Archives de catégorie : Lecture

#Lecturesconfinement – L’ami impossible de Bruno de Stabenrath par Augustin de Romanet

Si cet été vous avez apprécié
l’enquête de Society sur Dupont de
Ligonnes, vous allez dévorer ce
livre. Une chronique chirurgicale,
bienveillante et glaciale de l’amitié
entre l’auteur et Xavier Dupont de
Ligonnes. L’analyse la plus subtile
jamais réalisée sur ce « drame »

Augustin de Romanet est
président-directeur général du
groupe ADP (Paris aéroport)

L’ami impossible de Bruno de
Stabenrath (Gallimard) par Augustin de Romanet

#Lecturesconfinement – La femme révélée de Gaëlle Nohant par François Saltiel

C’est un roman qui vous accroche dès la première ligne. Nous
suivons le destin d’une américaine qui quitte brutalement son pays
pour Paris en laissant son jeune fils aimé derrière elle. Un mystère
qui se perce de page en page et surtout un récit puissant qui s’inscrit
entre deux pays et deux époques à la sortie de la seconde guerre.
Une femme qui doit s’inventer une nouvelle vie tout en faisant le
deuil de la précédente avant que ne survienne de merveilleuses
passerelles.
François Saltiel est journaliste dans
l’émission 28 minutes sur Arte.
Dernier livre paru : La société du
sans contact, selfie d’un monde en
chute
 (Flammarion)

La femme révélée
de Gaëlle Nohant
Chez Grasset, par François Saltiel

#Lecturesconfinement-L’esprit de la liberté est immortel

L’autobiographie de WEB Du
Bois permet de redécouvrir la
pensée de l’un des pères des
droits civiques 

Premier opus d’une collection
baptisée « Compagnons de
voyage », dirigée par le
dramaturge et traducteur René
de Ceccatty, et qui comptera
quelques grands noms de la
littéraire mondiale,
l’autobiographie de William
Edward Burghardt Du Bois dit WEB Du Bois, Pénombre de l’aube, nous emmène sur les traces de ce
personnage totalement inconnu en dehors des frontières des Etats-
Unis et qui pourtant, demeura l’un des modèles de ceux qui – Martin
Luther King en tête – allaient porter la lutte pour les droits civiques
dans les années 1960.

Né au lendemain de la guerre de sécession, en 1868, Du Bois
entama une brillante carrière universitaire qui le conduisit à devenir
le premier afro-américain à obtenir un doctorat de la brillante
université d’Harvard. Mais le professeur précurseur ne s’arrêta pas
là car très vite, il lui sembla important, vital même de se muer en
porte-parole de la cause afro-américaine après notamment le
compromis d’Atlanta et l’arrêt de la cour suprême Perry vs.
Ferguson du 18 mai 1896 qui confortèrent la ségrégation raciale
dans les états du Sud.

Si le lecteur trouvera dans ces pages les mémoires de ce garçon de
Great Barrington dans le Massachussetts devenu l’un des leaders de
la NAACP, Pénombres de l’aube est moins une autobiographie qu’un
traité où Du Bois revient sur les concepts de race et de monde blanc,
et une analyse pertinente de la société américaine et de son système
économique et éducatif. Il a ainsi des mots très durs sur l’Europe
occidentale à la veille de la seconde guerre mondiale : « L’Europe
occidentale ne voulait pas et ne veut pas la démocratie ; elle n’y a jamais
cru, elle ne l’a jamais pratiquée, et elle ne l’acceptera jamais sans une
révolution radicale et fondamentale »
écrit-il.

