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« Fuir est très vite devenu la seule alternative »

Lui est pianiste international russe, finaliste du célèbre concours international Van Cliburn et se produisant sur les scènes du monde entier. Elle, est compositrice et pianiste. Tous les deux enseignaient au conservatoire Tchaïkovski à Moscou. Nikita Mndoyants et Maryana Lysenko ont quitté leur pays quelques jours après l’invasion de l’Ukraine avec leur fille de 3 ans pour se réfugier en France, dans le nord de l’Alsace, le 6 mars dernier. Comme un symbole, leur fille a effectué sa rentrée dans la même classe qu’une petite ukrainienne, arrivée quelques jours plus tôt.


Au moment où la guerre en Ukraine s’est déclenchée, vous étiez en Russie. Quelle a été votre réaction ?

Nikita Mndoyants : Quand les médias de masse n’étaient pas censurés nous entendions des rumeurs. Mais nous ne pouvions croire qu’au 21e siècle, une telle chose fut possible. Nous avons été choqués, sidérés quand la guerre a commencé. Et puis, la vie en Russie a commencé à changer. Très vite. Exprimer son opinion contre la guerre pouvait vous conduire en prison pour quinze ans. Fuir est très vite devenu la seule alternative. Tous ceux qui comprenaient réellement ce qui se passait ne pouvait accepter cela et demeurer silencieux. La peur régit aujourd’hui la vie de ceux qui n’ont pas pu quitter le pays. Il y a des manifestations contre la guerre dans toutes les grandes villes de Russie mais personne ne les voit car il n’y a plus de médias d’opposition. En parlant aujourd’hui, nous craignons également pour nos proches, nos parents qui sont restés là-bas et pourraient subir les conséquences de nos prises de position.

Maryana Lysenko : De nombreuses personnes soutiennent le régime car elles sont endoctrinées par la propagande. Même des membres de ma famille font confiance à celle-ci. C’est devenu très difficile de discuter avec eux. Lorsque je leur montre des vidéos provenant de mes amis ukrainiens qui font état de destructions et d’attaques, ils ne me croient pas. Ils pensent qu’il s’agit de propagande ukrainienne. Et lorsque les Américains et les Européens ont infligé des sanctions à la Russie, ils ont continué à croire dans la propagande en me disant : « L’Ouest est contre nous et de toute façon, nous allons survivre. On va être fort et on surpassera tout cela ».

Vous avez alors décidé de quitter le pays…

Nikita Mndoyants : Oui, d’abord pour notre fille. Ils ont détruit l’avenir pour tout le monde. Nous ne voulons pas qu’elle se retrouve dans ce dilemme de devoir choisir entre fuir son pays et accepter de vivre ainsi en Russie. Notre génération peut encore agir, décider. Mais eux n’auront plus la possibilité de le faire. Nous ne reviendrons pas en Russie dans ces conditions, avec ce régime.

Maryana Lysenko : Il ne s’agit pas d’une question de sécurité car j’ai participé à des mouvements de protestation en Russie lorsque cette dernière a envahi la Crimée et le Donbass en 2014. Nous aimons tellement notre pays et c’est très douloureux pour nous. J’y suis tellement attachée, mes racines sont ici. Même lorsque la guerre a débuté, j’ai essayé de me convaincre, jour après jour, de rester en Russie et de me battre. Le plus dur a été d’entendre ces gens que je connaissais et qui s’opposent au régime me dire : cela ne sert plus à rien de se battre maintenant. J’ai donc dû me convaincre qu’il était impossible de rester là-bas. Ce n’était pas une question de sécurité mais plutôt une question d’éthique, d’humanité.

Interview Laurent Pfaadt

Beethoven s’invite chez Chopin

Le prochain Beethoven Eastern Festival de Varsovie se tiendra du 3 au 15 avril 2022

C’est d’ores et déjà devenu une habitude, une tradition, celle qu’à
Chopin de convier Beethoven chez lui. On imagine aisément le génie
de Bonn se rendant à Varsovie pour y admirer un pianiste
d’exception, celui qui joue le Clavier bien tempéré du grand Bach
mieux que personne, celui que l’on compare déjà à Mozart.

Il faudra attendre près de deux siècles pour que ce rêve devienne
réalité grâce à un autre grand nom de la musique polonaise et
mondiale, grâce à un autre compositeur majeur de son siècle,
Krystof Penderecki. Et il est bien connu que derrière tout grand
homme, il y a une femme, en l’occurence Elżbieta Penderecka, celle
qui a rendu possible cette rencontre entre Beethoven et Chopin à
travers le Beethoven Eastern Festival dont elle est la présidente.

