Le livre à emmener à la plage

Amos Oz, Judas

1959 Jérusalem. Shmuel, jeune
homme perdu cherchant du travail
tombe sur une annonce quelque peu
singulière : un vieil homme invalide
et érudit, Gershom Wald, recherche
de la compagnie. Il se rend chez le
vieillard et accepte en échange
d’une condition : cinq heures de
conversation. Mais ce que ne sait
pas Shmuel, c’est qu’il vient d’entrer
non pas dans la grande bâtisse de
Wald mais dans un titanesque
procès, celui de toute une nation. La confrontation rhétorique
entre Shmuel et Wald trouvera des moments d’accalmie en la
personne d’Atalia, veuve de 45 ans dont le père fut considéré en
1948 comme le Judas de l’indépendance parce qu’opposé à la
vision de Ben Gourion.

L’auteur d’une Histoire d’amour et de ténèbres (2003), fer de lance
du mouvement la Paix Maintenant, signe peut-être là son roman le
plus politique. Celui-ci plonge dans les non-dits d’une nation et
convoque un certain nombre de spectres : Judas, omniprésent,
l’ami devenu le traître de ce Jésus qui fut l’objet du travail
universitaire de Shmuel et le symbole de l’antisémitisme mais
également les proches disparus de Wald qui sont autant de
métaphores qui renvoient à l’Ancien Testament. A travers cette
exploration de la figure du traître où Amos Oz utilise la théologie
bien entendu mais également l’histoire et les relations humaines,
l’écrivain israélien montre une fois de plus avec brio que le traître
n’est pas toujours celui que l’on croit et que l’aveuglement que l’on
met dans une cause conduit toujours au désastre et d’une certaine
manière… à la trahison.

Par Laurent Pfaadt

Chez Folio, 400 p.