One Song

Le bruit et la fureur, c’est le stade dans toute sa banalité ? oh que non, ce serait peut-être comme une parodie de celui-ci car tout y va encore plus loin que les excès dont il est coutumier, une démonstration en quelque sorte de jusqu’où on peut aller trop loin et pour ce faire, ne pas hésiter à faire appel  aux meilleurs comédiens, musiciens qui se révèlent athlètes de haut niveau car leurs performances ne requièrent pas que du souffle et du muscle mais aussi une sacrée résistance pour tenir sans discontinuer une heure durant ces prestations  pour ainsi dire hors norme.


© Andreas Simopoulos

Nous voici donc face au vaste plateau occupé, côté cour, par une équipe de sportifs en plein échauffement tandis que, en fond de scène sur des gradins commencent à s’agiter une bande de supporters reconnaissables à leurs longues écharpes et que, tout en haut, une speakerine en tenue rouge annonce dans un micro les noms et spécialités des athlètes, son propos difficile à comprendre se mue soudain en un irrépressible fou rire.

Un métronome en avant-scène est déclenché et tout démarre. Athlètes – musiciens, chacun va vers son poste, curieusement le violoncelliste se couche sous son instrument, le percussionniste commence son déplacement, courant d’une caisse-claire  à l’autre avant de taper frénétiquement dessus pendant que la violoniste grimpe sur la poutre avec l’aide de l’escalateur d’espalier  et commence à jouer, le regard fixé sur le public, tendant une jambe après l’autre mais maintenant son fragile équilibre, le cinquième se transforme en coureur de fond sur le tapis roulant. Activité incessante, accompagnement musical à saturation, public abasourdi qui découvre bientôt comme un contrepoint tranquille et décalé un pom-pom boy  vêtu de blanc, esquissant avec grâce ses pas de danse  en agitant ses plumes , traversant   le plateau avec sérénité. Drôle et surprenant.

Au vu de toutes ces performances, la bande de supporters se déchaine, ne cesse d’agiter bras et jambes pour encourager  ceux qui se démènent sous leurs yeux, ils crient et hurlent leur enthousiasme  dans une belle unanimité et ce second groupe est en totale réponse au premier et déploie la même énergie. Mais on n’est pas au bout de nos surprises puisqu’une avalanche de balles de ping pong rebondissent bientôt sur le plateau  avant une autre chute intempestive, celle de la pluie qui mouille tout et que  les comédiens s’efforcent d’éponger avec leurs tee-shirts.

Un spectacle ludique, intelligent, où l’humour, la fantaisie et la musique s’entremêlent joyeusement pour le très grand plaisir du public.

Marie-Françoise Grislin pour Hebdoscope

Représentation du16 novembre au Maillon