Ainsi, du 3 au 15 avril 2022, la 26e édition du festival verra une
pléiade d’artistes rendre hommage au compositeur de la 9e
symphonie. De symphonies, il sera évidemment question avec cette
même neuvième et le NFM Wrocław Philharmonic qui ouvrira le
festival sous la direction de Giancarlo Guerrero et dont la voix de
bronze de la soprano autrichienne Genia Kühmeier résonnera d’une
tonalité européenne bien particulière à quelques kilomètres d’un
conflit qui ensanglante les marches de l’Europe. D’autres
symphonies comme la Pastorale ou la 4e seront respectivement
interprétées par le Korea National University of Arts Symphony
Orchestra et l’Israel Camerata Jerusalem. Les 3e et 4e concertos
pour piano de Beethoven seront également à l’honneur avec les
pianistes polonais Łukasz Krupiński accompagné par la Sinfonia
Varsovia et coréen, Minsoo Sohn. Bien évidemment, patrie de
Chopin oblige, plusieurs récitals de piano permettront d’apprécier le
toucher si unique d’un Yekwon Sunwoo, vainqueur du concours Van
Cliburn en 2017 ainsi qu’une Nocturne Op. 27 no. 2 par un Martin
James Bartlett qui fera, à n’en point douter, battre le cœur de toute
une nation.

Varsovie retiendra également son souffle en écoutant les merveilles
de quelques-uns de ses plus brillants esprits musicaux, à commencer
par Krystof Penderecki et Karol Szymanowski dont la quatrième
symphonie sera interprétée par l’Orchestra of the Karol
Szymanowski Philharmonic de Cracovie. Il sera d’ailleurs question
de Cracovie, la veille, le 9 avril, avec la Chaconne in memoriam du pape
Jean-Paul II tirée du Requiem polonais d’un Penderecki qui sera
également à l’honneur avec son Lacrimosa.

D’autres œuvres seront absolument à découvrir notamment la 7e
symphonie « Angel of Light » du compositeur finlandais Einojuhani
Rautavaaraa, encore relativement méconnu et si peu joué mais dont
l’œuvre témoigne pourtant d’une beauté épique stupéfiante que
mettra certainement en valeur le chef Paweł Przytocki à la tête du
Arthur Rubinstein Philharmonic Orchestra. Durant cette même
soirée du 5 avril, les spectateurs apprécieront le concerto pour
violon de Max Bruch par l’une plus grandes solistes, Arabella
Steinbacher.

Enfin, la neuvième symphonie dite du « Nouveau Monde » d’Antonín
Dvořák par le Jerzy Semkow Polish Sinfonia Iuventus Orchestra
sous la conduite de la cheffe d’orchestre américaine Joann Faletta
offrira peut-être quelques espoirs à un monde plongé aujourd’hui
dans ce ciel de ténèbres où le Requiem de Schnittke rendra
l’hommage nécessaire aux morts de cette guerre en clôture d’un
festival qui s’annonce, d’ores et déjà, chargé en émotions.

Par Laurent Pfaadt

Retrouvez toutes les informations sur le Beethoven Easter Festival sur : http://beethoven.org.pl/en/

Festival Italissimo

Après deux éditions chahutées par la pandémie de Covid 19, le
festival de littérature et de culture italiennes ITALISSIMO revient à
l’occasion de sa septième édition. De nombreux lieux parisiens,
l’Institut culturel italien en tête mais également Science Po, la
Sorbonne, la Maison de la poésie, la bibliothèque du Centre
Pompidou ou les cinémas Panthéon et l’Entrepôt, résonneront ainsi
de littérature, de poésie et de cinéma venus de l’autre côté des
Alpes.

Parmi les auteurs italiens invités figureront quelques grands noms
de la littérature mondiale tels que Claudio Magris, l’un des plus
grands écrivains de notre époque, prix Strega, le Goncourt italien,
pour Microcosmes et dont le nouveau livre, Temps courbe à Krems
(Gallimard), se veut une variation sur la vieillesse, un peu à la
manière d’un Hermann Hesse, mais également Erri di Luca, prix
Femina étranger en 2002 pour Montedidio et dont le récent
Impossible (Gallimard) avait été chroniqué dans nos pages, Silvia
Avallone, auteure du mémorable D’acier (2010) et qui publie Une
amitié (Liana Levi), Francesca Melandri, Emanuele Trevi ou encore
Wu Ming, pseudonyme regroupant un collectif d’auteurs ayant
publié notamment Manituana en 2009 (Métailié) et Poletkult
(Métailié) sorti il y a quelques semaines.

