#Lecturesconfinement-Serguei Rachmaninov, portrait d’un pianiste

Chaque siècle a eu son génie
maniant avec un égal talent le noir
et le blanc du piano et de la
partition. Mozart au 18e, Liszt au
19e et Rachmaninov au 20e. Ce
dernier, né dans la Russie tsariste,
quitta son pays natal après la prise
de pouvoir des bolchéviques.
Evoquant cette vie à partir de ce
piano qu’il immortalisa dans ses
trois concertos légendaires, André
Lischke nous offre moins une
biographie qu’une aventure
pianistique.

Les témoignages et les abondantes références discographiques ne
manquent pas. Elles viennent rythmer comme autant d’arpèges ce
livre passionnant où l’on croise Scriabine, Chaliapine, Tolstoï que
Rachmaninov rencontra, Prokofiev, son ami Horowitz ou Tchekhov à
qui le compositeur dédia son Rocher. Véritable voyage musical dans
cette époque foisonnante, de part et d’autre de l’Atlantique, le livre
d’André Lischke explore la renommée du pianiste mais également
celle, aujourd’hui oubliée, du chef d’orchestre. On suit presque
quotidiennement Rachmaninov notamment à New York lors de
cette rencontre mythique avec Gustav Mahler en janvier 1910
lorsque ce dernier dirigea le fameux Rach 3. Et on se demande ce
que le chef autrichien pensa de ces mains, à qui le pianiste réserva,
quelques instants avant son décès en 1943, ses quelques mots : «
Mes chères mains. Adieu, mes pauvres mains… »

Par Laurent Pfaadt

André Lischke, Serguei Rachmaninov, portrait d’un pianiste,
Chez Buchet-Chastel, 285 p.