La Maison de verre

Pramoedya Ananta Toer
Chez  Zulma, 576 p.

Il est bien loin le temps où le jeune
Minke entrait dans la maison de
Robert Mellema pour y rencontrer
Ontosoroh. Les années ont passé et
d’autres flammes notamment celle,
grandiose, de la liberté ont envahi
son être et ont construit cet homme
qui défia le pouvoir colonial. Ce
dernier matérialisé dans la
personne du commissaire
Pangemanann, celui que Minke aurait pu être dans d’autres circonstances, use de ses dernières
armes pour le faire taire. Mais, on se rend bien compte que, dans ces
Indes néerlandaises parvenues à leur crépuscule, l’appareil répressif
est usé.

La liberté finit toujours pas gagner. Tel un poison, elle s’instille dans
les veines de la dictature et la détruit, lentement. Même ses séides
finissent par retourner leurs armes contre elle. Voilà le message
éclatant de Pramoedya Ananta Toer, qui a transformé son
oppression en arme littéraire, en panégyrique de la liberté. Il est
toujours émouvant de parvenir à la fin de l’un des grands
monuments de la littérature mondiale, de se dire que c’est terminé,
qu’il n’y aura plus rien après cela. Mais c’est ainsi. Minke restera
longtemps dans notre tête.

Laurent Pfaadt