Au côté de ces illustres écrivains, les visiteurs découvriront de
nouvelles plûmes transalpines à commencer par Daniel Mencarelli
dont le livre Nous voulons être sauvé (Globe) sorti il y a quelques jours
s’aventure dans un hôpital psychiatrique, Marta Barone (Grasset), Giuseppe Catozzella et Manuela Piemonte et son Adieu au rivage
(Robert Laffont) dont l’écriture poétique conduira les lecteurs dans
l’Italie fasciste des années 40 en compagnie de trois sœurs
inoubliables.

Tout ce beau monde sera accompagné par quelques auteurs français
emmenés par Laurent Gaudé, René de Ceccatty, Pierre Adrian ou
Jérôme Kircher, des politologues, illustratrices, acteurs et musiciens,
mais aussi des cinéastes qui manient très bien la plume, tels Cristina
Comencini ou Ferzan Özpetek. Italissimo rendra également un
hommage appuyé à Pier Paolo Pasolini, à l’occasion du centenaire de
sa naissance

Par Laurent Pfaadt

Festival de littérature et de culture italiennes
6-10 avril 2022

Europäische Kulturtage

Die Auseinandersetzung über die Versprechen Europas geht
auch nach den EKT weiter.

Jazz & Literatur „Gehen oder die Kunst, ein wildes und poetisches Leben zu führen“
Foto: Badisches Staatstheater

Viele digitale Produktionen sind weiterhin im Internet unter
www.europaeische-kulturtage.de abrufbar. Die Ausstellungen
bleiben bis zum Ende ihrer Laufzeit aufgebaut und können, wenn
Museen und Ausstellungshäuser wieder öffnen, vielleicht doch noch
persönlich vor Ort besichtigt werden.

Bleibend ist auch das zu den EKT erschienene Europa-Lesebuch mit
Statements, Essays und Interviews unter anderem von Ursula von
der Leyen, Katarina Barley, Stephan Harbarth, Rebecca Saunders,
Ilker çatak oder Fridays for Future. Das Buch kann unter
www.europaeische-kulturtage.de als pdf heruntergeladen oder
gedruckt unter ekt@kultur.karlsruhe.de bestellt werden.

EKT Karlsruhe
2.5. – 16.5.2021

25ES JOURNÉES CULTURELLES EUROPÉENNES 2021

L’EUROPE, UNE PROMESSE

Après avoir dû annuler les JCE:2020 à cause du Covid-19, les
organisateurs lancent une deuxième tentative : du 2 au 16 mai 2021,
des artistes venus d’Europe et d’ailleurs se pencheront sur le thème
« L’Europe, une promesse ». La crise du coronavirus nous a montré de
manière dramatique la fragilité de l’idée d’une Europe unie et
ouverte en temps de crise. Il est plus important que jamais
d’examiner avec un œil neuf les promesses de l’Europe – le sujet
initial des JCE:2020 – et de chercher des inspirations pour une
nouvelle Europe basée sur la solidarité et la coopération.

L’Europe, que représente-t-elle ? Quelles espérances portent encore
notre continent ? En luttant contre la pandémie, l’Europe a-t-elle
remis en question ses propres promesses ? L’Europe, est-elle prête à
se battre pour faire respecter les droits fondamentaux et les droits
de l’Homme ? Est-elle capable de les protéger contre les menaces
permanentes ? Après 70 ans d’intégration économique, politique
et surtout culturelle, l’Europe se divise-t-elle ? Nous voulons
réfléchir ensemble sur ces questions et éclairer « L’Europe, une
promesse » par le biais de l’art et de la culture.

Pour de plus amples informations, consultez le site web www.europaeische-kulturtage.de

Museum Frieder Burda

Udo Kittelmann ist neuer künstlerischer Leiter des
Museums Frieder Burda

Udo Kittelmann
Foto: Andreas Pein, Guido Ohlenbostel.

Eineinhalb Jahre nach dem Tod des Museumsgründers und Mäzens
wird Udo Kittelmann (62) neuer künstlerischer Leiter des Museums
Frieder Burda. Der ehemalige Direktor der Berliner Nationalgalerie
„begleitet die Aktivitäten des Hauses ab sofort“ heißt es in einer
Pressemitteilung des Hauses. Nächstes Jahr wird er die
Ausstellungen „Margaret und Christine Wertheim: The Institute of
Figuríng“ “ (Januar bis Juni 2022)  und „Die Maler des Heiligen
Herzens“  (ab Sommer 2022) verantworten. Kittelmann   ist in
Baden-Baden kein Unbekannter. Der als umtriebig und
durchsetzungsstark bekannte Museumsmann ist langjähriges
Mitglied im Kuratorium der Stiftung Frieder Burda und seit Jahren
eng mit der Familie verbunden. Für Burda hat unter anderem die
Ausstellungen zu Andreas Gursky, „Die Bilder der Brüder“ und
zuletzt zu Pierre Soulages kuratiert. 

