Réflexions sur la question antisémite

Après les actes antisémites abjects
touchant des cimetières juifs
alsaciens, relire l’ouvrage du rabbin
Delphine Horvilleur tient lieu de
nécessité. Elle livre ainsi ses
réflexions sur ce poison qui, en
dépit des horreurs passées ou
présentes, demeure toujours aussi
vivace. Revenant aux sources
bibliques de ce mal pour mieux
l’expliquer, Delphine Horvilleur
rappelle que l’antisémitisme n’est
pas le problème des juifs mais bel et
bien celui des antisémites.

Tout en mettant en garde contre les tentations victimaires, elle
convoque la littérature antisémite de l’entre deux-guerres ou la
psychologie pour décrypter cette haine des juifs. Elle effectue
ainsi un intéressant parallèle entre montée de l’antisémitisme et
émancipation de la femme. Le juif est accusé d’être celui qui
empêche le tout, qui compromet l’unicité d’un groupe, d’une
nation. On comprend alors, à la lecture de cet essai brillant que le
juif est une sorte de vigie de notre société et s’en prendre à lui
revient, d’une certaine manière, à entamer notre cohésion
nationale.

Par Laurent Pfaadt

Delphine Horvilleur, Réflexions sur la question antisémite,
Le Livre de Poche, 168 p.