WEB Du Bois participa aux créations du mouvement Niagara en
1905 et de la National Association for the Advancement of Colored
People (NAACP) en 1909 qui allait devenir le fer de lance des droits
civiques un demi-siècle plus tard. Il y développa une conception
nouvelle de la ségrégation, plus historique que celle, raciale, qui
prévalait alors. Sa solution : former une élite culturelle afro-
américaine à travers le système éducatif tout en mettant l’accent sur
le droit de vote. Opposé à une intégration au forceps qui ne ferait
que perpétuer les inégalités, Du Bois prôna plutôt un
développement endogène de la communauté noire. « La plupart des
Noirs aimeraient mieux une bonne école avec des enseignants de couleur
correctement payés, plutôt que de faire entrer de force leurs enfants dans
une école blanche où ils seraient maltraités, humiliés et découragés dans
leurs efforts pour progresser. »
En lisant ses lignes, on ne peut qu’être
frappé par leur caractère visionnaire quand on sait que quelques
quarante-cinq ans plus tard, grâce au système éducatif, un noir fut
élu à la présidence des Etats-Unis.

WEB Du Bois mourut à 95 ans, le 27 août 1963. Quelques années
plus tard, le 23 février 1968, à Carnegie Hall, Martin Luther King lui
rendait cet hommage : « Le Docteur Du Bois nous a quitté mais n’est pas
mort. L’esprit de liberté n’est pas enseveli dans la tombe du brave. Il sera
avec nous lorsque nous irons en avril à Washington exiger notre droit à la
vie, à la liberté et la poursuite du bonheur »
. Moins de deux mois plus
tard, en avril justement, Martin Luther King était assassiné à
Memphis, rejoignant son aîné dans la tombe du brave. Mais l’esprit
de liberté a perduré. On connait la suite…

Par Laurent Pfaadt

W.E.B. Du Bois, Pénombre de l’aube,
coll. Compagnons de voyage,
Aux éditions Vendémiaire, 420 p.

#Lecturesconfinement – Interview

« L’éminence grise classique peut
vraiment être définie comme le
double du monarque ou du
président »

Tous les livres de Charles
Zorgbibe, professeur émérite de
relations internationales,
foisonnent d’érudition et de
détails. Son nouvel ouvrage sur
les éminences grises qu’il a croisé
dans ses ouvrages précédents
(Guillaume II,  Metternich ou
l’Imbroglio, tous édités chez De
Fallois), n’y fait pas exception. Pour Hebdoscope, il revient sur ces
personnages à la fois fascinants et redoutés. 

 A vous lire, l’éminence grise telle que l’histoire la fantasme
n’existe, en réalité, pas. Il faudrait plutôt parler d’éminences grises
au pluriel

Il existe tout de même une figure centrale, l’éminence grise «
classique », qui apparaît avec le Père Joseph, qu’on retrouve aux
Etats-Unis avec le colonel House auprès de Woodrow Wilson, avec
Harry Hopkins auprès de Franklin Roosevelt, et plus récemment
avec Foccart auprès de de Gaulle. On peut y ajouter, dans l’ombre de
Metternich, Friedrich Gentz, l’architecte du fameux Congrès de
Vienne en 1814-1815… L’éminence grise « classique » peut vraiment
être définie comme le « double » du monarque ou du président : c’est
un vrai partage des servitudes du pouvoir.

On découvre aussi des éminences grises faiseurs de paix comme
Monnet ou Gide qui déconstruisent un peu le mythe d’un
conseiller servant de noirs desseins

On prête pourtant de noirs desseins à Monnet puisque tout un
courant complotiste l’érige en porte-parole diabolique des
puissances souterraines, particulièrement financières, qui
dirigeraient le monde ! Le mystère Monnet est dans l’aisance avec
laquelle cet homme qui n’a jamais été élu, qui n’a même pas d’intérêt
évident pour le combat politique, électoral, parvient à vendre, clés
en mains, une nouvelle organisation « supranationale » aux
dirigeants établis, aux gouvernants qui ont reçu l’onction
démocratique. Gide ne fait qu’une incursion, comme éminence grise
« pour l’Afrique », sous la Troisième République puis il semble pris de
court par le retentissement que provoque sa mission et il préfère
s’effacer… C’est une éminence grise dans un rôle « humanitaire ».