„Er wird uns mit starker kuratorischer Handschrift an das
Zeitgenössische anbinden – und auch den interdisziplinären Dialog
suchen“, schwärmt Museumsdirektor und Stiftungsvorstand  
Henning Schaper.  Kittelmann, der seinen (hinter den Kulissen nicht
ganz unerwünschten) vorzeitigen Abgang aus Berlin nie  
kommentiert hat, gibt sich gewohnt selbstbewusst: „Dieses Haus in
seinem spezifischen Kontext erscheint mir das ideale zu sein, um die
Perspektiven heutiger wie historischer Kunst –  ihre Grenzen, aber auch die Möglichkeiten der Grenzüberschreitung – weiterhin
auszuloten“ .

Von Sigrid Feeser

Foto:
SOULAGES. Malerei 1946 – 2019; Museum Frieder Burda, Baden-Baden
© VG Bild-Kunst, Bonn 2020;
Foto: ARTIS-Uli Deck

Charles Perrault

Die schönsten Märchen

Wer kennt sie nicht als liebe Begleiter der Kindheit, die Märchen
vom Aschenputtel,  vom Rotkäppchen, dem Gestiefelten Kater oder
vom Dornröschen, das hundert Jahre schlafen muss, bevor der Prinz
es erweckt?  Die Brüder Grimm oder Ludwig Bechstein waren die
Helden der frühen Jahre, die ersten Erzähler dieser  wunderbaren
Geschichten waren sie nicht. Inspiriert hatten sie sich an Charles
Perrault, der in verschiedenen Ausgaben, zum Teil auch in Versform,
das französische Publikum des 17. und 18.Jahrhunderts mit seinen
rasch zu Klassikern avancierten „Contes“ (Märchen) beschenkte. Die  
Wissenschaftlichen Buchgesellschaft Darmstadt hat neun der
schönsten  in  der Anordnung der Ausgabe von 1698  jetzt wieder in
deutscher Sprache herausgegeben, zusammen mit den  
Illustrationen von Gustave Doré, die seit ihrer ersten Ausgabe von
1861 untrennbar mit Perrault verbunden sind. Die acht Jahre später
ebenfalls mit den Doré-Illustrationen in Stuttgart in einer  Folio-
Ausgabe erschienene erste deutsche Übersetzung stammt von dem
heute vergessenen Schriftsteller Moritz Hartmann, den wir als
linken Abgeordneten im Frankfurter Paulskirchen-Parlament,
Mitstreiter von Robert Blum im Wiener Aufstand,  Teilnehmer an kennen – eine für den Kenner pikante Konstellation, denn Perrault
schrieb im Umfeld Ludwigs XIV., dem er lange als hoher
Kulturbeamter  diente und später mit der „Parallèle des Anciens et
des Modernes“  einen erbittert geführten Kulturstreit über den
Vorrang der Moderne über die griechisch- römische Antike
anzettelte.

Perrault war kein naiver Erzähler. Er hatte eine Mission. Er wollte
nichts weniger als zeigen, dass die französische Kultur seiner Zeit
der griechischen weit  überlegen sei – wo doch schon das
ungebildete Volk sich so reizvolle Geschichten wie die von Riquet
mit dem Schopf, von der  Eselshaut, dem Däumling, der Fee  oder
dem bösen Blaubart erzählte. Um sich von den als wild und
barbarisch abqualifizierten und moralisch höchst bedenklichen
Fabeln eines Aesop abzuheben, brauchte es allerdings einige
Korrekturen. Mit Perrault  hielten Verfeinerung und Zivilisation des
Grand Siècle  Einzug in eine archaische Welt, die er mit Grazie und
Erbaulichkeit anreicherte und  zum Spiegelbild einer am Vorbild des
Sonnenkönigs orientierten Gesellschaft  stilisierte.  
Märchentypische  Verhaltensweisen wie Diebstahl, Lüge,
Täuschung, Verrat, Mord und Menschenfresserei werden
abgebremst und in einem höfische Prunkstil begradigt; sie passten
einfach nicht mehr zu dem an der Vernunft orientierten
Optimismus, den der Schriftsteller seiner Zeit unterstellte. Das gibt
seinen elegant (und nicht ohne leise Ironie) formulierten Texten eine
gewisse innere Unwucht, die sich in der  geheimnisvoll verzauberten
Volkstümlichkeit der Grimm’schen Märchensammlung nicht findet. 

