Shostakovich: String Quartets no.3 & no.8

Parmi la nouvelle génération de quatuors qui a émergé ces dernières
années, le Novus Quartet mérite une attention toute particulière.
Au-delà de l’excellence des talents réunis, son approche des œuvres
interprétées est particulièrement intéressante. Formé en 2007 par
quatre musiciens coréens, il semble avancer dans une temporalité
musicale en puisant à chaque fois dans ses expériences précédentes
matière à nourrir les suivantes comme un voyage musical où
l’instant joué conserve le souvenir d’accords passés.

Leurs troisième et huitième quatuors de Chostakovitch procèdent
de cette logique presque filiale. Leurs interprétations ont comme
capté la queue de comète webernienne de leur disque précédent
pour la projeter dans l’astre noir du compositeur soviétique. Comme
un Mahler inspirant les symphonies de Chostakovitch. Il y a quelque
chose de tout à fait particulier et de fascinant à écouter ces
quatuors. Dans le même temps, les passages mouvementés sont
presque hitchcockiens, notamment dans le 8e. Grâce à une prise de
son une fois de plus exceptionnelle (dans les studios de la SWR), ces
deux quatuors superposent à merveille l’angoisse passée d’un
homme et celle, présente, d’une époque. Une résonance qui confine
à l’exceptionnel.

Par Laurent Pfaadt

Quatuor Novus, Shostakovich: String Quartets no.3 & no.8,
Aparté