#Lecturesconfinement : Stella Finzi d’Alain Teulié par Dominique Dyens

Rares sont les livres qu’on garde en
mémoire longtemps après les avoir
lus. Pendant cette période de
confinement où le temps est entre
parenthèses, nous avons plus que
jamais besoin de nous perdre dans
une belle histoire et de laisser notre
imaginaire nous emporter ailleurs,
bien loin de notre quotidien.
L’histoire est celle d’un écrivain qui,
après avoir connu le succès fragile
d’un premier roman, se trouve en mal
d’inspiration, ruiné et dépressif et qui
choisit Rome pour lieu de son suicide et de sa disparition du monde.
C’est dans cette ville qu’il rencontre Stella Finzi, personnage aussi
surprenant que fantasque et dont la caractéristique la plus notable
est d’avoir un visage d’une laideur parfaitement repoussante.
L’écrivain la fuit, la riche italienne se retrouve toujours sur son
chemin. Au fil des jours et des semaines, une étrange relation, aussi
troublante que sensuelle, se noue entre eux.
J’ai été transportée de Rome en Toscane, je me suis laissée glisser
dans la peau d’un homme qui a perdu le goût de tout et surtout celui
des autres, j’ai aimé être dérangée par la lecture de ce roman
baroque, surtout à notre époque où tout est tristement consensuel.
Ce roman peut être interprété de différentes façons. Mais au delà
de l’histoire, j’y ai lu une jolie métaphore du processus de création et
de l’inspiration. Là où le désir de l’écrivain s’éteint, celui de se réjouir
comme celui de créer, l’arrivée de Stella est une injonction à vivre.
En lui faisant effleurer le beau et le bon, cette femme au visage
disgracieux, redonne à cet homme de goût, l’envie de prendre soin
de lui, elle éveille son désir et l’aide à retrouver le chemin de la vie.
Dominique Dyens est écrivaine. Dernier livre paru : Cet autre amour
(Robert Laffont, 2017)

Stella Finzi
d’Alain Teulié (Robert Laffont)
par Dominique Dyens