Saison 24/25 du TNS

Un public nombreux est venu assister à la présentation de la future saison du TNS. C’est dire l’intérêt constant et grandissant qu’on porte à cette institution et aux propositions qu’elle nous offre.


© Manuel Braun

Sa directrice, Caroline Guiela Nguyen souhaite élargir encore cette participation nous invitant à faire connaître les bienfaits du théâtre à nos amis et connaissances qui n’auraient plus l’opportunité de s’y rendre ou qui ne l’ont jamais connu. La question brûlante étant « Quand serons-nous enfin réuni-es ? » A l’évidence pour elle comme pour nous, il est dommageable de ne pas connaître cet extraordinaire moyen de réflexion et de partage d’émotion qu’est le théâtre. Le cœur qui figure sur le nouveau logo du TNS en constitue le symbole. Un cœur que font battre   selon ses dires, le public, les équipes du TNS, son école supérieure d’art dramatique et tous les artistes qui interviennent pour nous apporter ce que leur créativité, leur talent réussissent à imaginer et à produire pour notre plus grand plaisir.

Au cours de cette saison qui débutera par le spectacle « Lacrima » de Caroline Gueila Nguyen dont nous avons pu voir l’avant-première au printemps dernier avant son arrivée au Festival d’Avignon des spectacles de différents genres nous attendent. Quelques-uns mettant en valeur des histoires de femmes comme « Beretta 68 » du Collectif FASP qui s’appuie sur la lecture du fameux « Scum  Manifesto » de Valerie Solanas qui dénonce la société patriarcale et revendique le droit des femmes à la violence, comme « Les Inconditionnelles » de Kae Tempest et Dorothée Munyaneza mettant en valeur l’amitié, l’amour entre deux femmes qui se sont rencontrées en prison et qui affirment leur liberté  en dépassant les  interdits.  

Autres spectacles dont la femme est le centre, ceux de l’autrice et performeuse Laurène Marx « Pour un temps sois peu » et « Je vis dans une maison qui n’existe pas » des textes qui de façon intransigeante et poétique interrogent le genre et la normalité.

Il y a aussi « Cécile » dans lequel Cécile Laporte dans une mise en scène de Marion Duval joue son propre rôle en nous faisant   connaître de façon jouissive les multiples aventures qu’elle a vécues.

Interroge encore le genre, le corps, les tabous « Le rendez-vous » d’après le roman de Katharina Volckmer interprété  avec une formidable énergie et pas mal d’humour par Camille Cottin dans la mise en scène de Jonathan Capdevielle. 

Spectacle où domine la musique, ce sera « La symphonie tombée du ciel » monté par Samuel Achache» et ses acolytes qui avaient présenté »Sans tambour » la saison dernière, partant d’une enquête de ce qui a pu faire « miracle » dans la vie de certains d’entre nous, ils ont conçu  cette œuvre musicale interprétée par un orchestre de 17 musiciens de jazz.

Où domine le mélange, théâtre, musique, danse, ce sera « Los dias afuera » de Lola Arias qui est allée à la rencontre de personnes qui, après avoir été emprisonnées dans un établissement pénitentiaire à Buenos Aires retrouvent la liberté, une activité et jouent ici leur propre rôle dans cette comédie musicale.

Où domine l’engagement, c’est »And here I am”  avec l’acteur palestinien Ahmed Tobasi, directeur artistique du théâtre du camp de Jénine en Cisjordanie qui, à travers  le texte écrit par Hassan Abdulrazzak exprime  la lutte de la jeunesse palestinienne pour obtenir justice et liberté pour son peuple.

C’est aussi »Rectum crocodile » de Marvin M’toumo, avec des performeuses qui dénoncent  l’esclavagisme, la masculinité blanche et le colonialisme.

De ce même metteur en scène avec le groupe 48 dont ce sera leur spectacle d’entrée dans la vie professionnelle « Les Indésirables » (titre provisoire) qui dira haut et fort combien il faut prendre en considération tous les rejetés, marginaux, mal-aimés dans nos sociétés policées.

Deux spectacles sont des adaptations d’œuvres qu’on peut qualifier de « classiques », « Don Juan « mis en scène par David Bobée verra se mêler au texte de Molière les problèmes qui agitent notre société.

« Marius » mis en scène par Joël Pommerat est une adaptation de la pièce de Pagnol pour une interprétation montée avec des détenus de la Maison centrale d’Arles.

A noter un spectacle pluridisciplinaire d’Alice Laloy « Le ring de Katharsy » avec chanteurs, acrobates, et danseurs et celui signé Eric Feldman et Olivier Veillon « On ne jouait pas à la pétanque dans le ghetto de Varsovie », un stand-up dans lequel « on explore avec humour et gravité les traumatismes des enfants cachés survivants de la Shoah ».

Entre autres nouveautés  de cette saison :
Le festival « Les  GALAS du TNS »permettra de programmer en fin de saison des spectacles où  comédiens et amateurs se retrouveront  comme dans la mise en scène de « La Vérité «   la nouvelle création de Caroline  Guiela Nguyen,  de « Je suis venu te chercher«  écrit, mis en scène de Claire Lasne Darcueil qui parlent  tous deux d’enfants et « Marius », déjà cité .

Le « Tns club »  qui,  offrira une place  aux artistes qui font le »stand-up » aujourd’hui, ils seront présents en mai pour exprimer « le comique et la joie de la transgression »

La création d’un « Centre des récits », une banque d’archives constituée d’histoires souvent laissées pour compte et dans lesquelles les artistes pourront puiser pour alimenter leurs créations .

Le TNS fourmille  de propositions et pour être au fait de toutes  le mieux est de consulter la brochure de présentation, un très beau livret magnifiquement  illustré par les photos de Slina Syan qui  a  fait poser  diverses communautés de Strasbourg  en habits de fête .

Enfin gardons à l’esprit ce que souhaite Caroline Giuela Nguyen que  « le TNS soit un lieu de rencontre permanente dans un esprit de partage et d’ouverture ».

Marie-Françoise Grislin pour Hebdoscope