Interview – Prix Femina des lycéens 2020

« Un roman qui nous touche par le dilemme de ses personnages si
différents et pourtant si liés. »

Le 9 décembre dernier, le Prix Femina des lycéens 2020 a été
décerné à Ce qu’il faut de nuit de Laurent Petitmangin (Manufacture
de livres). Hebdoscope a rencontré quelques jurys du prix, les
élèves de la classe de 1ère 6 de Marie-Emma Dionne, professeure
de lettres au Lycée Val de Seine, un lycée de la banlieue
rouennaise, qui expliquent leur choix. 

« Ce qu’il faut de nuit, le roman élu par les lycéens lors du vote du Prix
Femina des Lycéens 2020, est un roman touchant traitant d’un sujet
d’actualité avec beaucoup de force. Un roman qui nous touche par le dilemme de ses personnages si différents et pourtant si liés. L’auteur met
en avant deux personnages aux idées fortes, mais contraires, un père et
son fils, de deux tendances politiques différentes. Le développement de la
distance entre ces deux protagonistes est intéressant, le cheminement des
idées est bien construit et développé, les rebondissements s’enchaînent et
surprennent. L’auteur laisse planer le doute quant à la fin du roman, et les
interprétations des dernières pages ont été différentes pour chacun
d’entre nous. Ce qu’il faut de nuit est un roman bien écrit, qui laisse place
à l’imagination et au débat suite à sa lecture. »
(Mylène Morisse)

« J’ai été touché par le désir du père comme du fils de continuer à essayer
de communiquer et de s’aimer malgré toutes leurs différences. Leurs
tentatives de se montrer leur affection sont parfois maladroites. Les
problèmes qu’ils rencontrent ne se limitent pas à un conflit autour d’idées
politiques, mais peuvent être généralisés à une relation compliquée entre
parents et enfants. Ici, le père a du mal à accepter les idées extrémistes de
son fils, le fils a du mal à trouver sa place et à parler de lui, mais il n’est pas
question de prendre parti pour l’un ou pour l’autre, juste question de
donner à voir la difficulté des relations familiales et aussi les
conséquences d’actes que l’on ne maîtrise pas toujours au sein de la
famille, et qui peuvent nous séparer, malgré l’amour que nous nous
portons les uns aux autres. « 
(Marwan Dehbi)

« J’avoue que le début du livre n’a pas été facile à comprendre pour moi,
mais la rencontre physique avec l’auteur qui est venu au Lycée dans le
cadre du Prix Femina des Lycéens m’a éclairée. J’ai bien aimé l’humour de l’auteur et son approche concrète de nos questions. Je me suis remise à
lire le livre grâce aux réponses qui m’avaient été apportées. J’ai trouvé
l’histoire touchante, j’ai beaucoup aimé les liens très forts qui unissent les
deux frères, car je suis issue d’une famille nombreuse, avec sept soeurs,
alors je connais bien ce lien. »
(Sarah Murlin)

« Lire un livre et rencontrer l’auteur qui l’a écrit a été pour nous un
véritable plaisir. Il nous a écoutés, a su nous mettre à l’aise et a éclairé des
zones d’ombre de son livre, tout en nous laissant libres d’interpréter la fin.
Nous avons dans la classe des interprétations différentes de certains
passages du livre, en fonction de nos personnalités, ce qui nous a permis
de discuter littérature, ce qui était assez nouveau pour nous. « 
(Chloé Sauvage)

« Ce qu’il faut de nuit est un roman accessible à tout lecteur. Il se déroule
dans un cadre réaliste, et aborde de nombreux sujets, par petites touches.
Laurent Petitmangin lors de la rencontre a été ouvert et nous a permis
d’aborder toutes sortes de sujets, y compris dans le domaine de la lecture
et de l’écriture, ce qui était très motivant. « 
(Manon Nowaczyk- Lola Rosay- Mathéo Modard- Enzo
Leconte-Agathe Morainville)

« Ce qu’il faut de nuit est un livre très touchant, non seulement grâce à la
relation père-fils qui nous est présentée, mais aussi parce qu’il nous aide à
comprendre l’état d’esprit du père, qui essaie malgré la maladie et la mort
de sa femme, de rester fort et présent pour ses deux fils. Après la
rencontre avec Laurent Petitmangin, nous nous sommes mieux rendus
compte de la sincérité de l’auteur et nous avons vu que cette histoire lui
tenait à cœur. Il nous a dit que dès le départ, il voulait que son roman soit
centré sur la relation père-fils, une relation marquée par la tragédie mais
une relation aimante. La lettre finale de Füss m’a personnellement
beaucoup touchée. Ce qu’il faut de nuit est un roman qui présente des
personnages auxquels on peut s’identifier, l’histoire est captivante et
centrée autour du thème de l’amour. « 
(Djoys Lukuku)

« Je considère comme une chance et une fierté le fait d’avoir été élue pour
représenter la classe au Prix Femina des Lycéens. Tous les livres de la
sélection m’ont apporté quelque chose, et aucun d’entre eux n’était
indigne d’avoir le prix. Ce qu’il faut de nuit garde une place spéciale dans
le palmarès des romans dont nous nous souviendrons. « 
(Cléliah Boucand)

« La rencontre avec l’auteur nous a donné envie de lire le livre. L’histoire
n’est pas toute rose, mais il est facile de s’identifier aux personnages et l’histoire est pleine de rebondissements. La relation fusionnelle qui unit
les membres de la famille rend la fin du roman encore plus surprenante.  »
(Jade Yaya-Yvenislove Vincent- Ambre Koué Bi Seri)

« Dans Ce qu’il faut de nuit, Laurent Petitmangin ne raconte pas
seulement une relation père-fils fusionnelle, mais l’histoire d’un père qui
fait face aux choix de son ainé, à des choix contraires à l’éducation qu’il
lui a donnée. Comment accepter de voir son enfant s’approprier des
valeurs politiques opposées à ses idéaux? Comment accepter le jugement,
la culpabilité qui en résulte lorsque son enfant passe au tribunal  pour
avoir commis un crime?  Laurent Petitmangin nous laisse, nous lecteurs,
libres de choisir l’interprétation du dénouement de ce roman
bouleversant. »
(Charlotte Leduc, Nelson Pirès)M

Merci à tous et à leurs professeurs Marie-Emma Dionne et Hélène Legodec ainsi qu’à Evelyne Bloch-Dano

Propos recueillis par Laurent Pfaadt