Rentrée littéraire

Arturo Perez-Reverte, L’Italien, traduit de l’espagnol
par Robert Amutio
Aux Editions Gallimard, « Du monde entier », 438 p.

Un héros s’échouant sur une plage et recueillit par une princesse. Cela vous rappelle-t-il quelqu’un ? Ulysse bien entendu. Et voici que l’un des plus grands conteurs de romans d’aventures s’emparant du mythe, le transpose dans une autre guerre – le second conflit mondial – et sur un autre rocher, Gibraltar, dans ce sud de l’Espagne où notre marin a pris depuis longtemps ses quartiers littéraires pour nous offrir son nouveau roman.


Le célèbre auteur espagnol nous raconte ainsi l’histoire de cette guerre sous-marine qui opposa forces de l’Axe en particulier italiennes et la perfide Albion qui régnait alors sur ce caillou devenu un nid d’espions. Chargés de saboter les navires anglais, quelques plongeurs italiens, à bord de maiale, ces torpilles vivantes sur lesquelles ces hommes prenaient place, sont chargés, pour le compte du Duce de mettre en échec, dans cette partie de Méditerranée, la flotte anglaise. Pourtant, les risques sont grands : accidents, noyades, captures ou morts. C’est ce qui aurait dû arriver au sottocapo Teseo Lombardo, un homme façonné par « des siècles de soleil et de mer Mediterranée » et  d’« innombrables tempêtes, guerres, pêches, et naufrages, des navires échoués sur le sable sous le ciel étoilé, des feux de bois flotté » Mourir en contemplant une dernière fois dans le ciel l’Orsia Maggiore, la Grande Ourse, cette constellation qui a donné son nom de son unité. Son destin croisa cependant une autre étoile, celle de l’énigmatique Elena Arbues et allait torpiller son cœur. Avec cette nouvelle figure féminine à la fois mystérieuse et digne, Arturo Perez-Reverte complète sa merveilleuse galerie littéraire. Aux côtés de la comédienne Maria de Castro et de l’espionne du NKVD Eva, il faudra désormais se souvenir de la libraire de Gibraltar.

Arturo Perez-Reverte a découvert cette histoire il y a plusieurs décennies. Il n’était alors qu’un brillant journaliste. Mais il a conservé ce précieux matériel qu’il a su mettre en scène en même temps que son personnage et son enquête dans ce récit qui mêle plusieurs voix et plusieurs époques. Enveloppé dans un art du récit qu’il maîtrise désormais à merveille, il livre un roman d’aventures et d’amour passionnant et très réussi.

Par Laurent Pfaadt