Gustave Doré hat das sehr gut verstanden. Er ist knapp dreißig, als
er sich daranmacht,  seine Vorgänger ein für allemal in die Schranken
zu verweisen. Zwölf Stecher setzen seine Vorlagen um, er selbst
liefert nur die Zeichnungen, in denen  die höfische Welt des
17.Jahrhunderts in Kleidung und Habitus heraufbeschworen wird  –
als Zeitkolorit zitierendes, mehr Frösteln als Schrecken
hervorrufendes  Panoptikum von gepuderte  Perücken tragenden
Karikaturen, die Perrault nicht sehr gefallen haben dürften.
Daneben bezaubern unendlich kleinteilige genrehafte Szenen.
Einfache Leute, Unholde und Riesen werden  holzschnitthaft derb
dargestellt, Mordszenen wie Historienbilder inszeniert. Der
Gestiefelte Kater darf als fein herausgeputzter Kavalier
daherstolzieren und Prinzessinen dürfen nur eines sein, nämlich
sehr sanft und sehr schön. Und immer wieder diese dichten, dunklen
Wälder, in die man ewig hineinsehen kann, weil man immer wieder
etwas Neues darin findet. Doré ist ein Meister des mit Details
überfrachteten Wimmelbildes und der raffinierten exotischen
Aufzüge, deren jeder Logik spottende Exzentrik noch einen Dali
inspirieren:  Seh-Stoff für Stunden.

Die Mischung von mit einem (aus heutiger Sicht) historisch
eigenartig  fragwürdigen Geschichtsbild überzogenen Geschichten
(Perrault) und ihrer interpretierenden Illustration  durch einen
großen Künstler des 19.Jahrhundert (Doré), dazu das flüssige, sehr
lesbare Deutsch der Hartmann’schen Übersetzung, ist wirklich
einzigartig – ein intellektuelles Vergnügen, das sich in der Urfassung
im Grunde  an kulturgeschichtlich interessierte Erwachsene wendet,
die in der Lage und willens sind, allen Finten, scheinbar
überflüssigen Nebensätzen und komplizierten psychologischen
Finessen des Autors zu folgen. Andererseits bringt  jedem, der nur
am Märchenstoff interessiert ist, auch die naive Lesart
beträchtlichen Gewinn. Alle lieben Grimm, aber Perrault war der
erste, der das Märchen in die europäische Literatur eingeführt hat.

Von Sigrid Feeser

wbg Edition, Darmstadt

Perrault, Charles
Die schönsten Märchen
Illustriert von Gustave Doré

Histoire d’hôtels : Le Bristol de Vienne

UNSPECIFIED – CIRCA 1936: State visit of Edward VIII, in Austria, Arrival in front of the hotel in Bristol, Photograph, Vienna, 1936 (Photo by Imagno/Getty Images) [Staatsbesuch des englischen Königs Edward VIII, in Österreich, Ankunft vor dem Hotel Bristol, Photographie, Wien, 1936]
Une pop star vient
d’arriver au Bristol.
Un membre du
personnel,
parfaitement cintré
dans son uniforme
noir, précède cette
dernière dans
l’ascenseur et tourne
une clef. Mais ce
dernier se referme
sans le prestigieux
client. Confuse,
l’hôtesse revient
avec l’ascenseur
chercher Lionel Richie qui attend seul dans le lobby. Les portes
s’ouvrent. Le chanteur américain sourit et lance : « Hello. Is it me
you’re looking for ? » 

A l’image de cette anecdote, pénétrer dans l’ascenseur de l’hôtel
Bristol de Vienne et monter les étages successifs, revient à effectuer
à chaque instant un voyage dans le temps. Dans l’Histoire. De la
chambre la plus simple en passant par les suites les plus mythiques
ou celles du sixième étage situées dans les tours de l’hôtel et très
prisées des jeunes mariés qui, depuis leur salle de bains, peuvent y
observer la cathédrale St Etienne, aucun lieu ne laisse insensible.
Avant Lionel Richie, toute une pléiade de grands musiciens (de
Richard Strauss à Paul McCartney en passant par Leonard Cohen ou
George Gershwin), d’écrivains (Francis Scott Fitzgerald, Romain
Rolland, Peter Handke), d’acteurs (Richard Burton, Bruno Ganz,
Sigourney Weaver) et de personnalités politiques (Kofi Annan, Juan
Carlos d’Espagne ou Henry Kissinger) ont illuminé depuis 1892 ce
lieu mythique qui compte aussi en son sein une table réputée et
distinguée par le Gault et Millau et le guide Michelin.

De la petite histoire à la grande, il n’y a qu’un pas qu’il est aussi aisé
de franchir que de changer d’étage. Arrêt devant la suite 174 dite
Prince of Wales où dormit à plusieurs reprises celui qui n’était alors
que prince de Galles, le futur Edouard VIII, en compagnie d’une
Wallis Simpson qu’il fallut cacher du grand public. D’ailleurs, la
discrétion reste toujours de mise au Bristol. N’espérez pas de détails
croustillants de la part d’un personnel entièrement dévoué à ses
clients, attentif à chaque détail, à chaque habitude, donnant ainsi
l’impression à ces derniers de faire partie d’une même famille.

