L’Etang

D’après Robert Walser par Gisèle Vienne

Cette pièce était très attendue en raison de la notoriété de la metteuse en scène et de celle de l’auteur qui l’a écrite pour sa soeur.

Nous nous retrouvons face à ce milieu blanc qu’est le plateau éclairé
d’une lumière crue. Un lit y a été installé où gisent pêle-mêle les
corps de poupées à taille humaine. Un personnage vient 
tranquillement les prendre l’une après l’autre pour les emporter
vers un ailleurs indéterminé. La scène se prolonge jusqu’à la
disparition  de toutes ces grandes marionnettes pantelantes.

Entreront en scène alors de  » vrais  » personnages interprétés par les
comédiennes Adèle Haenel et Ruth Vega Fernandez. L’histoire
repose pour l’essentiel sur le rapport mère-fils. Ce dernier, Fritz, se
sent mal aimé par sa mère, incompris et décide de faire croire qu’il
va se noyer dans l’étang  proche de leur habitation. Un chantage
affectif parfaitement mis en lumière par le jeu d’Adèle Haenel qui
met son corps en demeure de se tordre de douleur, de chagrin face à
une mère, Ruth Vega Fernandez qui conserve une attitude  stricte
comme en témoigne la raideur de son corps en parfaite
contradiction avec les convulsions du garçon.

C’est une situation pathétique jouée avec componction, lenteur et
peu d’échanges de langage ce qui crée une sorte de malaise et donne
le sentiment de plonger dans un univers étrange plein d’un drame
sous-jacent. Cette atmosphère bizarre est renforcée par le
traitement particulier des voix parfois déformées, amplifiées pour
devenir celle d’un père, d’un frère ou celles d’enfants du voisinage
qu’on ne voit pas et soulignée par les jeux de lumière d’Yves Godin et
tout particulièrement par la musique troublante de Stephen
O’Malley et François Bonnet.

Une perception de la famille gravement mise en question.

Par Marie-Françoise Grislin

 Représentation du 27 novembre 2021
au Maillon