Portraits JO

De l’or pour les braves (1/3)

JO Rio 2016 : Oleksandr Pielieshenko (haltérophilie)

Oleksandr Pielieshenko ne remporta pas de médaille olympique et n’obtint qu’une ingrate 4e place mais il conquit l’or sur un autre champ de bataille : celui de la liberté de son pays attaqué par la Russie.

Deux fois champion d’Europe des 85 kg, en 2016 et 2017 comme pour montrer que ce pays pouvait conquérir cette Europe que lui et les siens aspiraient à rejoindre plus que tout, c’est tout naturellement qu’il s’engagea dans les forces armées de son pays dès les premiers jours de l’invasion russe. Il est mort le 6 mai dernier avec l’or de la liberté autour du cou.

Les insoumis (1/3) 

JO Mexico 1968 :Tommie Smith et John Carlos (athlétisme)

Les Etats-Unis viennent de signer avec Tommie Smith et John Carlos, un magnifique doublé sur 200m. Les deux hommes montent sur le podium et alors que retentit l’hymne américain, deux poings gantés se dressent vers le ciel. Comme animé de cette rage de vaincre d’une course entamée depuis 1865 et l’émancipation des esclaves par le président Abraham Lincoln.

Tommie Smith n’a jamais caché son implication dans la lutte pour les droits civiques et ses critiques envers son pays. Un boycott avait été envisagé mais les deux hommes ont préféré l’or et l’argent. Les chariots feu étaient ce jour-là noirs et lumineux. Expulsés, bannis, il leur faudra attendre près de quarante ans pour qu’un autre héros noir, le président Barack Obama, ne vienne leur rendre une justice méritée. En 1968, Smith et Carlos se sont effacés derrière un symbole. C’est aussi cela l’olympisme. Pierre de Coubertin n’aurait pas dit mieux.

Les perdants magnifiques (1/3)

JO Atlanta 1996 : Merlene Ottey (athlétisme)

Avec cette beauté froide qui irradiait sur ces pistes qu’elle emprunta comme autant de triomphes romains tout au long de ses nombreux titres, la Jamaïcaine aurait pu être la reine du sprint car le monde ne lui suffisait pas.

Reine, elle le fut assurément. Mais reine sans couronne. Reine d’argent et de bronze. Reine d’airain comme un bouclier antique. Mais l’or olympique se refusa à elle, la faute à une alliance franco-américaine. Pour autant, elle demeure à jamais reine de cœur.

D’or et de sang (1/3)

JO Amsterdam 1928 : Attila Petschauer (escrime)

Celui qu’on appelait le « nouveau d’Artagnan » après ses médailles d’or par équipe en sabre aux JO d’Amsterdam (1928) et de Los Angeles (1932) et une médaille d’argent en individuel (1928) connut la gloire et l’infamie. Et comme le rappela Alexandre Dumas, dans les Trois mousquetaires « la fortune est une courtisane : favorable hier, elle peut me trahir demain ». Car les jalousies n’attendent que le balancier de l’histoire pour devenir crimes. Déporté dans un camp de concentration en Ukraine parce que juif, Attila Petschauer subit la jalousie du commandant du camp, un ancien membre de l’équipe olympique hongroise passé du côté des bourreaux. S’il fut assassiné en janvier 1943, ces derniers ne parvinrent en revanche jamais à tuer sa mémoire qui inspira le personnage de Ralph Fiennes dans le film Sunshine d’Istvan Szabo.

Tristes tricheurs (1/3)

JO Montréal 1976 : Boris Onishchenko (pentathlon)

Il fut le Dark Vador de l’olympisme, non seulement parce qu’il fut l’un des seigneurs de cet empire du mal qu’allait dénoncer quelques années plus tard Ronald Reagan mais surtout parce que son épée se transforma en sabre laser. Pourtant, la réputation de ce Sith n’était plus à faire car il avait vaincu nombre de Jedis lors des olympiades de Mexico et de Munich.

Pourtant, il lui en fallait plus car la seule force, si elle n’est pas associée à la ruse, ne fait pas Dark Vador. Mais celle-ci est comme Saturne, elle dévore ceux qui en use. Découvert, il fut banni. « Quand le côté obscur tu regardes, méfie-toi…car le côté obscur te regarde aussi » affirma un jour un certain Yoda.

Par Laurent Pfaadt