Love is in the saxo

Jowee Omicil © Renaud Monfourny

Le jazzman multi
instrumentiste
Jowee Omicil a
enflammé le New
Morning

Des messages
d’amour par dizaines.
Avec les mains. Avec
sa musique. Pendant près de deux heures, le nouveau petit génie du
jazz, Jowee Omicil a enchaîné titres de son dernier album Love
Matters !
et des morceaux de son opus précédent Let’s Bash ! devant
un public visiblement et à raison acquis à sa cause musicale bigarrée
d’influences diverses.

Tout débuta par un hommage à Charles Aznavour et à sa Bohème
avant d’enchaîner sur un autre petit génie, le non moins connu
Mozart dont il nous offrit sa réinterprétation agrémenté d’un Bash !
Cette onomatopée fut d’ailleurs le cri de ralliement d’un public à son
idole d’un soir qui passa avec bonheur d’un jazz classique version
Thelonius Monk ou Miles Davis au mendé martiniquais ou au rara
haïtien avec ses rythmes déhanchés (Pipillita). Quelques incursions
africaines pour un hommage à Fela Kuti bien aidées en cela par un
petit prodige des percussions, ou orientales toujours revisitées à la
sauce haïtienne se glissèrent dans ce programme avant que la
participation fortuite du grand chanteur haïtien James Germain,
présent dans la salle et interprétant Rara Demare ne ravisse une
foule chantant et dansant debout sur ces rythmes créoles.

Passant aussi facilement d’instruments (saxophone, cornet, flûte
piccolo, clarinette basse ou rhodes) que de lunettes, Jowee Omicil
délivra ainsi un concert mémorable à tous les spectateurs, s’offrant
quelques incursions là où on ne l’attendait pas. C’est ainsi que l’un
des derniers morceaux à la clarinette basse transforma, pendant
quelques minutes, le mythique New Morning en non moins
mythique IRCAM.

Il serait cependant injuste d’évoquer les talents musicaux et de
showman de Jowee Omicil qui n’hésita pas à troquer son saxophone
pour le rhodes sans parler de ses musiciens. Car avec un pianiste
somme toute assez jazzy, un batteur tout droit sorti d’un groupe
soûl des années 70 et un bassiste camerounais au slap virevoltant,
les musiciens du natif de Montréal furent à l’image du style unique
et inventif d’Owicil, produisant une alchimie musicale pleine de
rythmes et de feu qui consuma toutes les timidités. « I want to make
jazz popular now! »
lança-t-il à l’intention d’une foule qui lui offrait
une standing ovation méritée. Mission réussie.

Par Laurent Pfaadt

Concert du 11 octobre 2018
A écouter : Jowee Omicil, Love Matters !  Jazz village (PIAS)