La femme au marteau

Voici quelques réflexions à brûle-pourpoint inspirées par ce concert suite à des échanges avec de fidèles spectateurs de Musica. Certains se demandant si nous étions là pour Silvia Costa, sa mise en scène et sa scénographie ou pour la musique de Galina Ustvolskaya, cette élève de Dimitri Chostakovitch que nous connaissons peu, musique ici interprétée et révélée d’une manière fulgurante par le pianiste Marino Formenti.


En effet, la scénographie de Silvia Costa occupe une place importante dans ce spectacle très visuel. Ce n’est pas pour rien qu’elle a été l’assistante de Romeo Castellucci, comme lui, plasticienne, issue des Arts visuels, avec un goût pour les beaux objets, les attitudes plutôt mortifères ou hystériques, une nette tendance à l’esthétisme.

C’est son univers qu’elle apporte sur le plateau avec ces lits simples ou raffinés, ces canapés agrémentés de coussins pour des hôtes de passage au destin inconnu. Un mobilier souvent déplacé. Seul élément constant, le piano, encore est-il bousculé et prié de faire place à l’objet qui arrive.

 Sans doute cela est-il à l’image de la vie mouvementée de la compositrice qui, après avoir rompu avec son maître a su mener ses propres recherches et créer une musique très personnelle.

Les six sonates qu’elle a écrites entre 1947 et 1988 sont l’objet de ce concert et nous avons été emportés par cette musique tellement particulière et expressive, bouillonnante, sans concession, exprimant la violence, les drames avec parfois ce répit, ce calme nécessaires à qui veut reprendre haleine. Mario Formenti en donne une interprétation impressionnante. Avec une énergie, une conviction à toute épreuve, dans un jeu tellement physique que le pianiste semble faire corps avec son instrument, il rend à la compositrice russe un puissant et légitime hommage.

 Marie-Françoise Grislin

Musica au Maillon le 27septembre