On ne présente plus Louise Erdrich dont les livres La malédiction des colombes, Dans le silence du vent ou La Sentence, prix Femina étranger en 2023, appartiennent non seulement au mouvement littéraire de la Native American Renaissance en compagnie notamment de Sherman Alexie ou de N. Scott Momaday (disparu en janvier dernier) et dont Louise Erdrich peut être considérée comme la figure de proue mais à la littérature nord-américaine tout court.
Auréolée des plus prestigieux prix comme le Pulitzer ou le National Book Award, elle revient en cet automne dans les libraires françaises avec un récit qui se situe dans le droit fil de La Sentence. Pour les familiers de l’œuvre de Louise Erdrich, Fleur Pillager n’est pas une inconnue. Il y a vingt ans, la jeune femme têtue, fière de sa culture Ojibwée et à qui on prêtait des pouvoirs magiques apparaissait dans La Forêt suspendue (Robert Laffont, coll. « Pavillons », 1990).
Nous la retrouvons là où nous l’avions laissé, durant ce terrible hiver de 1912 dans le Dakota du Nord où le froid effaçait les pas dans la neige et où l’on chassait encore le bison. Complétant son récit par une deuxième partie inédite racontée par Nanapush et Pauline, une jeune métisse, Louise Erdrich emmène son lecteur au coin du feu, une peau d’ours sur les genoux pour nous conter, avec son génie littéraire, l’histoire de cette amazone indienne.
Comme des pas dans la neige est ainsi l’occasion de retrouver la Louise Erdrich des origines, de ces récits où la magie et les sortilèges gouvernaient le destin des hommes, où les légendes amérindiennes sont à la fois la continuité de l’histoire officielle et l’annonce de ce qui doit advenir. Et quand vous sortirez, le crissement de vos pas dans la neige n’aura plus le même son…
Par Laurent Pfaadt
Louise Erdrich, Comme des pas dans la neige, traduit de l’anglais par Michel Lederer
Chez Albin Michel, 448 p.