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Une joie de courte durée

Riccardo Chailly
© Mathias Benguigui

Riccardo Chailly et
l’Orchestre de Paris ont
célébré Beethoven et sa
neuvième symphonie 

On n’a jamais entendu autant
d’hymnes à la joie à Paris
qu’en ce début d’année 2020.
La faute non pas à la crise des
valeurs européennes qui se
répand sur le continent mais
plutôt au début des festivités
du 450e anniversaire de la
naissance du génie de Bonn.

Hasard du calendrier, le concert de l’orchestre de Paris sous la
direction de Riccardo Chailly se tenait le soir même de l’entrée en
vigueur du Brexit. Un spectateur, galvanisé par l’émotion du
concert, lança même, au moment de quitter la salle, un vibrant «
No Brexit ! » comme un dernier appel à nos amis britanniques.

L’émotion avait été au préalable portée à son paroxysme par
l’excellence musicale déployée que n’aurait certainement pas
contesté un Wilhelm Furtwängler même si l’inoubliable interprète
de Beethoven aurait certainement eu quelques remarques à
formuler à son lointain disciple. Car ici, la force de la neuvième
symphonie ne résidait pas tant dans cette puissance orchestrale
et cette dimension épique que sublima le chef allemand jusqu’à la
rendre légendaire. Non, ici, pas d’emphase mais une force
tellurique tenant essentiellement au sens inné de l’harmonie que
le chef, Riccardo Chailly, l’une des meilleures baguettes du monde,
passé par le Concertgebouw d’Amsterdam et la Scala de Milan, a
su instiller à l’orchestre, entourant ainsi son interprétation d’une
magie qui opère à chaque fois.

Cela donna une symphonie vivante, pleine d’énergie et d’une
plasticité sonore assez incroyable que des vents très inspirés et
des percussions en verve ont modelé notamment dans le très
beau troisième mouvement. Un quatuor vocal de choix en
particulier la contralto Gerhild Romberger et le ténor Steve
Devislim, habitués à ces prises de rôle, accompagné d’un chœur de
l’Orchestre de Paris toujours aussi impérial, ont transformé le
final en apothéose. Tous pleuraient de joie, oubliant presque que,
de l’autre côté de la Manche, quelques-uns pleuraient pour
d’autres raisons.

Par Laurent Pfaadt

Programme de l’Orchestre de Paris à retrouver sur www.orchestredeparis.com