Comme un air d’Autriche-Hongrie

Brahms était à l’honneur de l’un des concerts phares de la Quinzaine musicale.

 Fischer

Certaines critiques parmi les plus sérieuses ne manquent pas d’éloges pour qualifier l’orchestre du festival de Budapest. D’autres affirment même que l’orchestre créé en 1983 par le chef Ivan Fischer, également chef principal de l’orchestre symphonique de Berlin (devenu orchestre du Konzerthaus) est l’un des meilleurs du vieux continent avec Vienne, Berlin et Amsterdam, rien que cela !

Il faut dire que l’on ne ressort pas indemne d’un concert de cet orchestre qui enchaîne les tournées et est demandé aux quatre coins de l’Europe. Venant de Londres, l’orchestre est ainsi attendu à La Scala de Milan avant de revenir dans sa Budapest natale.

A l’occasion de la clôture de sa 75e édition, la Quinzaine musicale de San Sebastian qui est revenue cette année sur ses origines a invité l’orchestre hongrois pour deux soirées consacrées aux troisième et quatrième symphonies de Brahms et à la Huitième symphonie « Inachevée » de Schubert qui partageait l’affiche de la première édition de la quinzaine en 1939.

Depuis le printemps, l’orchestre du festival de Budapest a régulièrement rendu hommage au célèbre compositeur romantique en interprétant régulièrement ces symphonies comme en témoigne la nuit Brahms diffusée sur France musique le 26 août dernier.

Il faut dire que l’orchestre dispose de tous les atouts nécessaires pour jouer ces œuvres monumentales. La suavité de ses bois, des cuivres tonitruants et précis permettent de donner vie à ces symphonies. Grâce à sa formidable direction, tout en rondeur, et qui insuffle une incroyable force à l’orchestre, Ivan Fischer, qui connaît parfaitement Brahms pour lui avoir consacré un cycle de référence de l’autre côté de l’Atlantique, a su mettre en valeur le fameux thème héroïque de la troisième – qui d’ailleurs valu à cette symphonie le surnom d’héroïque de la part du célèbre chef d’orchestre Hans Richter – avant de le faire littéralement exploser ce thème dans la coda du dernier mouvement.

L’interprétation de la quatrième symphonie, composée quant à elle en 1884-1885 n’est pas sans rappeler celle des plus grands (Haitink, Giulini, Kleiber). La passacaille qui traverse tout le dernier mouvement est particulièrement perceptible, les musiciens magyars de l’orchestre et leur chef étant particulièrement sensibles à cette forme musicale et se sont attachés à exalter cette dernière.

Grâce à ses instrumentistes de grande qualité et son chef majestueux, une énergie exceptionnelle s’est dégagée de ce concert qui a marqué les esprits. Le public du Kursaal était aux anges ce soir-là car il sait qu’il a assisté à un moment musical d’anthologie et unique.

Par Laurent Pfaadt

Edition hebdoscope 1010, septembre 2014