#Lecturesconfinement : L’historiographe du royaume de Maël Renouard par Laurent Pfaadt

Comment qualifier ce petit bijou
littéraire ? De conte ? Bien
entendu, l’image des Mille et Une
nuits s’impose. De mémoires
fictives d’un Saint Simon oriental ?
Assurément tant les descriptions
de ces courtisans et de leur ballet
abondent. De roman ?
Évidemment, les aventures de son
héros en constituent la magnifique
matrice. De traité philosophique ?
Certainement, il n’y a qu’à se
plonger dans cette réflexion sur le
pouvoir absolu d’un Hassan II,
monarque éclairé en même temps qu’arbitraire. De thriller ? Le huis
clos du palais de Skhirat où Hassan II affronta un coup d’Etat en
1971 y ressemble grandement.

Finaliste du Goncourt 2020, L’historiographe du royaume est tout cela
à la fois. Son narrateur, Abderrahmane Eljarib, bon élève, intègre le
Collège royal de Rabat où il se lie d’amitié avec le fils du sultan
Mohammed V devenu en 1961, roi du Maroc sous le nom d’Hassan
II. Mais les rois n’ont pas d’amis, que des sujets et Eljarid va
l’apprendre à ses dépens. Chargé d’écrire l’histoire du Maroc après
une disgrâce dans le sud du pays qui rappelle Buzzati et son désert
des Tartares
, Eljarib revient en grâce à la cour et a ainsi tout le loisir
d’en observer le cérémonial.

Les émotions se succèdent, le réel flirte parfois avec le fantastique,
la narration ondule, virevolte en suivant le récit d’Abderrahmane
Eljarib. Puis, on arrête de démêler le vrai du faux car au final, on se
rend compte que seul le roi détient la vérité et qu’il est le maître du
temps. Une seule chose lui est cependant impossible malgré
l’étendue de son pouvoir : écrire définitivement sa propre histoire.
C’est ce que nous dit avec force Maël Renouard.

L’historiographe du royaume de Maël Renouard (Grasset)
par Laurent Pfaadt