La course au mouton sauvage

A l’occasion de la réédition de
quelques romans du grand
romancier japonais, l’occasion était
trop belle de se replonger dans l’un
de ses plus beaux chefs d’œuvre, la
course au mouton sauvage
qui ferme
la trilogie du rat. Publié initialement
en 1982, le troisième roman de
l’écrivain suit les pérégrinations
d’un homme qui a rompu avec sa
famille et se lance bien malgré lui et
presque contraint et forcé, sur les
traces d’une créature mythique, le
mouton étoilé.

Une fois de plus, Murakami nous embarque dans son univers
particulier où il parvient à construire à partir d’éléments
disparates, – quoi de plus éloigné qu’un spécialiste des moutons,
de mystérieuses oreilles féminines et des fanatiques d’extrême-
droite – une histoire incroyable. Oscillant en permanence entre la
réalité et le conte – ce roman constitue d’ailleurs la porte d’entrée
de ce réalisme magique qui lui est propre – entre l’Histoire et les
histoires, la course au mouton sauvage évoque à bien des égards sa
dernière fresque, le Meurtre du Commandeur. Mais derrière ce récit
farfelu se cachent bien souvent de grandes réflexions sur les
hommes ou l’Histoire. A consommer sans modération donc pour
ceux qui auront cette chance extraordinaire de ne jamais l’avoir lu.

Par Laurent Pfaadt

Haruki Murakami, La course au mouton sauvage,
Chez Belfond, 304 p.