L’éperon de la Baltique

La nouvelle
Philharmonie de
Hambourg compte
parmi les belles
réalisations
architecturales du
moment.

Le 11 janvier 2017 a
été inaugurée la nouvelle salle de concert de Hambourg. Celle que
l’on surnomme l’Elphi, le Philharmonie de l’Elbe, attire déjà tous les
mélomanes et les curieux de l’Europe entière. Il faut dire qu’il y a de
quoi. Conçue par le cabinet d’architectes suisses Herzog & de
Meuron, Prix Pritzker 2001 et à qui l’on doit notamment le stade
olympique de Pékin, le fameux « nid d’oiseau » ou le San Francisco
De Young Museum, sa forme de vaisseau ne laisse personne
indifférent. A l’intérieur, le bâtiment trapézoïdal qui avance comme
un éperon dans le port de Hambourg, comporte deux salles de 2150
et 550 places mais également un hôtel de 250 chambres, 45
appartements de luxe et surtout, perché à 37 mètres de haut, un
immense plateau de 4000 mètres carré où les auditeurs, depuis le
foyer, ont une vue imprenable sur les rives de l’Elbe.

Côté musique car après tout nous sommes dans une salle de
concert, la prouesse architecturale s’est doublée d’une réussite
sonore. Avec son agencement en vignoble à la manière de son aînée
berlinoise et en plaçant l’orchestre au centre, la musique rayonne de
partout. On peut presque toucher le chef. D’ailleurs, c’est ce qu’ont
pu apprécier les spectateurs du concert inaugural du 11 janvier
entre mélodies de Wolfgang Rihm et Ode à la joie de la Neuvième
de Beethoven. Pour ceux qui n’ont pu être là, le premier
enregistrement consacré à l’enfant chéri de Hambourg, Johannes
Brahms, permet également de se rendre compte de ce son cristallin
qui traverse tantôt furieusement, tantôt subrepticement les
troisième et quatrième symphonies du compositeur sous la
baguette de Thomas Hengelbrock et de l’orchestre de la radio de
Hambourg rebaptisé pour l’occasion NDR Elbphilarmonie.

Près de 600 000 visiteurs ont déjà pu admirer cette prouesse
architecturale comparable aux différents musées Guggenheim de
Bilbao ou de New York. Dresser sur la proue de ce navire qui avance
vers l’horizon, vos oreilles résonneront certainement de son passé
brahmsien mais se dresseront également au-delà de cet océan qui
vous fait face et d’où nous parviennent les échos de cette Amérique
de Varèse.

Laurent Pfaadt

A écouter :
Elbphilharmonie First Recording – Brahms:
Symphonies Nos. 3 & 4, NDR Elbphilharmonie Orchester,
dir. Thomas Hengelbrock, Sony Classical.