En août 2013, un autre prince de Galles, Charles, ayant lui aussi
épousé une femme divorcée sans que cela n’entraîne un scandale
similaire – autres temps, autres mœurs – se rendit à Vienne.
Pendant plusieurs semaines, tous les tabloïds britanniques
envisagèrent la possibilité qu’il puisse dormir dans la suite de son
ancêtre qui avait renoncé au trône pour une affaire de coeur mais
également pour ses sympathies envers Adolf Hitler. Finalement, le
prince Charles choisit un autre hôtel.

Après la seconde guerre mondiale, le Bristol devint le quartier
général des forces armées américaines dont il est encore possible de
voir les marques des fusils sur les rambardes qui courent le long de
l’escalier principal. C’est peut-être ces souvenirs et ces lieux
emblématiques de leur histoire européenne que viennent chercher
les clients fortunés américains, préférant ainsi le Bristol à ces hôtels
contemporains où se concentrent les nouveaux riches. Ils aiment y
retrouver l’ambiance de ces années tumultueuses au bar de l’hôtel
avec ses airs de nid d’espions et sa moquette léopard, premier bar
américain de Vienne où le barman vous sert directement, et y
déguster le fameux Bristol royal, cocktail à base de liqueur de cerise,
ou un verre de vin de Styrie. Croisant diplomates, touristes
européens, businessmen japonais, ou Viennois d’un jour affublés de
costumes en tweed, de tailleurs Chanel ou de simples casquettes de
baseball, tous les visiteurs s’imprègnent ainsi de cette atmosphère
unique qui a quelque chose d’une tour de Babel contemporaine.

Ici, les étoiles sont sur les murs, dans les chambres et dans les yeux
et les oreilles de tous ceux qui ont vu un Tom Cruise s’échappant de
l’opéra voisin avec le Bristol en fond dans le cinquième opus de
Mission : Impossible (Rogue Nation) ou qui ont admiré la soprano
Angela Gheorgiu dans Tosca. Ceux qui n’ont pas voulu se rendre au
Staatsoper voisin, peuvent, aux beaux jours, depuis leur chambre
voir l’opéra sur le grand écran installé face à l’hôtel. Quant aux plus
chanceux, ils ont pu attraper quelques airs de répétition en passant
devant la chambre de la diva. Mais derrière ces portes, d’autres
secrets continuent à y être échafaudés, comme ceux des
négociations sur l’accord nucléaire iranien, conclu à Vienne en juillet
2015 entre les ministres des affaires étrangères des cinq membres
du conseil de sécurité des Nations-Unies et de l’Allemagne dont
John Kerry, secrétaire d’Etat du président Obama qui certainement
se souvint qu’ici, soixante ans auparavant, se trouvait le siège de
l’ambassade des Etats-Unis. Façon de dire qu’aujourd’hui, comme
hier, l’Histoire continue de s’écrire au Bristol…

Par Laurent Pfaadt

Informations : WWW.BRISTOLVIENNA.COM

A la Ville et Eurométropole de Strasbourg

La preuve nous en est donnée chaque début de saison à l’annonce des programmes que nous ont concoctés les différentes institutions de la Ville et Eurométropole de Strasbourg.

Dans les choix multiples qui nous sont proposés quelques spectacles nous attirent plus particulièrement.

Au TNS « Le partage de midi », une des grandes oeuvres de Paul Claudel, mise en scène par Claude Vigner.

« SaÏgon » de Caroline Guiela Nguyen où l’histoire bouscule la vie des gens.

« Thyeste » de Sénèque dans la mise en scène de Thomas Jolly dont la création a eu lieu au Festival d’Avignon cet été dans la cour d’honneur du Palais des Papes.

« I am Europe » qui signe les retrouvailles avec Falk Richter dans une pièce politique qui nous parle d’émigrants et de frontières.

« John » une des premières pièces de Wadji Mouawad sur le suicide des adolescents  dans une mise en scène de  Stanislas Nordey.

« Qui a tué mon père » d’Edouard Louis, également mis en scène par Stanislas Nordey,une réflexion sur la violence sociale.

Au TNS deux auteurs « classiques dans de grands textes sur la passion amoureuse

« La dame aux camélias » d’Alexandre Dumas fils mis en scène par Arthur Nauzyciel

« Les palmiers sauvages » de William Faulkner par Séverine Chavrier directrice du CDN Orléans/Centre Val de Loire.

