#Lecturesconfinement-Beyrouth 2020, journal d’un effondrement

Une machine à laver défaillante. Qui ne
lave plus correctement la démocratie,
la vie sociale. Tout juste bon à nettoyer
l’argent sale, à essorer les consciences.
Et qui laisse des tâches indélébiles.
Voilà à quoi ressemble le Liban
contemporain sous la plume de Charif
Majdalani. Dans ce journal écrit avant
et après l’explosion du 4 août dernier,
l’auteur de l’Empereur à pied, revient sur
ce second effondrement qui secoue le
pays depuis une trentaine d’années, sur
cette lente implosion progressive
devenue explosion subite.

Cette chronique peut parfois paraître ubuesque si elle n’était pas,
en raison de la succession de ces vexations quotidiennes, de ces
souffrances, et de ces humiliations, la tragédie d’une nation toute
entière, celle d’une faillite organisée à laquelle on assiste, tantôt
résigné, tantôt scandalisé. Dans ces villes sans lumières, sans
étoiles à suivre, les Libanais ont longtemps marché aveuglement
jusqu’à la déflagration du 4 août.

La panne avait été causée par un tournevis oublié dans la machine
à laver. A l’image de ce citoyen enfermé dans ce tambour absurde
tournant sans fin. Aujourd’hui, il peut et doit pouvoir reprendre la
place qui lui revient : celle de serrer les vis d’un pays en panne. Ce
livre indispensable devrait lui servir de manuel.

Par Laurent Pfaadt

Charif Majdalani, Beyrouth 2020, journal d’un effondrement,
Chez Actes Sud, 160 p.