Société des Auteurs réalisateurs de Films
Indépendants en Région Est), créée en 1993, est une association
qui regroupe les auteurs réalisateurs professionnels du Grand Est
et les représente auprès des pouvoirs publics et des différentes
instances du cinéma et de l’audiovisuel au niveau local et national.
La Safire a vocation à diffuser les films ancrés dans la Région et à
permettre au public de rencontrer les réalisateurs.

L’édition strasbourgeoise du Festival des Étoiles du documentaire
qui fête sa deuxième session cette année, est organisée par la
Safire, en  partenariat avec la Scam, Strasbourg Eurométropole, le
cinéma l’Odyssée, Alsace20 et le soutien de la Région Grand Est.
La Safire est également soutenue par la Drac Grand-Est. Trois
réalisateurs de la Safire ont sélectionné 7 films, sur les trente
lauréats aux Etoiles, avec pour ambition de couvrir par leur choix
tout le champ du documentaire et de permettre à un festivalier de
les voir tous, en deux jours, ainsi que d’assister au débat avec le
réalisateur à la fin de la séance. Une table ronde également sera
l’occasion d’échanger sur la question fondamentale de la part de la
scénarisation dans la création d’un documentaire. Encadrés par
Christine Zimmer, journaliste aux DNA, les documentaristes
Hervé Drézen, Laétitia Mikles et Ludovic Vieuille seront présents
de 17h 20 à 18h 50, pour en débattre.

Les 9 et 10 février, les spectateurs strasbourgeois pourront
découvrir une programmation variée.

Les DEUX CANCRES (1h – VF) est une comédie réalisée par
Ludovic Vieuille qui a filmé durant quatre ans le rituel des devoirs
scolaires… un père et son fils, le temps des devoirs.

En vidéo-art, KIJIMA STORIES de Laétitia Mikles (32 mn –VOSTF)
est un film tourné au Japon, étonnant par son genre hybride qui
mêle le dessin aux images filmiques et à l’animation, dans une
enquête autour d’un ex-mafieux. Autre documentaire de création,
SUR LE REBORD DU MONDE est un film d’Hervé Drézen (57 mn
– VF). Il est parti à la rencontre des habitants de Penmarc’h, à la
pointe du Finistère, cette terre au bout du bout du monde, battue
par les vents et tailladée par l’océan.

Trois reportages nous emmènent en Inde, en Amérique et dans un
hôtel emblématique de ces hôtels où se rassemblent journalistes
et reporters envoyés sur les zones de conflits et de guerre.

HOTEL MACHINE d’Emanuel Licha (1h 07 – VOSTF) est l’histoire
d’un hôtel qui se souvient… Ce documentaire a reçu le Prix de la
Création, Festival Traces de Vies 2015.

JHARIA, UNE VIE EN ENFER de Jean Dubrel et Tiane Doan Na
Champassak (52 mn –VF) se passe en Inde à Jharia, devenu le
théâtre d’une catastrophe humaine et  environnementale de
grande ampleur, depuis que des incendies ravagent des mines de
charbon à proximité d’habitations. Et lorsqu’il s’agit de voler le
charbon pour le revendre et survivre, les risques encourus sont
tragiques.

Le 29 août 2005, l’ouragan Katrina ravage La Nouvelle-Orléans.
La ville est réduite à néant et vidée de l’intégralité de ses
habitants. C’est ce que raconte NOUVELLE-ORLÉANS,
LABORATOIRE DE L’AMÉRIQUE d’Alexandra Longuet (50 mn –
VOSTF). Lorsqu’il a fallu reconstruire, l’immobilier est devenu
inaccessible aux plus modestes qui font souvent partie des
populations métissées. Le film interroge les habitants. C’était sous
Obama.

Dans la sélection proposée, un film retiendra tout
particulièrement notre attention. Il a été réalisé par Simone Fluhr.
Cette mulhousienne qui vit désormais à Strasbourg, a travaillé
avec des demandeurs d’asile de 1997 à 2012, avant de se tourner
vers la réalisation. Comme elle le dit : « Le cinéma ne change pas la
face du monde mais aide à changer le regard que l’on porte sur le
monde. »  Avec RIVAGES (1h 14 mn –VF), elle donne la parole à
Johnny, Jean-Luc et Monique. Ils vivent dans la rue, par tous les
temps et depuis longtemps. Ce sont des silhouettes anonymes
comme on en croise tant, mais leur histoire singulière, voire
stupéfiante, fait d’eux des personnages à la hauteur de héros de
fiction. Difficile après ce film de croiser un SDF sans se demander
quel est son destin. Il y eut urgence à filmer Johnny qui vient du
Danemark et qui se déplace sans cesse à travers l’Europe, son sac
de marin sur l’épaule. Jean-Luc, lui, vit sous les ponts et son
existence est vouée à la fuite de ce monde, aidé par l’alcool et les
paradis artificiels. Aujourd’hui, son âge ne lui permet plus de vivre
dehors. Il vit dans du dur depuis l’hiver dernier. Quant à Monique,
si depuis le tournage elle non plus ne vit plus à la rue, la rue
continue à l’habiter. Issue d’un milieu aisé, elle a fait un mauvais
choix et son compagnon violent a contribué à faire voler leur vie
en éclats. Monique est poète. Aujourd’hui, elle tient un blog. Elle
milite activement au sein du collectif SDF Alsace. Monique,
Johnny, Jean-Luc sont tous trois impressionnants de dignité. Ils
sont portés chacun par une sensibilité artistique. Si Monique écrit
des poèmes, Johnny dessine admirablement bien et Jean-Luc, lui,
dessine des mandalas. Alors que sous les ponts, il n’avait pas de
réchaud et des fins de mois extrêmement difficiles, ses maigres
économies passaient cependant dans l’achat de papier et de
crayons de couleurs. RIVAGES est un documentaire passionnant,
par ses personnages qui se racontent, sans pathos, sans se
plaindre, assumant leur destinée, n’appelant pas à la pitié mais au
respect pour ce qu’ils sont.

Elsa Nagel

https://safiregrandest.com/festival-des-etoiles/