Parmi les échos du génocide arménien dont celui, sublime, d’Edgar
Hilsenrath, qui ont traversé le siècle dernier, il faut désormais
ajouter la voix intime et personnelle de Patrick Manoukian, alias Ian
Manook. Habitués à suivre celles, mongole et islandaise, du crime,
l’un des maîtres français du polar nous invite cette fois-ci à se laisser
guider par celles de deux sœurs, Araxie et Haïganouch, et de leurs
incroyables destinées depuis cette fatidique année 1915 lorsque
l’Etat turc perpétra ce qui reste à ce jour l’un des plus importants
génocides du 20e siècle.
C’est d’ailleurs par des cris, ceux des victimes arméniennes, que
débute cette folle épopée qui va conduire nos deux jeunes enfants
et à travers eux, la myriade de personnages construits par Ian
Manook vers la liberté, des cols enneigés au Berlin des années 20 en
passant bien évidemment par la France de l’entre-deux guerres.
Puisant dans son histoire familiale et en particulier dans celle de sa
grand-mère Araxie, Ian Manook livre ainsi le premier tome d’une
trilogie magnifique où les larmes côtoient le rire, où la tragédie
rivalise avec la comédie et où la vengeance combat l’injustice.
Une grande aventure en somme…
Par Laurent Pfaadt
Ian Manook, L’oiseau bleu d’Erzeroum T1
Chez Albin Michel, 544 p.