Dans le foisonnement des spectacles inscrites au programme du Maillon certains nous semblent quasiment indispensables à voir, comme:

« Hymn to love » de Marta Gornicka qui dirige ce choeur saisissant qui dénonce le populisme  comme précédemment dans son « Magnificat » il dénonçait  le sort réservé aux femmes dans la catholique Pologne.

« Eins zwei drei » qui signe le retour de Martin Zimmermann

« Bacchantes-Prélude pour une purge « , un spectacle de danse joyeux et ébouriffé de la chorégraphe cap-verdienne Marléne Monteiro Freitas présenté avec Pôle-Sud

« Beytna » un grand rituel avec invitation à partager un repas élaboré pendant la représentation du chorégraphe libanais Omar Rajen en collaboration avec, entre autres, le belge que nous connaissons bien, Koen Augustijnen

« Requiem pour L. », retour très attendu des Ballets C de la B pour cette oeuvre de Mozart interprétée par des artistes  venus de plusieurs continents dirigés par Fabrizio Cassol et Alain Platel, présenté avec Pôle-Sud

« Optraken » du Galactik Ensemble  présente cinq acrobates  performant et drôles

« Humanoptères » de Clément Dazin nous emmène à Offenburg pour apprécier les sept performers-jongleurs qui s’y produiront.

A suivre aussi l’exposition « Un siècle sans entracte », une histoire du Wacken 1924-2019 avant la démolition de ce lieu chargé de bien des souvenirs.

La programmation des TAPS nous interpellent avec plus de vingt spectacles pleins d’humanité et de sensibilité.

En tout début de saison nous retrouvons avec bonheur Mounia Raoui, une actrice que nous avons beaucoup appréciée dans les mises en scène de Jean-Louis Martinelli quand il dirigeait le TNS. Mounia Raoui expose dans « Le dernier jour où j’étais petite » les tourments de sa vie d’artiste.Jean-Yves Ruf l’accompagne dans sa mise en scène.

De Marivaux on pourra voir « La seconde surprise de l’amour »;

« Jeunesse » de Joseph Conrad mis en scène par Guillaume Clayssen

« Partout la main du rêve a tracé le dessin » à partir  des dessins et écrits de Victor Hugo ,spectacle conçu et mis en scène par Jean-Marc Eder

Parmi les auteurs à l’affiche:Tchékov (Le chant du cygne); OdÖn von Horvàth (Allers-retours); Serge Valletti (Carton plein);Molière un « Avare » mis en scène par Fred Cacheux.

A noter pour le jeune public « Souliers rouges » d’Aurélie Namur  mise en scène De Félicie Artaud  et « Sur la route de Poucet » d’après Charles Perrault par Mathieu Létuvé.

Le TJP continue sa programmation qui lie indéfectiblement Corps Objet Image dans un nouveau sigle COI. Enfants jeunes ou moins jeunes , adultes sont invités à suivre tous les spectacles et les quatre Week-ends qui proposent de vivre des expériences artistiques en particulier sur le thème de l’attention.

Parmi bien d’autres, nous avons retenu

En début de la saison  la création de Renaud Herbin « At the still point of the turning world », avec une danseuse(Julie Nioche) deux marionnettistes ,une musicienne et plein de marionnettes;

De la danse encore et des sculptures  pour ce « Swing Museum » signé Héla Fattoumi et Eric Lamoureux, et aussi, présenté avec Pôle-Sud « Laisse le vent du soir décider » avec les performeurs danseurs  Damien Briançon et Etienne Fanteguzzi de la Cie Espèce de Collectif qui montent sur le plateau un meccano géant et allient danse invention et dérision.

Le retour d’Eve Ledig avec sa dernière création « Un opéra de papier » où elle marie, comme toujours poésie et questionnement sur la vie.

Deux spectacles que nous sommes curieux de découvrir: présenté par le Rodéo Théâtre » La vie devant soi » d’après l’ouvrage éponyme   de Romain Gary (Emile Ajar)

et  de Silvia Costa « Dans le pays d’hiver » présenté avec Le Maillon, une adaptation  des « Dialogues avec Leuco » De Cesare Pavese en italien surtitré en français.

Pôle-Sud,  qui est centre de développement chorégraphique national, propose une riche programmation de danse contemporaine.

Entre bien d’autres nous avons retenu « La danse aux Musées »

au MAMCS avec Hela Fattoumi et Eric Lamoureux (entrée libre) »OSCYL variation »

au Musée de l’oeuvre Notre-Dame avec Mark Tompkins, Philippe Poirier, Rodolphe Burger et La Cie Dégadézo et une cinquantaine de participants (entrée libre) »Entrons dans la danse »;

« Bacchantes-Prélude pour une purge » le spectacle burlesque de Marlène Monteiro-

Freitas  au Maillon.

