#Lecturesconfinement : Héritage de Miguel Bonnefoy par Laurent Pfaadt

A quoi reconnaît-on un grand livre?
A sa capacité de nous emporter, de
nous attacher à ses divers
personnages que l’on quitte à
regret ? Oui. A son écriture
singulière, ici en l’occurrence
pleine de lumière même dans ses
pages les plus sombres ? Oui
également. Mais cela ne suffit pas.
Il faut un souffle, quelque chose
d’indescriptible, qui peut être
épique ou diffus, saccadé ou
étouffé, contraint ou libéré mais il
faut sentir quelque chose, quelque chose qui part du cerveau et descend jusque dans les tripes.

Le livre de Miguel Bonnefoy a choisi de s’attarder au cœur. Dans
celui de ses personnages même s’il effectue souvent quelques
détours par les poumons de Lazare, le père blessé durant la
Première guerre mondiale. Mais c’est bien du cœur dont il est
question, celui de Thérèse, la mère accompagnée de son magnifique
chœur ornithologique, celui si vaillant de Margot, sa fille, qui
plongea au cœur des nuages y compris pour son fils, et celui de ce
dernier, Ilario Da, qui résista à la torture de la dictature de Pinochet.

Il y a assurément du Kessel et du Rulfo dans ces lignes qui conte
cette fresque familiale partagée entre la France et le Chili. C’est une
histoire de cœur donnée en héritage, de génération en génération.
Car à y réfléchir de plus près, c’est aussi dans le cœur que se niche la
liberté. Comme la volière de Thérèse que ses oiseaux refusent de
quitter. Pour toutes ces raisons et tant d’autres, Héritage est un
grand livre. Héritage,notre Goncourt.

Héritage de Miguel Bonnefoy ,en lice pour le Goncourt des lycéens,
(Rivages)
par Laurent Pfaadt