Parmi ceux que vous avez choisis figurent plusieurs écrivains. Est-
ce à dire qu’il y a une fascination des hommes de pouvoir pour les
hommes de lettres et inversement un intérêt des écrivains pour le
secret, l’ombre ?

Une fascination réciproque des hommes de lettres et de pouvoir :
incontestablement. Elle remonte, me semble-t-il, au Premier
Empire. Rappelons-nous le fameux dialogue de Napoléon avec l’élite
des écrivains allemands, qu’il appelle « les idéologues », lorsqu’il
séjourne à Erfurt, à l’occasion de sa rencontre avec le tsar… Mais
cette fascination ne se transforme pas en une véritable
collaboration. Lorsque les écrivains s’adonnent à la politique, c’est
plutôt en s’adressant à l’opinion publique, c’est une politique de
tribune.

La figure d’Harry Hopkins, conseiller de Roosevelt, demeure-t-elle
à part puisqu’il fut l’un des rares à passer de l’ombre à la lumière ?

Il ne fut pas le seul ! L’éminence grise qui réussit passe à la lumière.
Le colonel House, quand il se déplace en Europe pendant la
première guerre mondiale, donne des conférences de presse (où il
s’évertue à ne rien dire, c’est sa grande plaisanterie) et fait les grands
titres des quotidiens français, anglais, italiens… Le Père Joseph
devient célèbre lorsque Richelieu l’envoie comme observateur à la
Diète de Ratisbonne, la réunion « au Sommet » du Saint-Empire. Les
passants le reconnaissent dans les rues, les colporteurs diffusent
des pamphlets contre lui… Et Kissinger, n’aura été qu’un temps le
conseiller de l’ombre de Nixon, avant de se placer en pleine lumière !

Vous parlez de Foccart comme d’un Père Joseph contemporain.
Pourquoi ?

Il existe vraiment une ressemblance étonnante entre le conseiller de
Richelieu et celui de de Gaulle ! Dans les deux cas, la ligne politique
est fixée par « le prince », le conseiller n’est que l’exécutant. Mais il a
une autonomie extrêmement large dans l’exécution. Il peut d’ailleurs
être rabroué après coup par le prince quand son initiative est
désavouée : Richelieu « sanctionne » le Père Joseph pour les
concessions qu’il a acceptées au nom du royaume à Ratisbonne ; les
colères homériques de de Gaulle contre Foccart après tel coup
d’Etat manqué en Afrique sont célèbres…  Mais dans les deux cas, le
Père Joseph comme Foccart sont d’une loyauté totale envers
Richelieu et de Gaulle.

Par Laurent Pfaadt

Charles Zorgbibe, les Eminences grises, dans l’ombre des princes qui nous gouvernent
Aux éditions de Fallois, 496 p.

#Lecturesconfinement – Mon père, ce nazi

Philippe Sands

Avec La Filière, Philippe
Sands poursuit sa
chasse aux fantômes
dans cette Lemberg
vidée de ses juifs.

Dans Retour à Lemberg, il
était resté dans l’ombre.
Dans celle de Hans
Frank, le gouverneur
général de la Pologne
occupée. Dans celle de
la mort qu’il servit. Dans
celle de l’histoire enfin
qu’il tenta de fuir, désespérément.

Otto Wächter a longtemps cru qu’il passerait entre les mailles du
filet. Ce nazi autrichien ayant joué un rôle important dans
l’assassinat du chancelier Dollfus qui permit aux sbires d’Hitler –
Seyss-Inquart et Kaltenbrunner, tous deux condamnés à mort et
exécutés à Nuremberg – de nazifier l’Autriche, devenu gouverneur
de Cracovie puis de Lemberg avec l’invasion nazie du territoire
ukrainien en juin 1941, fut l’un des rouages essentiels de
l’extermination des juifs soviétiques et de la mort de millions de
personnes. Jusqu’à son décès en 1949 dans un hôpital romain, il a
cru sa mémoire préservée y compris par un de ses enfants, Horst,
l’un des personnages principaux de La Filière.