Danse et jeux mêlés au TJP avec « Laisse le vent du soir décider »

signé Alain Platel et Fabrizio Cassol  de Damien Briançon et Etienne Fanteguzzi

un spectacle plein d’humour et de réminiscences au titre prometteur et engagé « El pueblo  unido jamàs serà vencido » d’Alssandro Bernardeschi et Mauro Paccagnella de la Cie Wooshing Machine

Energie et humour noir avec Ann Van Den Broek dans « Accusations »

Energie et humour léger dans »Idiot-Syncrasy » d’Igor et Moreno

Au Maillon, Les Ballets C de la B pour un magistral « Requiem pour L. »

Amala Dianor, artiste associé  à Pôle-Sud présente à Hautepiere « The Falling stardust » où se croisent différents styles de danse

A suivre le Festival ExtraDanse qui  compte de  belles prestations, à voir entre autres « Les Gens  de Fouad Boussouf qu fait se rencontrer les danses traditionnelles du Maroc avec le Hip Hop.

Enfin, en Juin, on suivra  avec Extra Ordinaire les réalisations produites par les rencontres entre 13 artistes invités et les gens des quartiers Meinau-Neuhof dans le cadre des Scénographies Urbaines qui en sont à leur 8ième édition.

Un magnifique choix de spectacles pour cette saison 18-19

Par Marie-Françoise Grislin

Le vivre-ensemble, notre bien le plus cher

© Ludovic Marin/AFP

Après les terribles
attentats de
Carcassonne et de
Trèbes et à l’heure où
notre nation, toutes
sensibilités
idéologiques et
religieuses
confondues, rend
l’hommage mérité au
héros national que
fut le lieutenant-colonel Arnaud Beltrame, il convient de garder son
sang-froid, de prendre un peu de recul et de préserver ce qui fait
notre bien le plus cher : le vivre-ensemble.

Ces derniers jours, l’attention s’est focalisée non pas sur l’Islam mais
sur une idéologie tirée de cette religion : le salafisme. S’il est vrai
qu’elle gagne l’esprit de certains musulmans qui ne constituent pas,
rappelons-le, la majorité de nos concitoyens français dont les aïeuls
ont contribué à libérer à Verdun, au chemin des Dames ou à
Strasbourg, le territoire d’un péril autrement plus mortel que le
salafisme, il faut réaffirmer que la très grande majorité des
musulmans de France aspire à vivre en paix, à être considéré comme
des citoyens à part entière et à inscrire leurs enfants dans notre
histoire commune afin qu’ils deviennent, sans renier leurs héritages
qu’ils soient cultuels ou culturels ou qu’ils aient opéré, de génération
en génération cette mutation, ces acteurs qui contribueront à faire
de notre pays une nation admirée et respectée pour l’histoire et le
message qu’elle a su porter et qu’elle portera, à n’en point douter,
dans les décennies et les siècles à venir.

A l’heure où bien souvent il est aisé de fustiger ce qui va mal, il
convient de regarder vers ce qui fait sens, vers ce qui fait société.
L’Islam, disons-le clairement, n’est pas une menace pour les sociétés
européennes. Bien au contraire. Cette religion peut être un atout
car il existe des lignes de convergence entre des points de vue qu’il
est dangereux d’opposer, au risque d’arborer le masque de celui que
l’on vilipende. J’en veux pour preuve le soufisme, approche
spirituelle et mystique de l’Islam qui se situe à l’opposé du salafisme
et qui place l’amour au cœur de son message. Nous devrions, tous, et
en premier lieu ceux qui agissent sur l’opinion publique, utiliser cette
arme idéologique, indépendamment de tous les instruments que
l’Etat met à notre disposition, pour lutter contre cette idéologie
islamique mortifère.

Le don de soi est une qualité devenue tellement rare en ces temps
d’individualisme effréné pour que le geste du lieutenant-colonel
Beltrame soit glorifié à sa juste valeur. Peu importe finalement que
ce geste ait été dicté par humanisme, conviction religieuse, sens du
devoir ou altruisme profond, il porte en lui un message éternel
relayé par ces hommes qui presque jour pour jour, il y a un siècle,
tombaient par milliers sur les champs de bataille de l’offensive du
printemps 1918 : ensemble nous serons toujours plus fort.

« Je cherche quelque chose de plus mystérieux encore. C’est le passage
dont il est question dans les livres, l’ancien chemin obstrué, celui dont le
prince, harassé de fatigue, n’a pu trouver l’entrée »
écrivit dans le Grand
Meaulnes
, Alain-Fournier, mort au combat le 22 septembre 1914. Le
lieutenant-colonel Beltrame nous a montré l’entrée. A nous de nous
y engouffrer.

Laurent Pfaadt, écrivain