SOS Fantômes : l’Héritage

Un film de Jason Reitman

Les films sur les célèbres Gostbusters se suivent et se ressemblent. Pour le plus grand bonheur des cinéphiles, Jason Reitman reprend les choses là où son père les avait laissées, avec le même esprit.

C’était il y a 37 ans que le phénomène avait commencé. Ivan Reitman mettait en scène son cinquième long-métrage en 1984, et ne se doutait pas que son film allait devenir un symbole qui allait largement dépasser le cadre des années 80. Il offrait une fois encore un rôle à deux de ses complices (Bill Murray et Harold Ramis), et serait même invité à en signer une suite quelques années plus tard. Le film, son logo et sa musique allaient vite devenir iconiques, au point d’être repris dans de nombreuses séries et films bien des années plus tard. Dans les festivals sur le Fantastique, le premier film est d’ailleurs encore projeté, dans la section « Rétrospective ». Et aujourd’hui, c’est au tour de son fils Jason de continuer l’histoire.
Jusque là, Jason Reitman s’était fait plutôt connaître pour des films sur des sujets caustiques (Thank You for Smoking sur le lobby du tabac, Juno sur une grossesse inattendue, In the Air sur le licenciement dans les grands groupes américains), et offraient une vision originale sur des sujets plutôt sensibles. Il reprend aujourd’hui le flambeau de la comédie familiale, et offre aux cinéphiles une comédie de science-fiction qui ne se complaît pas dans la simple nostalgie (même s’il n’oublie pas quelques scènes qui nous ramènent aussitôt au cœur des années 80!) et dépasse le cadre de l’hommage gentillet pour nous emmener dans une aventure moderne.
Nos sommes en 2021. Un homme roule à tombeau ouvert dans la campagne, alors que gronde au loin une tempête qui s’annonce phénoménale. Il traverse les champs pour se ruer à l’intérieur d’une vieille masure, prêt à piéger une quelconque entité surnaturelle… On a vraiment l’impression de l’avoir déjà vu, ce bonhomme ! Le clin d’œil ravira les fans, les autres apprécieront le rythme des premières scènes.
La scène d’ouverture projette instantanément le spectateur dans le sujet. Ce qui suivra sera plus posé, et fera rapidement le lien avec ce qui a précédé. Un petite famille va quitter la grande ville pour aller s’installer à la campagne suite à un héritage. Et découvrir un environnement totalement nouveau.
Jason Reitman prend le temps de présenter le contexte : il décrit avec soin les personnages principaux et leur nouvel environnement, avant de faire doucement glisser le film vers le surnaturel. Mère célibataire de deux adolescents, Callie a du mal à joindre les deux bouts. Expulsée de son appartement elle part s’installer dans la vieille bicoque ayant appartenu à un père qu’elle n’a jamais connu. Le vieil homme était un scientifique farfelu qui vivait en ermite à l’écart d’une toute petite ville. Ses deux ados, Phoebe et Trevor vont très vite prendre leurs marques. Et découvrir que leur grand-père n’était peut-être pas aussi barjot que cela.
SOS Fantômes : l’Héritage est une petite réussite à plusieurs titres. Il y a bien évidemment la nostalgie (pour ceux qui ont découverts les deux films originaux au milieu des années 80) et le petit côté « Amblin » qui s’en dégage. Mais le film ne se limite pas à cela. Il invite à un tour de manège inventif, qui finalement se suffit à lui-même. Les effets spéciaux ont certes évolué, mais valent surtout pour les idées qu’ils permettent de mettre en image (les petits bonhommes marshmallow sont géniaux). Et si l’histoire est finalement restée la même -il s’agit toujours de surnaturel et d’entités maléfiques qui se frayent un chemin jusqu’à nous- elle se prête toujours à des manifestations coquasses.
Petite cerise sur le gâteau, des personnages-clef des films originaux sont conviés à l’aventure. Et le réalisateur est parvenu à le faire de la manière la plus naturelle possible.
Une petite précision utile (surtout pour les fans de la première heure), ne quittez pas la salle dès le début du générique. Une scène sympathique vous attend…

Jérôme Magne