Remontant les pages du journal de Charlotte Wächter, la femme
d’Otto, comme on remonte le temps, Philippe Sands a ainsi
reconstitué presque quotidiennement la vie du nazi, de ses jeunes
années à l’Italie où il trouva refuge après la guerre en passant par
Berlin où cet aigle atteignit les sommets et Lemberg où il se mua en
vautour se repaissant des cadavres des juifs. Dans La Filière, l’auteur,
comme à son habitude, met à nu la barbarie d’un homme en
confondant le négationnisme de sa femme et de son fils. On se
demande souvent, devant l’évidence des faits, comment le fils peut
encore croire à l’innocence de son père.

Les visites de Sands au château du fils de Wächter et sa rencontre
avec de stupéfiants documents ont permis à l’auteur d’approfondir
son enquête comme on creuse une immense tombe pour y exhumer
la vérité. Le lecteur est ainsi embarqué dans un va-et-vient littéraire,
entre passé et présent, entre les actes abominables de Wächter et
les dénégations de son fils. On touche là au point central de
l’ouvrage, celui du travail de mémoire, d’une famille et à travers elle,
d’un pays face à ses démons. Horst Wächter ne parvint jamais à
accomplir ce dur voyage, dissociant en permanence le crime effectif
pour minorer celui de son père qui l’ordonna pourtant.

Le livre ne serait qu’une enquête supplémentaire si la mort
mystérieuse, à quarante-huit ans, d’Otto Wächter, n’avait pas
alimenté un certain nombre de doutes sur un éventuel assassinat.
L’ouvrage se mue alors en thriller géopolitique dans cette Italie
d’après-guerre où se côtoient communistes, prélats pronazis et
espions de tous bords. S’entourant d’une pléiade d’universitaires
jusqu’au maître de l’espionnage, John Le Carré, Sands nous
embarque dans les eaux troubles de ce fleuve naissant que fut la
guerre froide. Ironie du destin, celui qui vola avec les aigles du
Troisième Reich périt d’une maladie contractée dans le Tibre, cet
autre fleuve où l’on jetait sous l’Antiquité les cadavres des
empereurs assassinés, ces aigles déchus.

Par Laurent Pfaadt

Philippe Sands, La Filière,
Chez Albin Michel, 496 p.

#Lecturesconfinement – Un cow-boy dans le coton

Black Lives Matter dans le
Far West. Le nouvel opus du
cowboy le plus célèbre
s’aventure ainsi dans les
ombres non dissipées de
l’esclavage et de la
ségrégation raciale. Notre
brave Lucky Luke vient
d’hériter d’une propriété en
Louisiane. Mais en prenant
possession de son bien, il
découvre une réalité qui le
révulse. Et notre brave
cowboy se mue alors en
justicier pour défendre les droits des noirs.

Fidèle au poste, Achdé signe une nouvelle fois le dessin. Le shérif
de la bande-dessinée est assisté pour la troisième fois de Jul dont
l’humour caustique fait, une fois de plus, mouche. Avec ses clins
d’œil à l’actualité, les auteurs nous invite à suivre Lucky Luke dans
cette Louisiane, aidé du brave Bass Reeves, premier marshal
adjoint noir et fine gâchette, entre Cajun du bayou au français
tonitruant  – cet album étant également, d’une certaine manière,
un magnifique plaidoyer pour la francophonie – et tribu des «
turlututu chapeau pointu » alias le Klu Klux Klan. Les ennemis
d’hier mettront inconsciemment leurs divergences de côté pour
combattre l’infamie de l’esclavage, faisant de cet album l’un des
plus politiques de la série en même temps qu’un magnifique éloge
de la lecture. Un régal pour les grands et les petits.

Par Laurent Pfaadt

Jul/Achdé, Un cow-boy dans le coton,
Les Aventures de Lucky Luke d’après Morris – Tome 9,
Chez Dargaud, 48 p.

#Lecturesconfinement-Beyrouth 2020, journal d’un effondrement

Une machine à laver défaillante. Qui ne
lave plus correctement la démocratie,
la vie sociale. Tout juste bon à nettoyer
l’argent sale, à essorer les consciences.
Et qui laisse des tâches indélébiles.
Voilà à quoi ressemble le Liban
contemporain sous la plume de Charif
Majdalani. Dans ce journal écrit avant
et après l’explosion du 4 août dernier,
l’auteur de l’Empereur à pied, revient sur
ce second effondrement qui secoue le
pays depuis une trentaine d’années, sur
cette lente implosion progressive
devenue explosion subite.

Cette chronique peut parfois paraître ubuesque si elle n’était pas,
en raison de la succession de ces vexations quotidiennes, de ces
souffrances, et de ces humiliations, la tragédie d’une nation toute
entière, celle d’une faillite organisée à laquelle on assiste, tantôt
résigné, tantôt scandalisé. Dans ces villes sans lumières, sans
étoiles à suivre, les Libanais ont longtemps marché aveuglement
jusqu’à la déflagration du 4 août.

La panne avait été causée par un tournevis oublié dans la machine
à laver. A l’image de ce citoyen enfermé dans ce tambour absurde
tournant sans fin. Aujourd’hui, il peut et doit pouvoir reprendre la
place qui lui revient : celle de serrer les vis d’un pays en panne. Ce
livre indispensable devrait lui servir de manuel.

Par Laurent Pfaadt

Charif Majdalani, Beyrouth 2020, journal d’un effondrement,
Chez Actes Sud, 160 p.

#Lecturesconfinement – Okuribi, Renvoyer les morts

Echappe-t-on réellement à la
société dans laquelle nous vivons
et qui vous transforme jusqu’à faire
de vous une bête ? C’est la question
qui anime en permanence le
lecteur dans ce roman qui suit ce
jeune collégien Ayumu, arrivé dans
un collège rural. Là, un groupe
d’élèves mené par Akira se livre à
des jeux de plus en plus violents à
l’encontre de l’un de ses membres,
devenu leur bouc-émissaire. Dans
ces rites de passage et cette construction identitaire propre à
tout adolescent s’affrontent apprentissage de la violence et
culpabilité. Hiroki Takahashi introduit avec un talent littéraire
certain qui lui valut d’ailleurs le prestigieux prix Akutagawa,
inscrivant ainsi ses pas dans ceux de Yasushi Inoue ou Kenzaburō
Ōe, prix Nobel de littérature (1994), une dimension inconsciente
qui fait toute la force du livre.

La servitude volontaire, celle qui vous conduit à privilégier
l’appartenance au groupe au détriment de la justice, de l’humanité
que tous les régimes autoritaires notamment celui du Japon de
l’entre deux-guerres poussèrent à leur paroxysme, traverse ce
court et puissant roman. Le lecteur est très vite conduit à
s’identifier à Ayumu, spectateur devenu complice des tortures
physiques et psychologiques d’Akira. Entre crainte d’être la
prochaine victime et volonté annihilée de se rebeller, le lecteur
avance en plein réalisme magique qui n’est pas sans rappeler
Murakami, dans cet obscur tunnel où les démons ne sont pas
uniquement ceux qui peuplent les montagnes environnantes.

Jusqu’où est-on prêt à aller pour assurer sa propre survie ? Au-
delà du dilemme qui anime la conscience de chacun, Hiroki
Takahashi pose également la question de notre propre liberté au
sein de nos civilisations modernes. Existe-t-elle encore ?

Par Laurent Pfaadt

Hiroki Takahashi, Okuribi, Renvoyer les morts,
Chez Belfond, 128 p.